Date et densité de semis du blé tendre : les clés pour (ré)atteindre l’optimum ?

Semer plus tard est de plus en plus recommandé, pour éviter les stress aux stades-clés du blé, pour préserver le rendement et pour limiter les risques ravageurs ou adventices. Les hivers plus doux justifient aussi de diminuer les densités de semis.
Commencer les semis trop tot revient à prendre des risques inutiles. Sauf hiver froid, les talles vont se développer en excès, et exposer rapidement la culture aux stress hydriques de fin de cycle.

C’est le BA-ba du producteur de céréales : respecter les dates et la densité de semis en fonction de la variété. Deux paramètres qui varient selon la région où l’on se trouve et selon les caractéristiques des variétés, mais pas seulement (encadré). Pour s’y retrouver, les préconisations d’Arvalis rassemblent chaque année ces données, lesquelles sont relayées par tous les organismes de conseils.

Abaisser le potentiel pour mieux l’atteindre

D’un point de vue agronomique, plus on sème un blé tôt, plus on peut viser l’optimum de rendement de la variété. C’est la règle générale. Mais la pression des bioagresseurs est de plus en plus forte, les moyens de lutte se font rares et les semis précoces ont de plus en plus de mal à atteindre leur potentiel. « Nous n’avons plus la capacité de jouer avec ces risques ni de les maîtriser », résume Jean-Charles Deswarte. « Pour préserver les rendements et les résultats, mieux vaut abaisser le potentiel et avoir la capacité de l’atteindre que de maintenir un objectif inatteignable ». D’autant qu’en maintenant un objectif de rendement élevé dans une parcelle sale, on ne réduit pas les apports azotés et on aggrave le problème : le ray-grass est nitrophile.

Des dates de semis trop précoces

Difficile de donner une seule date : les périodes de semis restent très différentes selon les contextes climatiques et doivent s’adapter au type de sol, au précédent et au matériel disponible. En France, selon les régions, les premiers semis démarrent en septembre pour s’achever, sauf cas particuliers, courant novembre.

Un blé semé trop tôt expose à un risque de gel à montaison des futurs épis, en particulier pour les variétés précoces à montaison. Et un blé semé trop tard fait courir un risque d’échaudage du grain, si un stress survient lors du remplissage. C’est pour cette raison qu’il faut adapter conjointement la variété et la date de semis à la région.

Avec le changement climatique et des hivers étonnamment doux, les dates auxquelles sont semés les blés doivent-ils rester les mêmes ? Chez Arvalis, la prudence est de mise mais la réponse est plutôt non. Les blés poussent davantage et plus vite, comme on a pu l’observer durant l’automne 2022.

« Si nos recommandations historiques ont été étayées dans les années 1980 et 1990, le changement climatique et l’évolution des problématiques sanitaires ont quelque peu bousculé nos références, et il devient moins pénalisant de semer un peu plus tard » explique Jean-Charles Deswarte, spécialiste en écophysiologie de l’institut. « À l’inverse les semis précoces sont de plus en plus exposés aux catastrophes sanitaires. Si d’un point de vue physiologique, les semis précoces prédisposent à un potentiel élevé, celui-ci devient de plus en plus difficile à atteindre : contrôle des insectes, maîtrise des adventices, contraintes sur des éléments minéraux. À l’inverse, les semis plus tardifs (avec une variété adaptée) voient leur potentiel modérément affecté mais techniquement plus facile à atteindre ».

La dérive climatique influence également les densités de semis. « Les densités de semis de blé que nous préconisons sont très sécuritaires… et pourtant, les pratiques des agriculteurs vont très souvent au-delà de nos recommandations » observe Jean-Charles Deswarte : « On pense souvent qu’il est possible d’abaisser la densité de semis pour les variétés hybrides, alors qu’en fait,  toutes les céréales à paille ont cette aptitude à compenser ; chez les hybrides, c’est le coût de la semence qui oblige à raisonner ! ». En d’autres termes, à date de semis égale, il faudrait semer plus clair… ou conserver la même densité de semis, mais implanter 2 ou 3 semaines plus tard, par rapport aux pratiques actuelles.

L’idéal est d’adapter les chantiers aux problématiques de la parcelle : implanter sans tarder les parcelles indemnes de problématiques sanitaires, mais retarder les semis d’une vingtaine de jours pour les parcelles sales, par exemple début novembre pour un semis initial au 10 octobre. Ce délai n’est pas une garantie de propreté mais s’avère toujours efficace quand les populations d'adventices sont importantes. Il permettra de réaliser un faux-semis supplémentaire avant le semis. Ensuite, les relevées seront généralement faibles, vu la baisse des températures.

Ne pas négliger la dose de semis

En semant trop tôt, on prend des risques inutiles, à commencer par le risque d’avoir trop de talles. Un écueil observé sur de nombreuses parcelles de la moitié nord de la France sur la dernière campagne. « Un semis précoce favorise le développement des talles, au point d’avoir une vraie "pelouse" en sortie d’hiver ». Cet excès de végétation va augmenter fortement le risque de verse physiologique et la sensibilité de la culture à un stress hydrique de fin de cycle. « Une culture versée ne peut pas remplir correctement ses grains, et les conditions de récolte sont fortement dégradées », détaille Jean-Charles Deswarte. « Sur la récolte 2023, ce paramètre a pesé. Il a accéléré l’échaudage de fin de cycle et impacté sur les PS et PMG ». Le chan­gement climatique augmente évidemment les températures printanières et estivales, mais il élève également les températures hivernales, ce qui fait fortement pousser les cultures (et les adventices) pendant l’hiver.

Comment calculer la densité de semis

La densité de semis, exprimée en kg/ha, est égale à la valeur du poids de mille grains (PMG, en grammes pour mille grains) de la variété multipliée par la dose recommandée au mètre carré (nombre), divisée par 100.
Mais la densité de semis dépend aussi – et surtout - du type de sol, de la région et de la date de semis, raison pour laquelle il existe des valeurs de densité de semis régionalisées. Dans les régions froides en hiver, la densité de grains au m2 est généralement majorée par rapport aux régions plus océaniques.
La densité de semis doit également être plus élevée dans les sols calcaires, les sables, les sols caillouteux comme tous les sols qui se réchauffent difficilement au printemps. Plus le taux de pierres est important, plus les pertes de pieds durant l’hiver seront élevées.
Arvalis propose un outil de calcul simple et rapide, accessible gratuitement depuis www.arvalis.fr

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