Blés de force ou améliorants : un regain d’intérêt de la sélection
Une variété en 2022, trois en 2023, cinq en 2024, quatre en 2025… Le rythme des inscriptions de nouvelles variétés de BAF témoigne du regain d’intérêt des sélectionneurs pour ce marché. Retour sur les profils agronomiques et technologiques des variétés les plus récentes.

Une variété de BAF sera, bien sûr, choisie en fonction du contexte agro-pédoclimatique de la parcelle, mais aussi du meilleur compromis rendement-protéines pour le débouché envisagé.
Les blés améliorants doivent satisfaire des exigences de qualité élevées, dont une force boulangère supérieure à 350 mais aussi une teneur en protéines minimum de 14 %. Compte tenu de la relation négative entre rendement et protéines, il est nécessaire de choisir des variétés présentant les meilleurs compromis entre ces deux critères en fonction du débouché attendu.
Selon une enquête d’Arvalis sur la répartition des variétés semées l’année dernière (figure 1), Izalco CS, Rebelde et dans une moindre mesure Forcali, pour son caractère « souple » (encadré), dominaient toujours le marché en 2024. Pourtant le Catalogue français s’enrichit encore en 2025, avec quatre nouvelles variétés toujours plus en adéquation avec les usages.

Comment se sont comportées les variétés les plus récentes au cours des dernières campagnes et quelles perspectives offrent les trois nouveautés 2025 qui seront développées en France (tableau 1) ?

QN grains : quantité d’azote exportée dans les grains par ha ; c’est un bon indicateur de la capacité de la variété à valoriser l’azote disponible, en optimisant ses valeurs de rendement et de teneur en protéines.
Nb années : nombre d’années d’évaluation dans le réseau « BAF ».
Sources des données : essais des clubs BAF Centre-Ile-de-France (Agri-Obtentions, Arvalis, Axéréal, CA IDF, coop. de Bonneval, coop. de Puiseaux, Florimond-Desprez, KWS Momont, Scael, Semences de France, Sienyonne, Soufflet) et Sud-Ouest-Filière Qualité Blé Tendre, réseaux Auvergne (Arvalis, Limagrain), et Sud-Est (Arvalis, Oxyane).
Retour sur les promotions 2024 et 2025
Précoce à épiaison, Activity est résistant aux cécidomyies orange, caractéristique assez rare parmi les BAF actuels. Il apporte un peu de rendement par rapport aux références (+2 q/ha) mais un peu moins de protéines (-0,7 % MS). Il se distingue par sa tige très courte, d’où une très bonne résistance à la verse. Avec un assez bon niveau de résistance aux rouilles, son comportement vis-à-vis des maladies foliaires est assez équilibré. Il est aussi assez résistant à la fusariose des épis. Ses PS sont très élevés. En observation par la Meunerie, il présente un profil alvéographique et rhéologique correspondant bien aux attentes d’un débouché BAF.
Demi-précoce à épiaison et à montaison, Cheillon peut être semé un peu plus tôt que Rebelde et Izalco CS. Son positionnement rendement-protéines est assez proche de ces derniers, avec peut-être un peu moins de rendement et plus de protéines dans le Bassin parisien. Il est résistant au piétin-verse, a un très bon comportement vis-à-vis de la fusariose des épis et est assez résistant aux principales maladies foliaires, à l’exception d’une relative sensibilité à la rouille brune. Il a été noté sensible à la germination sur pied. Son PS est assez élevé. Recommandé par la Meunerie, il présente un profil alvéographique et rhéologique correspondant bien aux attentes d’un débouché BAF.
Demi-précoce à épiaison, LG Agriate apparaît comme un bon compromis rendement-protéines en Centre-Île-de-France, avec 3 % de rendement de mieux que les références tout en limitant l’effet dilution sur la teneur en protéines. Assez sensible à la septoriose et surtout à la rouille brune, ses pertes de rendements sont un peu plus élevées que la moyenne en situations non traitées fongicide. Il est en revanche assez résistant à la rouille jaune et surtout à la fusariose des épis. Son PS est très élevé. Recommandé par la Meunerie, il présente les caractéristiques alvéographique et rhéologique souhaitées pour un BAF. Au test de panification, il apporte de l’hydratation.
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Demi-alternatif, très précoce à épiaison et à montaison, LG Anouk a un rythme de développement adapté aux semis tardifs ; il ne devra pas être semé trop tôt pour éviter les risques de gel d’épis hivernal. Testé pour la première année dans les réseaux BAF, son positionnement rendement-protéines devra être précisé. En 2024, il était plutôt bon, avec une teneur en protéines élevées associée à une productivité légèrement supérieure à celle des références. Ses niveaux de résistances à l’oïdium, à la rouille jaune et à la fusariose des épis sont assez bons, mais il s’est montré assez sensible à la septoriose et sensible au piétin-verse, ainsi qu’à la rouille brune. Ses PS sont élevés. En observation par la Meunerie, il présente les caractéristiques alvéographique et rhéologique souhaitées pour un BAF. Au test de panification, elle apporte de l’hydratation.
Amistad (2024) ne sera pas développé en France et Gavroche (2025) est en attente.
Deux nouveautés 2024 classées « BAF Souple »
Précoce à épiaison, LID Forlane présente un très bon niveau de résistance à la rouille jaune et à la fusariose des épis. Ses rendements et teneurs en protéines en zone Sud sont proches de ceux des références. Ses PS sont élevés. Recommandé par la Meunerie dans la catégorie « BAF Souple », ce blé affiche une force boulangère satisfaisante. Testé au Mixolab, il présente une capacité d’absorption juste moyenne mais sa stabilité est bonne. Au test de panification, il apporte une bonne capacité d’absorption et surtout de beaux volumes.
Demi-tardif à épiaison ainsi qu’à montaison, SU Correction peut être semé assez tôt. Il apporte de la productivité par rapport aux références BAF (+8 % en moyenne sur 2 ans), mais ce gain de rendement s’accompagne logiquement d’une baisse de teneur en protéines qui reste néanmoins mesurée. Résistant au piétin-verse et aux mosaïques, il n’est en revanche que moyennement résistant aux rouilles jaune et brune et à la septoriose. Sa tenue de tige est assez bonne. Recommandé par la Meunerie dans la catégorie « BAF Souple », il affiche des caractéristiques alvéographique et rhéologique juste moyennes. Au test de panification, son comportement est régulier et d’un très bon niveau. Il apporte hydratation et volume.
Une nouvelle variété de blé dit « correcteur »
Inscrit comme blé améliorant, Agen a été évalué en 2024 au côté des variétés visant ce marché mais l’ANMF le range plutôt dans la typologie « correcteur » (encadré). Très précoce à épiaison, son positionnement rendement-protéines est intermédiaire entre les variétés BAF et les variétés BPS et devra être précisé en 2025. Son comportement vis-à-vis des principales maladies foliaires est équilibré. Ses PS sont assez élevés. En observation par la Meunerie dans la nouvelle catégorie « Blé correcteur », il apporte de la protéine et de la force boulangère par rapport aux variétés BPS. Son comportement en panification est d’un bon niveau.
Une nouvelle catégorie, les blés « correcteurs »
En 2025, la fiche Blés Meuniers de l’ANMF s’enrichit de la catégorie des Blés correcteurs, qui met en avant des variétés qui ne sont pas des BAF mais répondent à des attentes du marché. Ces blés font un compromis entre la teneur en protéines attendue par certains marchés et les attentes de décarbonation, qui obligent à une optimisation des apports azotés. Les blés correcteurs ont un taux de protéines supérieur à 12,5 % et une force boulangère supérieure à 250.
À date, sept variétés françaises ou européennes, recommandées ou en observation (obs) par la Meunerie, ont intégré cette nouvelle catégorie : Agen (2025, obs), Agenor (2021), Ekonom (2020-Au, obs), KWS Criterium (2020-It), RGT Valparaiso (2025, obs), SU Tarrafal (2019-All) et SY Transition (2023).
Adeline Streiff (Arvalis) & Flavie Souply (ANMF)
Article rédigé avec Flavie Souply - ANMF.
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