Diagnostic de la filière « Lentille » : une culture d’avenir mais encore fragile

L’interprofession des huiles et protéines végétales, Terres Univia, a réalisé un état des lieux de la production, de la collecte et de la mise en marché de la lentille en France en 2021 - autant d’éléments pour comprendre l’organisation et le fonctionnement de cette filière.
Production, collecte et marché de la lentille française

Les consommateurs redécouvrent les bénéfices des légumes secs (lentille, pois chiche, haricot…) pour la santé et l’environnement. Capable de fixer l’azote de l’air, la lentille ne nécessite pas d’apports azotés car elle entretient une relation symbiotique avec des bactéries présentes naturellement dans les sols français. Étant peu exigeante, elle valorise les terres moyennes et superficielles.

Son insertion au sein d’un rotation à forte proportion de céréales favorise la régulation des maladies et des ravageurs grâce à la diversification des cultures. Cette culture joue donc un rôle important dans une agriculture et une alimentation plus durables.

Des surfaces doublées en cinq ans mais encore modestes

La nécessité de diversifier les cultures et le contexte de prix favorable pour la lentille ont conduit à une augmentation des surfaces de lentilles en France, passées de 17 200 ha en 2015 à 37 500 ha en 2019. Les surfaces de lentilles se sont principalement développées dans l’est, l’ouest et le sud-ouest de la France, en dehors des bassins de production historiques du Puy et du Berry (figure 1).

SURFACES DE LENTILLE : la légumineuse est aussi produite hors des bassins historiques

La lentille couvrait 34 900 ha en 2021, dont la moitié étaient conduits en agriculture biologique en 2020. Le tassement des surfaces observé en 2021 est dû au recul des prix mais aussi à l’impact des conditions climatiques sur les rendements et la qualité des graines et, en conséquence, sur la rémunération des producteurs. La lentille est, en effet, une culture sensible aux conditions climatiques et sanitaires.

Les recherches agronomiques sur la lentille restent limitées en raison de la faible taille de son marché. Peu de solutions chimiques sont ainsi homologuées pour la culture de la lentille, et peu de variétés sont à la disposition des producteurs. La variété de lentille verte Anicia, inscrite au catalogue français en 1966, reste la plus utilisée et la plus performante en France. Néanmoins, les acteurs économiques et les organismes de développement se mobilisent pour améliorer la performance de la culture depuis le développement des surfaces de lentille. Ainsi, cinq nouvelles variétés ont été inscrites en 2021 sur les dix variétés disponibles au catalogue français.

La collecte est contractualisée et la qualité, gérée par les collecteurs et les conditionneurs

Quelques 20 000 tonnes de lentille ont été collectées en 2020 par une soixantaine de coopératives et négoces. La collecte est principalement composée de lentilles vertes. Les lentilles sous appellation « du Puy » et « du Berry » représentent des volumes modestes mais contribuent fortement au rayonnement de la production nationale. En production biolo­gique, la collecte est plus diversifiée en termes de couleur (lentille corail).

La quasi-totalité de la collecte est contractualisée. Ces contrats de production annuels sont signés entre le producteur et le collecteur avant le semis, ce qui permet de réduire les incertitudes concernant la commercialisation de la production pour le producteur et les approvisionnements, en quantité et en qualité, pour le collecteur. La contractualisation est un outil important pour éviter les situations de sur- ou de sous-production dans lesquelles peuvent basculer les cultures mineures telles que la lentille.

"27000 tonnes de lentilles ont été importées en France en 2020-21, principalement des lentilles blondes pour la conserverie et des lentilles corail."

Pour être commercialisées en alimentation humaine, les lentilles doivent atteindre des normes de qualité élevées : un taux d’humidité compris entre 14 et 16 % pour garantir la bonne conservation des graines, l’absence de graines endommagées, l’absence d’impuretés et d’insectes vivants. Cependant, selon les modes de production et les conditions de production et de récolte, la qualité des lots de graines peut fortement varier, avec 15 à 50 % de freintes. La bruche, en particulier, est un ravageur présent sur l’ensemble du territoire qui dégrade fortement la qualité visuelle des graines et impacte l’ensemble de la filière. Bien que des solutions de gestion soient utilisées lors du stockage, aucune solution de lutte chimique n’est homologuée au champ.

Un important travail de tri est réalisé par les collecteurs puis par les conditionneurs qui peuvent avoir des outils de tri plus performants (trieur optique). Les graines écartées sont utilisées pour la fabrication de farines (graines cassées), pour l’alimentation du bétail ou la méthanisation. Les conditionneurs réalisent aussi des économies d’échelle en traitant des volumes de lentilles plus conséquents avec des lots importés (Canada, Chine, Turquie…) en sus de la production nationale.

Cette étude a été entreprise pour le compte de l’association nationale interprofessionnelle des légumes secs (ANILS) et s’est appuyée sur des entretiens de Quentin Achart (Terres Univia). Sources : Terres Univia, Terres Inovia, FranceAgriMer, AgenceBio, Eurostat et Ceresco.

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