Marges nettes des cultures : s’approcher de l’optimum technico-économique

Les prix actuels des engrais azotés justifient parfois d’intégrer conjointement le prix des engrais et le prix de vente des cultures dans le raisonnement de la fertilisation azotée. Comment déterminer si, pour une culture donnée, l’optimum économique s’écarte de l’optimum technique ? Arvalis et Terres Inovia ont publié des tables offrant des repère
Charges d'engrais: garder une marge positive dans la crise

Pour le blé tendre

Arvalis a édité des tables (tableau ci-dessous) qui indiquent de combien il faudrait diminuer ou augmenter, en moyenne, la dose totale prévisionnelle à l'optimum technique pour viser un optimum technico-économique (meilleure marge nette) selon le prix d’achat de l’engrais et le prix de vente du blé. Elles viennent d'être mises à jour, avec de nouvelles fourchettes de prix. Compte tenu de la volatilité des prix et des opportunités pour s’approvisionner en engrais azotés, il n’est pas possible de généraliser un conseil, d’où leur intérêt pour que chacun puisse identifier sa situation.

Comment les utiliser ?
Repérez dans la table A, les lignes correspondant à votre fourchette de prix d’achat de l’azote et les colonnes correspondant à votre fourchette de prix de vente de la tonne de blé. Cependant, le prix d’un kilo d’azote n’est pas le prix d’une tonne d’engrais. à titre d’exemple, 1 tonne d’ammonitrate 33.5, qui contient 33,5 % d’azote, contient 335 kg d'azote. En prenant l’exemple d’un prix indicatif de 975 € la tonne d’ammonitrate 33.5, le kilo d’azote revient à 2,91 €/kg. Pour 1 tonne d’urée (à 46 % d’azote, donc 460 kg N/t) valant 875 €/t d’urée, le kilo d’azote coutera 1,90 €/kg.

À 2,90 €/kg d’azote et 320 €/t de blé tendre, pour maximiser la marge nette, il faudrait en moyenne réduire la dose prévisionnelle d’azote de 12 kg N/ha. Pour un prix de l’azote identique, si le prix du blé descend à 290 €/t, la dose prévisionnelle devra être en moyenne diminuée de 20 kg N/ha.

Si la réduction des apports d’azote engendre une baisse du taux de protéines en deçà du seuil de 11,5%, des réfactions peuvent s’appliquer, en fonction de la politique de prix de l’organisme stockeur. à l’inverse, des bonifications de prix se pratiquent aussi, en cas de dépassement de ce seuil. Dans toutes ces situations, se référer à la table B.

Dans certaines situations, viser l’optimum technico-économique peut inciter à apporter davantage d’azote que la dose d’azote prévisionnelle calculée avec la méthode du bilan. Cela s’explique par le fait que certains contextes de prix du blé fortement rémunérateurs, associés à des prix d’engrais pas trop élevés, conduisent à des marges nettes maximales lorsqu'on va chercher les derniers quintaux, ou assurer dans d’autres cas une teneur en protéines satisfaisante. Ces considérations doivent être contextualisées en fonction des contraintes réglementaires, du potentiel du milieu, de l'année en cours, etc... Dans les cas où une augmentation de la dose d’azote paraît a priori favorable, celle-ci ne peut en aucun cas être appliquée sans la mise en œuvre d’un outil de pilotage du dernier apport, qui permettra de vérifier que cette augmentation de dose est justifiée par le contexte de l’année.

Ecarts moyens de dose totale d'azote prévisionnelle entre l’optimum technique et l’optimum technico-économique pour viser la meilleure marge nette, en fonction des cours du blé tendre et du prix de l’azote : A - sans réfactions liées à la teneur en protéines (ou avec une grille de réfactions peu incitative) ; B - avec grille de prix payés par la teneur en protéines. Prise en compte des réfactions (table B) : fortes bonifications et fortes pénalités selon la teneur en protéines par rapport à l’objectif de 11,5 %. Les zones présentant un gradient de couleur orangé correspondent à une réduction possible de la dose prévisionnelle d’azote pour viser l’optimum technico-économique. Source : Arvalis, mise à jour septembre 2022.



Exemple de lecture :
Si le prix d’achat de l’azote est autour de 2.9 € le kilo et que le blé est négocié autour de 330 €/t, la dose à l’optimum technico-économique est légèrement inférieure à la dose à l’optimum technique en l’absence de réfactions associées à la teneur en protéines. Dans ce cas, il pourrait donc être intéressant de réduire la fertilisation azotée de l’ordre d’une dizaine d’unités par rapport à la dose prévisionnelle pour maximiser la marge nette (table A) ; en revanche, dans cette même situation, il n’est pas intéressant de réduire la fertilisation lorsque le prix de vente du blé est soumis à des réfactions incitatives (table B).

Et sur colza ?

Terres Inovia a également établi une table permettant d’estimer s’il est préférable de fertiliser le colza à l’optimum technique ou à l’optimum technico-économique selon le contexte des prix de l’azote et du colza. Elle s’utilise de la même façon que la table du blé.

Écarts moyens de dose d’azote entre l’optimum technique et l’optimum technico-économique en fonction du prix du colza et du prix de l’azote. La dose prévisionnelle (optimum technique) est déterminée avec l’outil « Réglette azote Colza », avec un objectif de rendement correspondant à la moyenne olympique de l'exploitation. Les nombres dans les zones jaune à orange indiquent la réduction de la dose prévisionnelle d’azote à effectuer pour viser l’optimum technico-économique. Source : Terres Inovia, mise à jour février 2022.



Exemple de lecture :
Si le prix de vente du colza est de 600 €/t pour un prix du kilo d’azote de 2,2 €, l’optimum technique sera atteint en réduisant la dose totale d’azote d’une trentaine de kilos à l’hectare. Si le prix de l’azote dépasse 2,50 €/kg, on pourra réduire la dose prévisionnelle d’environ 40 kg N/ha.

Quels arbitrages sur maïs ?

Arvalis a édité une table (tableau ci-dessous) estimant les écarts à appliquer à la dose totale prévisionnelle (optimum technique) afin d’obtenir la meilleure marge nette possible (optimum technico-économique) selon le prix de l’azote et le cours du maïs. Elle s’utilise de la même façon que la table du blé.

Écarts moyens de dose d’azote entre l’optimum technique et l’optimum technico-économique pour viser la meilleure marge nette, en fonction des cours du maïs et du prix de l’azote. Les zones présentant un gradient de couleur orangé correspondent à une réduction possible de la dose prévisionnelle d’azote pour viser un optimum technico-économique. Source : Arvalis, mise à jour septembre 2022.



Exemple de lecture :

Si le prix d’achat de l’azote est autour de 2,5 € le kilo et si le maïs a été négocié autour de 260 €/t, il faudrait en moyenne réduire la fertilisation azotée d’environ 25 kg N/ha par rapport à la dose prévisionnelle.

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