Des leviers pour améliorer la compétitivité des exploitations

Face à la dégradation des résultats économiques d’un certain nombre d’exploitations en grandes cultures de la région Centre-Val de Loire, six organisations agricoles* ont conjugué leurs moyens pour étudier les leviers potentiels pour retrouver de la compétitivité. Enseignements en vidéo de cette étude conduite dans le cadre du CAP Filières grandes cultures 2017-2021.

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Aléas climatiques, baisse des aides, prix bas… les causes de la dégradation des performances technico-économiques des exploitations sont multiples.

Trois facteurs principaux caractérisent les exploitations les plus performantes économiquement

L’indicateur de performance choisi est le revenu disponible par actif non salarié. Ce dernier est calculé comme l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE), avant rémunération des associés exploitants, auquel est soustrait le montant des annuités long et moyen termes.

L’analyse des résultats comptables, sur les années 2013 à 2015, de 2600 exploitations spécialisées en céréales et oléoprotéagineux (COP) de la région Centre, met en avant trois principaux facteurs explicatifs des différences de performance : la productivité du travail (en tonne équivalent blé tendre par actif), le produit par hectare et l’efficience des charges (rapport produits sur charges). Ces caractéristiques sont les mêmes dans les quatre zones de potentiels de la région, mais les exploitations performantes sont moins nombreuses dans les zones à plus faible potentiel.

Deux leviers possibles pour retrouver de la compétitivité

Deux leviers ont été travaillés, l’efficience des intrants et l’adaptation des charges de mécanisation et de main-d’œuvre.

Pour certaines exploitations, viser une meilleure efficience des intrants peut être un levier, puisqu’un niveau de charges d’intrants identique est constaté, pour des rendements différents, dans une même zone de potentiel. Pouvoir adapter ses intrants au potentiel, voire aux conditions de l’année, en gérant les risques climatiques et économiques peut être un atout. Dans le contexte de l’étude, pour une ferme-type représentant les pratiques moyennes, cet enjeu a été chiffré entre 40 et 50 €/ha, soit 5 à 10 €/t de blé pour un niveau de risque équivalent.

Gardons à l’esprit que la situation peut malgré tout se dégrader pour tous, dans certains contextes pédo-climatiques ou réglementaires : la gestion des adventices et les impasses techniques en sont un bon exemple…

Adapter si besoin ses charges de mécanisation et de main-d’œuvre

La mécanisation et la main-d’œuvre représentent près de 50 % des charges de production d’une tonne de blé. Pour certaines exploitations, la réduction de ces charges peut être un levier en augmentant la productivité du travail (le nombre de tonnes produites par actif) avec un investissement en mécanisation le plus faible possible à l’hectare, et donc à la tonne. Dans cette optique, le point clé pour le chef d’exploitation est de définir le niveau de risque acceptable par rapport au climat et à l’organisation du travail. Les enjeux peuvent être conséquents : des baisses de 10 à 30 €/t de blé tendre pour certaines exploitations. Mais les solutions peuvent être très différentes : agrandissement, copropriété de matériel, CUMA, assolement en commun, entreprise de travaux agricoles, prestations de service, location....

Dans l’étude, à partir de la ferme type moyenne (160 ha - 1,5 actif - productivité de 770 t équivalent blé par actif), trois pistes ont été étudiées pour augmenter l'efficience des charges de mécanisation et de main d'œuvre, avec un risque climatique équivalent : la réduction du matériel et de la main d’œuvre sans modification de la surface, l’augmentation des surfaces sans changement des moyens de production, et deux cas de mise en commun de moyens, l’un avec trois à quatre exploitations, l’autre avec six à huit (tableau 1). Des enquêtes auprès de structures réelles utilisant le levier mécanisation ont confirmé les enjeux.

Tableau 1 : Performances économiques de quatre stratégies de gestion des charges de mécanisation et de main-d’œuvre pour un risque climatique équivalent – simulations ARVALIS 2019 sur une ferme-type de la région Centre (160 ha – 1,5 actif – productivité 770 t équivalent blé/actif) avec les outils SYSTERRE et SIMEQ

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Savoir allier facteurs économiques et humains

Deux enquêtes ont complété l’analyse économique, l’une auprès de 60 chefs d’exploitation, et l’autre auprès d’une vingtaine d’acteurs des métiers du conseil agricole (banque, associations de gestion et de comptabilité, Chambres d’agriculture régionales et départementales, organismes stockeurs, institut technique et centre d’études techniques agricoles).

Chez les agriculteurs, le facteur humain et les compétences de chef d’entreprise se révèlent essentiels dans la performance des exploitations. Certains indicateurs économiques sont encore trop peu utilisés. Les messages parfois disparates des acteurs de conseil sur la notion de compétitivité et les leviers pour l’améliorer peuvent être source de confusion pour les agriculteurs.

Ce projet met en avant des leviers qui constituent des pistes de réflexion. Les moyens d’améliorer la performance doivent être adaptés à chaque chef d’entreprise et à son exploitation. Le conseil au producteur devra être ainsi de plus en plus individuel et stratégique, en ayant la capacité de mobiliser de multiples compétences. Il faut trouver des moyens de diffusion plus efficaces pour les outils et l'accompagnement déjà proposés.

*Chambre d’Agriculture Centre-Val de Loire, ARVALIS – Institut du végétal, Crédit agricole CAR Centre et CASA, FNSEA Centre-Val de Loire, les AS Centre Loire et CEFIGA 37, et les CERFRANCE Alliance Centre, Val de Loire et Indre.

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