Arnaud Pecqueult : "une lutte difficile contre les taupins"
Arnaud Pecqueult cultive 130 ha à Saint-Vigor (Eure) et est confronté depuis peu à des attaques de taupins peu compréhensibles. Une situation qui n'est pas isolée.

Perspectives Agricoles : Parlez-nous du cadre de ces infestations.
Arnaud Pecqueult : Je suis passé d’une rotation classique colza-blé-blé ou orge d’hiver à une rotation plus longue incluant un pois d’hiver. Il y a trois-quatre ans, j’ai observé quelques pertes de pieds de blé sur une centaine de mètres carrés dans une parcelle. C’était après un précédent colza, pourtant peu favorable aux taupins. Aucune autre parcelle n'a été touchée dans cet « îlot » de 106 ha d’un seul tenant, au sol homogène.
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P. A. : Comment la situation a-t-elle évolué ?
A. Pecqueult : L’année suivante, les semences de blé pour cette parcelle ont été traitées à l’Attack (téfluthrine), avec de bons résultats : pas de nouvelle attaque ici. Mais une autre parcelle, pourtant éloignée, a été touchée par des taupins.
En 2022-23, les attaques ont été plus nombreuses et plus intenses. J’avais scindé une parcelle en précédent colza : 7 ha, mis en surface d’intérêt écologique, n’ont pas été labourés, et le blé y a été infesté de taupins ; sur les 16 ha restants, labourés sur 20-25 cm, je n’ai pas eu d’attaques. Ailleurs, malgré des semences traitées et quatre déchaumages avant semis il y a quand même eu des attaques.
P. A. : Qu’est-ce qui relie ces infestations ? Quelles mesures semblent mieux fonctionner ?
A. Pecqueult : Les symptômes d’attaque débutent dès novembre et continuent jusqu’en mars. Hors attaque, j’ai 200 pieds de blé/m2 après l’hiver pour 240 p/m2 semés. Dans les foyers attaqués, il reste une centaine de pieds, mais le blé compense et je parviens à faire environ 70 q/ha. En revanche, aux endroits les plus infestés, il ne reste qu’une quarantaine de pieds ; je n’y dépasse pas 40 q/ha.
Il y a deux ans j’avais 3 ha touchés, l’année dernière, 7 ha, jamais les mêmes parcelles. Je ne m’explique pas ces infestations « nomades ». Elles n’ont pas eu lieu après un précédent céréale à paille. De plus, j’applique des mesures préventives, avec un travail du sol fréquent, et je traite mes semences aux pyréthrinoïdes… Mais je restitue tous les résidus de culture au sol. Pourrait-il y avoir aussi une infestation via des graminées sauvages ? La parcelle très infestée cette année est située au bord de la nationale, rarement fauchée.
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