Huit moyens agronomiques pour réguler les limaces

Intervenir dès l’interculture freine l’activité des limaces et limite durablement leur impact à l’implantation de la culture suivante. Le travail du sol par temps sec, notamment le déchaumage, accélère la dessication des œufs et des jeunes limaces, tout en supprimant leur source de nourriture.

Limace grise sur cotylédon. Les limaces grises s’attaquent plutôt aux plantules et au feuillage des cultures, tandis que les limaces noires privilégient graines et germes.
Les limaces grises s’attaquent plutôt aux plantules et au feuillage des cultures, tandis que les limaces noires privilégient leurs parties souterraines (graines, germes). © P. Taupin (ARVALIS)

C’est maintenant que se joue la lutte contre les limaces. En interculture, faux-semis et déchaumage offrent un double levier : épuiser le stock semencier des adventices et fortement perturber la vie des limaces. En effet, les limaces étant vulnérables à la dessication, travailler le sol après la moisson ou la récolte expose les adultes comme les œufs à des conditions très défavorables à leur survie.

Une grande variété de cultures touchées

En céréales à paille d’hiver, la semence devient attirante dès qu’elle s’est réhumectée. La limace mange de préférence le germe et parfois une partie de l’intérieur de la graine. Puis elle s’attaque aux plantules et aux racines en croissance. Les plantules sont vulnérables jusqu’au début du tallage ; si le collet est touché, elles meurent. Les céréales de printemps sont moins attaquées car elles poussent rapidement et tallent avant que les limaces ne soient très actives.

Le colza est particulièrement apprécié des limaces et sensible à leurs attaques. Il peut supporter 25 % de défoliation au stade plantule (de « cotylédons » à « 4 feuilles »), mais si les cotylédons sont détruits, le pied meurt. Les dommages sont plus importants si les nouvelles feuilles sont aussi endommagées. Une fois le développement végétatif entamé, le colza est nettement moins sensible aux dégâts de limaces.

Comment limiter les populations de limaces ?

Plusieurs leviers agronomiques sont à disposition pour diminuer fortement les populations de limaces : à la récolte, à l’interculture et au semis de la culture suivante.

  • Exporter les tiges et les menues pailles à la récolte : l’absence de débris végétaux évite d’offrir aux limaces un habitat favorable.
  • Travailler le sol à l’interculture par temps sec : la ponte principale des limaces a lieu autour d’octobre. Déchaumage, faux-semis, grattage et autres travaux superficiels du sol d’automne, lorsqu’ils sont réalisés par temps sec, assèchent la terre et les mottes, ce qui gêne le déplacement des adultes et prive les jeunes limaces comme les œufs d’un milieu de vie stable et humide. Ces travaux superficiels du sol sont parmi les leviers de lutte agronomique les plus efficaces pour venir à bout du gastéropode. Le déchaumage supprime les résidus de culture en surface, dont se nourrissent les limaces, notamment grises. Déchaumer après des céréales à paille, c’est avoir deux fois moins de limaces au semis de la culture suivante, selon Jérôme Labreuche, spécialiste du travail du sol à Arvalis.
    Un travail réduit du sol favorise l’établissement des prédateurs naturels des limaces, comme les carabes ; mais l’équilibre entre les populations de limaces et de prédateurs naturels peut prendre quelques années à s’instaurer.
  • Labourer : un labour enfouit les limaces adultes ainsi que leurs œufs ce qui, selon la structure du sol, peut retarder, voire empêcher les attaques. De plus, il enfouit les résidus de culture, les rendant inaccessibles aux limaces. Il est toutefois déconseillé de labourer plus d’une fois tous les trois ans.

Déchaumer par temps sec expose limaces et œufs au dessèchement et les prive de nourriture.

  • Choisir un couvert d’interculture non appétant : l’avoine rude, la vesce commune, la phacélie ou encore la moutarde blanche sont peu consommées par les limaces. La croissance et la fécondité de ces dernières y sont plus faibles.
  • Éviter le semis direct, très favorable aux attaques de limaces : à défaut, un roulage peut limiter les dégâts de limaces en rendant les semences moins accessibles et en éliminant les mottes leur servant de refuge. Pour les cultures en rangs, l’utilisation de tasses-résidus qui dégagent la surface de semis sur une largeur de 25-30 cm réduirait de 20 à 30 % les dommages causés par les limaces.
  • Semer plus profond, et bien rappuyer la terre au semis : semer dans un lit de semences fin en prenant soin de bien refermer le sillon diminue les risques que les limaces s’attaquent directement aux semences tout en protégeant le collet. Pour les céréales, la profondeur de semis a beaucoup d’influence : selon une étude canadienne, le pourcentage de semences attaquées est divisé par trois lorsque la profondeur de semis passe de 2 cm à 4 cm.
  • Favoriser les levées vigoureuses : une levée rapide et vigoureuse augmente la tolérance des plants aux attaques tout en réduisant la période d’opportunité d’attaques des limaces.
  • Éviter les rotations courtes colza-blé d’hiver : le colza offre en automne une nourriture importante aux limaces, tandis que les céréales à paille d’hiver leur fournissent une alimentation au printemps.

Dégâts de limaces : un goût avéré pour les semis

L’activité des limaces est optimale autour de 18°C et ralentie en deçà de 5°C. Elles sont présentes toute l’année en culture mais les pics de populations sont observés au printemps et à l’automne, lorsque les conditions sont favorables à la croissance et à la reproduction. Elles prospèrent sur les sols humides et limoneux ou argileux, parmi les résidus de culture et les matières organiques mal ou non enfouies. Certaines adventices les attirent, comme le séneçon, la jacobée et le pissenlit.

La période d’activité d’une limace débute environ 2 heures avant le coucher du soleil et se poursuit jusqu’à 2 heures avant l’aube. Pendant cette période, un adulte parcourt environ 2,5 à 3 mètres en moyenne, et peut manger jusqu’à 50 mg de feuilles. Les limaces mangent de préférence les graines en cours de germination et les jeunes plantules. Du grain des céréales à paille, elles préfèrent le germe. Sur plantes développées, elles mangent les feuilles en commençant par celles du bas, et y laissent des trous aux pourtours irréguliers.

Selon le taux d’humidité ambiante, la limace se nourrit plutôt en surface ou plutôt au-dessous. Les attaques souterraines, que privilégient les limaces noires, peuvent entraîner la destruction complète des cultures. Les dégâts en surface quant à eux, affaiblissent les cultures et entraînent des retards végétatifs, une perte de rendement et/ou une dégradation de la qualité de la récolte.

 

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.