Pomme de terre : un début de campagne marqué par des levées hétérogènes

Les conditions froides d’avril suivies de conditions fraîches et humides en mai ont beaucoup influé sur les levées des pommes de terre. Il n’était pas rare d’observer en plaine des parcelles plantées à la même date avec des stades différents ou des écarts de levée au sein de la même parcelle.

Les conditions météorologiques froides pour la saison et l’humidité ont maintenu des températures fraîches dans les buttes et ont ralenti grandement les levées cette année (deux semaines de retard environs).

Ces conditions peuvent aussi être favorable à des maladies comme le rhizoctone ou encore être à l’origine d’accidents physiologiques de germination. Un phénomène assez rare peut même être observé cette année dans certaines parcelles : le boulage.

Vous avez dit boulage  

Le boulage se manifeste par la formation de tubercules directement sur les germes, avant la levée. Il représente le maximum d’effet de l’incubation sur la précocité de tubérisation et sur la réduction du développement foliaire. Il n’apparaît que sur des plants très fortement incubés lorsque la température du sol, au moment de la plantation, est défavorable à la croissance. Dans ces conditions, les germes affaiblis ne lèvent pas et la tubérisation intervient immédiatement, d’où boulage avant la levée.

Un écart de température entre le plant et le sol

En pratique, cette année, les températures de fin mars ont été assez élevées (25°C le 31/03 enregistré sur la station d’Ouzouer-le-Marché), avant une semaine de froid intense début avril (jusqu’à -4°C le 05/04 sur le secteur d’OLM). Ces conditions fraîches se sont poursuivies pendant tout le mois d’avril. Période où ont été plantées la grande majorité des surfaces.

Figure 1 : Offre climatique entre le 25 mars et le 15 avril 2021 – station météo d’Ouzouer-le-Marché (41)

Certains lots de plants sortis et réchauffés assez longtemps fin mars ont donc pu être plantés assez fortement incubés dans des conditions très froides, d’où des cas de boulage très peu courant dans la plaine.

En revanche, des plants de même incubation soumis à des températures plus élevées voient leur tubérisation retardée et leur croissance favorisée. Il n’y a pas de boulage, la plante lève et manifeste une tubérisation précoce qui peut d’ailleurs avoir débuté avant la levée.

Ainsi, selon les degrés d’incubation de tubercules de semence et les variations de température du sol, on peut dans une même parcelle rencontrer tous les stades entre le boulage total, la plante chétive et la végétation normale. Le facteur variétal joue un rôle important dans la tendance au boulage : les variétés à vitesse d’incubation rapide y sont plus prédisposées.

Dans la pratique, en pomme de terre de conservation, l’objectif est d’obtenir des tubercules qui ne soient ni trop jeunes ni trop vieux au moment de la plantation. Les stipulations des règlements techniques de production, contrôle et certification des plants de pomme de terre en matière de conservation des lots et les techniques couramment employées doivent permettre de limiter les risques de se voir approvisionné en plants physiologiquement trop âgé dans les conditions les plus fréquentes de culture. Il faut également relativiser l’importance de l’âge physiologique : quand les plantes ont levé et sont devenues autotrophes, l’obtention d’un rendement final élevé dépend de nombreux facteurs (climatiques, agronomiques et pathologiques). Quand tous ces facteurs seront favorables, les différences de croissance initiale des plantes dues à l’âge physiologique tendent souvent à s’estomper durant la période de culture.

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