Face au moratoire, la filière agrivoltaïque plaide pour une meilleure intégration locale

Tous les projets agrivoltaïques sont potentiellement suspendus au motif qu’ils sont trop nombreux. Comment vaincre les réticences, notamment localement ? 

Le moratoire sur les projets éoliens et photovoltaïques est désormais suspendu à l'examen du Sénat

Les ambitions de développement de l’électricité verte (éolien et photovoltaïque) sont-elles trop élevées ? C’est ce que semble penser l’Assemblée nationale qui a déposé jeudi dernier un moratoire, voté à 65 voix contre 62, sur le développement de nouvelles installations de production d'électricité utilisant l’éolien et le photovoltaïque : aucune nouvelle demande d’autorisation, de permis ou de raccordement ne pourra être déposée ou instruite pendant toute sa durée. 

Saturation des territoires ou encadrement nécessaire ?

« Nous ne sommes pas contre ces technologies, mais nous considérons qu'il y a saturation sur de nombreux territoires », a expliqué Jérôme Nury (Droite républicaine) au moment de défendre son amendement à la loi de Programmation pluriannuelle de l’énergie 2025-2035. Il est vrai qu’en clarifiant le cadre réglementaire de l’agrivoltaïsme (critères d’éligibilité, démarches d’autorisation, attendus des projets post-décret…), la publication de l’instruction ministérielle du 18 février 2025 a eu pour conséquence immédiate la multiplication des projets, de surcroît de plus en plus denses.

Distribuer plus largement les bénéfices

Ce moratoire intervient alors que la filière agrivoltaïque est en pleine structuration. Lors d’une conférence organisée par France Agrivoltaïsme lundi 16 juin 2025, la filière l’a constaté : dans certains territoires, les demandes de projet d’agrivoltaïsme ont été multipliées par huit. Même sans moratoire, une grande proportion sera rejetée. Les participants se sont attachés à identifier des voies d’amélioration de l’acceptabilité de tels projets. Leur intégration harmonieuse dans le paysage est ainsi devenue un élément clé, et la taille du projet y joue un rôle certain. Mais la taille optimale d’un projet dépend fortement de la région qui l’accueille : un projet ne peut pas dépasser 4 ha dans le Sud-Est mais sera considéré comme petit en Grand Est.

Mieux partager les retombées économiques

Il ne faut pas non plus oublier le ressentiment engendré par la concentration des retombées financières chez le seul agriculteur accueillant le projet (hors énergéticien). « Il est fortement souhaitable de faire ruisseler plus largement à l’échelle locale les bénéfices financiers d’une installation agrivoltaïque », notait Mathieu Debonnet, Président de TSE. « Pour cela, nous invitons des regroupements d’agriculteurs à l’échelle du département (ou plus), les coops et les collectivités locales à entrer au capital des projets. »

Un observatoire pour renforcer la transparence

Pour répondre à ces enjeux de transparence et d’acceptabilité, un nouvel outil vient de voir le jour : l’Observatoire de l’Agrivoltaïsme, porté par l’ADEME. « Il permettra une évaluation objective des pratiques et favorisera la montée en qualité des projets. Il est un vecteur de confiance, autant pour les acteurs publics que pour les citoyens », souligne Thierry Vergnaud, co-président de France Agrivoltaïsme.

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