L’AGPB alerte sur le prix des engrais

L’entrée en vigueur du MACF, prévue au 1er janvier, ferait bondir le prix des engrais azotés, déjà très élevé, et freinerait les importations, avertit l’AGPB qui demande une suspension de la mesure.

La taxe prélevée sur les importations d’engrais pourrait alourdir les charges de fertilisation des agriculteurs.
La taxe prélevée sur les importations d’engrais pourrait alourdir les charges de fertilisation des agriculteurs. © JF. Damois - HAROPA PORT

À partir du 1er janvier 2026, certains secteurs fortement contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, dont celui des engrais azotés, seront concernés par le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) ou CBAM en anglais. Ce système permet de soumettre les produits importés dans l’Union européenne à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux entreprises européennes, qui verront leurs quotas gratuits progressivement supprimés. 

Par ricochets, la taxe prélevée sur les importations pourrait alourdir les charges de fertilisation des agriculteurs européens. « Nous sommes structurellement importateurs d’engrais et nous importons essentiellement de la solution azotée et de l’urée », a souligné le secrétaire général adjoint de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé) en charge des sujets européens, Cédric Benoist, en conférence de presse, le 10 octobre. À l’échelle de la France, le dispositif concerne « environ 43 % » des approvisionnements en engrais azotés.

Un surcoût « insupportable » 

En 2026, la taxe MACF sur les produits importés s’élèverait, par exemple, à 144 € la tonne d’urée pour un bateau de 20 000 t et 121 €/t de solution azotée pour un bateau de 40 000 t, d’après la Direction Générale Énergie Climat du ministère de la Transition écologique, dans le simulateur mis en ligne. S’il retombe sur le prix des engrais, ce surcoût est « clairement insupportable », estime Cédric Benoist. « Les agriculteurs ne peuvent pas répercuter ce surcoût sur les prix des céréales qui sont fixés par des cotations. Et, il ne faut pas rêver, le marché ne le prendra pas en charge », assure le céréalier du Loiret. « Le MACF ne peut pas s’appliquer en l’état. Nous demandons au minimum un système de protection vis-à-vis des importations et de compensation pour nos exportations », explique-t-il.

L’AGPB craint également un effet sur les volumes importés. « Le système n’est pas encore au point et des importateurs nous disent que, dans ces conditions, ils arrêteront d’importer », alerte Cédric Benoist. Le niveau des taxes serait aussi dissuasif. « Au vu des estimations de surcoûts, les contrats ne se font pas et, donc, les produits n’arrivent pas. Il faut s’attendre à un fort déséquilibre entre l’offre et la demande à partir du mois de janvier. Les prix pourraient complètement s’envoler », avertit le responsable Europe et Filières à l’AGPB, Sylvain Lhermitte. 

Sur les marchés, les engrais sont repartis à la hausse depuis le début de l’année. Depuis trois ans, les prix explosent, au point que les engrais représentent désormais 65 % des charges variables d’une exploitation céréalière moyenne avec un surcoût d’environ 150 €/ha. « Jamais dans l’histoire, les prix des engrais n’ont été aussi hauts avec des prix des céréales aussi bas », affirme Cédric Benoist. Après trois années de « revenus négatifs », les trésoreries sont au plus bas et les céréaliers retardent leurs achats. « Certains se posent même la question d’emblaver », déplore-t-il.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.