Colza et tournesol : cinq conseils pour éviter les problèmes

Des prérequis sont nécessaires pour bien stocker les grains de tournesol ou de colza  : une humidité à 9 % pour le colza et à 8 % pour le tournesol. Pour préserver la qualité du lot, reste à abaisser la température en orchestrant des paliers de ventilation.
Le colza stocké n’est pas exposé aux infestations d’insectes, ce qui justifie que les LMR d’insecticides de stockage dans les lots soient très faibles.

Comment conserver une récolte de colza ou de tournesol ? Contrairement à une idée reçue, cela n’est pas beaucoup plus difficile que pour du blé, y compris pour une conservation de plusieurs mois. à condition de respecter quelques règles simples.

Le premier paramètre de réussite est le taux d’humidité du lot à l’entrée du stockage. Pour une conservation supérieure à 6 mois, l’humidité des graines de colza doit être comprise entre 8 et 9 % à la récolte (tableau 1). En deçà, le risque de grains cassés augmente. Au-delà, le principal risque est de voir la qualité du lot s’altérer, notamment par l’acidification des graines due aux moisissures. L’acidification des graines entraîne une dégradation de la qualité de l’huile qu’elles contiennent. Le processus dégrade le rendement en huile au moment du raffinage et constitue le principal dommage d’un problème de conservation.

GRAINES OLÉAGINEUSES : quelles normes commerciales ?

Pour le tournesol, l’humidité des graines doit se situer entre 7 et 8 %, jusqu’à 6,5 à 7 % pour les variétés dont la teneur en huile dépasse les 50 %.

Si un lot est récolté à des teneurs supérieures aux recommandations, ventilation ou séchage sont de rigueur pour éviter l’échauffement des tas et assurer leur bonne conservation dans le temps. Pour une humidité comprise entre 9 et 11 %, une ventilation de refroidissement conviendra pour regagner 1 à 2 %. Par contre, au-delà de 15 %, il faudra rapidement passer le lot au séchoir (75°C pour le colza, 70°C pour le tournesol). Vu le niveau des frais de séchage, mieux vaut récolter un grain sec.

Pourquoi nettoyer les graines oléagineuses

Un passage au nettoyeur-séparateur permet de ramener le niveau d’impuretés en dessous de 2 %, seuil au-delà duquel les risques de développement d’insectes et d’échauffement augmentent fortement. En présence d’un lot sale, il est donc indispensable de nettoyer les graines avant stockage. Si l’opération est utile pour optimiser la ventilation de refroidissement, elle est requise avant tout passage en séchoi : l’immense majorité des incidents sur séchoirs provient de lots de tournesol mal nettoyés.

Refroidir par paliers, comme pour les céréales

Les règles de la ventilation de refroidissement pour les graines d’oléagineuses obéissent aux mêmes règles que pour les céréales : il importe de refroidir les grains dès la récolte, en plusieurs étapes, pour parvenir à une température du lot de 10°C en entrée d’hiver. L’idéal est de refroidir les graines de colza en trois paliers, le premier dès la rentrée du lot, avec une température de l’air ambiant (température de consigne) de 20°C. Le second palier sera mis en place dès que les températures extérieures passent sous les 12°C, ce qui advient souvent dès le mois de septembre. Le troisième palier est à déclencher à l’occasion des premiers froids, en novembre (température de consigne de 5°C).

Un contrôle régulier de la température permet de maitriser ce refroidissement et de prévenir tout échauffement. Pour éviter tout risque de condensation sur les parois du stockage, l’amplitude de refroidissement entre le lot et l’air de ventilation doit être comprise entre 7 et 10°C. C’est la raison pour laquelle on refroidit souvent la nuit.

Attention : le colza nécessite un temps de ventilation plus élevé qu’un blé. Des essais conduits en 2008-2009 par Arvalis et le Cetiom à Boigneville (91) montrent que le colza requiert 16 % de temps de ventilation supplémentaire par rapport à la céréale. Pour le tournesol, ce chiffre est de 39 % inférieur à celui d’une céréale. Ces données correspondent aux données des organismes stockeurs (OS).
 

Pour éviter toute complication au stockage, le taux d’humidité à la récolte d’un lot de colza ne doit pas être supérieur à 9 %.Pour éviter toute complication au stockage, le taux d’humidité à la récolte d’un lot de colza ne doit pas être supérieur à 9%.

 

Présence d’insectes : réagir vite

Au contraire des céréales, aucun insecticide de contact n’est applicable sur graines oléagineuses en cas d’infestation par des insectes. D’où l’intérêt de bien nettoyer les locaux avant stockage, qui reste un moyen simple mais efficace de prévenir toute infestation. Le nettoyage doit se faire du haut vers le bas, en portant une attention particulière aux angles et autres endroits difficiles. Les déchets doivent absolument être sortis et détruits.

Le seul insecticide autorisé est le gazage à la phosphine, qui a récemment défrayé la chronique, mais vu les contraintes techniques et règlementaires, cette solution n’est pas applicable dans les fermes.

Pour les lots de colza, l’absence d’insecticide autorisé n’est pas problématique : les graines de colza ne sont pas sujettes aux attaques d’insectes, au contraire du tournesol. En revanche, un lot de colza mal stocké peut voir se développer des acariens du colza du type Tyrophagus putrescentiae. Ces petites arachnides blanchâtres (0,5 à 1 mm), qui ressemblent à une « poussière vivante », se concentrent en surface. Elles ne posent généralement pas de problème de commercialisation mais leur présence indique que le grain n’a pas été conservé dans de bonnes conditions.
 

Après récolte, le tournesol requiert un contrôle régulier de la température afin de maîtriser la ventilation de refroidissement et prévenir tout échauffement. Après récolte, le tournesol requiert un contrôle régulier de la température afin de maîtriser la ventilation de refroidissement et prévenir tout échauffement.


Nettoyer les installations avant stockage

Le seul traitement insecticide possible avant remplissage est une application de pyrimiphos-méthyl sur les cellules ou cases. Cependant il faut veiller au risque de présence de résidus de cet insecticide dans le colza ou tournesol, venant de contamination par contact avec les parois traitées. Dans ces situations, veiller à respecter les doses homologuées ainsi qu’un délai minimum de deux semaines entre l’application du produit et le remplissage du stockage. à défaut, la limite maximale de résidus (LMR) peut vite être dépassée et poser un problème de commercialisation : le seuil de tolérance est très bas.

Pour être efficace, ce traitement insecticide préventif doit être précédé d’un nettoyage méticuleux, incluant soufflage, balayage et aspiration des poussières de toute l’installation de stockage ainsi que des équipements de manutention. Un nettoyage de fond en comble sans insecticide est tout aussi préférable pour les graines oléagineuses.

Si des insectes se développent, leur présence est souvent détectée en sortie d’hiver. Dans ces situations, le lot est à évacuer rapidement, idéalement en passant les graines au nettoyeur séparateur. Les OS savent prendre en charge cette étape. Dans ces situations, mieux vaut avertir rapidement son interlocuteur. Il en répercutera les frais, mais la présence d’insectes dans un lot fait partie des clauses de nullité d’un contrat. D’où l’intérêt de récolter propre et de savoir attendre pour moissonner à la bonne humidité.

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