Culture intermédiaire hivernale : implanter un couvert après un maïs

Implanter un couvert après un maïs n’est pas aisé car la culture est récoltée tardivement, parfois en novembre, alors que la chaleur commence à décliner. Dans ces conditions, comment favoriser le développement d’un couvert hivernal.

La capacité d’une culture intermédiaire à réduire les fuites de nitrate (encadré) s’explique avant tout par son aptitude à absorber l’azote minéral du sol avant le début du drainage. Cependant, celle-ci dépend notamment de la bonne implantation du couvert avant le démarrage de la saison de drainage.

Des cultures intermédiaires qui limitent l’acidification du sol

La mise en place de couverts végétaux piège à nitrate durant l’interculture contribue à limiter le phénomène d’acidification du sol par deux effets conjugués : une lixiviation du nitrate limitée et un effet alcalinisant de leur restitution au sol. En effet, parmi les principaux processus acidifiants (c’est-à-dire producteurs de protons), certains sont liés aux transformations de l’azote dans le sol tels que la nitrification de l’azote ammoniacal provenant soit des engrais azotés, soit de la minéralisation de l’humus ; si l’azote nitrifié est absorbé par une culture, l’acidification sera atténuée, alors que s’il est lessivé hors de portée des racines, l’acidification sera définitivement acquise. En outre, la décomposition de résidus végétaux libère dans le sol des anions organiques ; leur minéralisation consomme des protons et par, conséquent, contribue à alcaliniser le sol. Ainsi, la restitution au sol des résidus de culture et de couverts d’interculture limite son acidification, voire l’alcalinise, alors que leur exportation conduit à amplifier la tendance à l’acidification.


En interculture longue derrière une céréale à paille, le couvert est implanté relativement tôt en été, ce qui lui laisse le temps de se développer en début d’automne ; aussi, en novembre, le couvert a-t-il largement réduit la quantité d’azote minéral du sol potentiellement lessivable et peut être détruit. En revanche, si la culture précédente est un maïs, la récolte tardive est un frein à l’obtention d’une biomasse élevée du couvert en entrée d’hiver, faute d’avoir été implanté précocement.

« Pour minimiser la concurrence de la culture sur le jeune couvert, l’idéal est d’implanter ce dernier une semaine à quinze jours avant la récolte du maïs. »

En effet, hormis derrière certains maïs fourrage récoltés tôt, la majorité des cultures de maïs sont récoltées de mi-septembre à mi-novembre.
Un couvert hivernal, c’est possible

De nombreux travaux ont été réalisés afin de tester la faisabilité des couverts semés sous ou derrière un maïs, comme en Rhône-Alpes (figure 1) où dix-neuf essais ont été menés par les chambres d’agriculture de l’Isère et de la Loire, le LEGTA de la Côte et Arvalis entre 1994 et 2002.

Plusieurs techniques d’implantation du couvert ont été évaluées : le semis à la volée de ray-grass ou de seigle dans l’inter-rang lors de la deuxième quinzaine de mai ou la première quinzaine de juin, complété ou non par un recouvrement des semences par un binage, et le semis d’un couvert de blé ou de seigle à la volée après la récolte du maïs (en octobre, voire en novembre), suivi d’un déchaumage. La biomasse des couverts a été mesurée jusqu’à la date de leur destruction, de même que la quantité d’azote qu’ils ont absorbée.

Après un maïs fourrage en Rhône-Alpes, les couverts ont permis l’absorption de 33 unités d’azote en hiver. Sur le site d’Arvalis La Jaillère (44), les niveaux d’absorption d’azote des couverts implantés à la bineuse dans une culture de maïs fourrage au stade « 8 feuilles » ont varié entre 25 et 65 unités par hectare. Sur le même site, les couverts implantés après la récolte ont absorbé entre 35 et 50 unités d’azote par hectare.

La biomasse du couvert obtenue en décembre ou janvier dépend du type de culture - maïs grain ou maïs fourrage : un couvert a plus de temps pour se développer avec un maïs fourrage. En effet, les couverts ont produit en moyenne 0,5 tonne de matière sèche par hectare et absorbé 12 unités d’azote derrière un maïs grain (29 données), tandis que derrière un maïs fourrage, ils ont produit 1,1 t MS/ha et absorbé 33 unités (6 données).

Pour allonger au maximum la durée pendant laquelle le couvert peut se développer, ce dernier est souvent semé dans la culture autour du stade « 6-8 feuilles » du maïs, à la volée, et recouvert à l’aide d’une bineuse. Cependant, le couvert souffre alors de la concurrence exercée par le maïs vis-à-vis de l’eau, la lumière, l’azote…, et ce, d’autant plus que le maïs est récolté tardivement.

Pour minimiser cette concurrence, l’implantation du couvert peut être réalisée une semaine à 15 jours avant la récolte du maïs, par des moyens aériens (hélicoptère) ou à l’aide d’un enjambeur.

Dans tous les cas, lors de la récolte, le passage d’engins de récolte ou de bennes peut compacter le sol et limiter la croissance du couvert dans les semaines qui suivent. De même, les résidus de maïs grain tombant au sol exercent une forte concurrence sur le couvert car peu de lumière arrive au sol.

Quelques critères simples pour choisir les espèces

Pour valoriser au mieux les couverts végétaux, il convient de prendre en compte certains critères agronomiques tels que le système de culture, la culture suivante, ou la date de semis. C’est ce que fait un outil en ligne proposé gratuitement par Arvalis pour déterminer, parmi 15 espèces de couvert, quelles espèces, pures ou mélanges, conviendront le mieux à chaque cas (voir en Savoir plus). Néanmoins, le nombre d’espèces adaptées à un semis tardif est nettement plus faible que pour un semis précoce de début août. Pour les couverts après un maïs, le choix se portera avant tout parmi les crucifères, les graminées et les fabacées. En effet, il est risqué d’implanter du trèfle d’Alexandrie au-delà des premiers jours d’août car sa vitesse d’installation est lente, et ses besoins en chaleur élevés (figure 2).

D’un point de vue sanitaire, lorsque certaines cultures reviennent très souvent dans la rotation, implanter une culture intermédiaire de la même famille peut aggraver le développement de certains ravageurs ou certaines maladies inféodées au sol. Par exemple, le risque de hernie des crucifères est élevé dans les rotations avec retour fréquent du colza ou du chou (en particulier en sol limoneux humide). Le « principe de précaution » consiste alors à ne pas cultiver de moutarde, radis ou autre culture intermédiaire de la famille des crucifères. De même, il est fortement déconseillé d’introduire des vesces, féveroles, pois, ou trèfles si la rotation comporte des légumineuses.

La date de destruction optimale d’un couvert après maïs se situe autour du 1er février : au-delà de cette date, il n’y a plus de bénéfice agronomique ; pire, détruire le couvert après cette date peut altérer le rendement pour une culture suivante semée en avril. Néanmoins, une telle échéance n’est pas toujours possible. Ainsi, le maintien d’un couvert au-delà du mois de novembre est plus difficile dans les sols argileux (plus de 35 % d’argile), en particulier s’ils doivent être labourés. C’est pourquoi ces sols conviennent mal à l’implantation tardive d’un couvert après la récolte d’un maïs.

En savoir plusAccédez à l’outil en ligne gratuit « Choix des couverts » d’Arvalis sur www.choix-des-couverts.arvalis-infos.fr/. L’outil vous guidera de façon interactive pour choisir la ou les espèces de couvert adaptées à vos besoins.

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