Zoom sur la station Arvalis de Colmar

Bien implantée dans l’écosystème agricole local, la station Arvalis de Colmar dédie une grande partie de son activité à la céréale star en Alsace : le maïs. Son expertise technique est aussi sollicitée pour la conduite du blé tendre, dont les surfaces se développent pour diversifier les assolements.

La station Arvalis de Colmar est située dans les locaux de l’Itada, une structure de coopération transfrontalière entre la région allemande du Bade-Wurtemberg, l’Alsace et la Suisse rhénane.

La station Arvalis de Colmar est située dans les locaux de l’Itada, une structure de coopération transfrontalière entre la région allemande du Bade-Wurtemberg, l’Alsace et la Suisse rhénane.

Le paysage agricole alsacien est à l’image de sa diversité pédologique. Ici, plusieurs cultures se côtoient : vignes en coteaux, cultures spécialisées (houblon, chou à choucroute, tabac) dans le Bas-Rhin, grandes cultures dans les plaines du Haut-Rhin. C’est dans ce territoire, plus spécifiquement à Colmar, qu’Arvalis1 a implanté il y a une quarantaine d’années l’une de ses stations de recherche et d’expérimentation. « Près de 40 % des surfaces céréalières de l’Alsace sont dédiées au maïs2. C’est donc la culture principale sur laquelle nous travaillons dans le cadre de notre programme d’activité », expose Florence Binet, ingénieure et responsable de la station de Colmar.

S’adapter et atténuer l’impact du changement climatique

Les rendements moyens du maïs en Alsace ont de quoi impressionner : 110 q/ha (moyenne parcelles irriguées/non irriguées), contre 90 q/ha en moyenne au niveau national. Il faut dire que le territoire repose sur la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale. « La canalisation du Rhin achevée dans les années 60 a, entre autres, permis de développer l’irrigation à des fins agricoles », relate Florence Binet. Cette ressource en eau, pourtant immense avec ses 35 milliards de m3 sous le territoire alsacien, est confrontée malgré tout aux impacts du changement climatique. Pour la première fois en 2022, certains secteurs ont fait face à des restrictions d’usage. C’est donc pour adapter la production locale de grandes cultures au changement climatique et participer à son atténuation que la station de Colmar a débuté en 2022 et pour trois ans le projet KLIMACrops (financement INTERREG), aux côtés de partenaires alsaciens, allemands et suisses.

Des scénarios prospectifs d'évolution des assolements en construction


Sur le volet adaptation, Arvalis travaille sur des simulations de performances de fermes types alsacienne en fonction de divers scénarios climatiques à horizon 2060. « Nous mettons à jour les références sur les stades de fin d’irrigation, afin de déterminer précisément jusqu’à quand les cultures valorisent les apports d’eau », relate Florence Binet.

Le maïs n’est pas la seule culture concernée : le blé tendre occupe une place importante dans le projet KLIMACrops. « C’est une culture qui se développe depuis une dizaine d’années pour diversifier les assolements dans des secteurs où on ne la voyait pas avant. Et sur laquelle il y a un vrai besoin d’accompagnement technique, malgré des rendements naturellement bons », ajoute Thomas Munsch, technicien d’expérimentation. De ce fait, une partie des essais est dédiée au fractionnement de la fertilisation azotée du blé, une pratique à adapter en vue du changement climatique. « En maïs, nous étudions l’impact de l’enfouissement de l’azote par binage dans un rang sur deux, afin de diminuer la volatilisation et la pollution de l’air », poursuit Thomas Munsch.

Les variétés précoces de maïs à l'étude


Des essais « Variétés » sont également conduits sur maïs, afin d’évaluer l’intérêt des variétés précoces pour améliorer le bilan carbone. « Les rendements sont certes moins élevés, mais les besoins énergétiques pour sécher la récolte sont aussi moins importants », souligne Florence Binet. Les professionnels ont également sollicité l’institut pour acquérir des références sur les couverts d’interculture (espèces, date de semis, modes de destruction, etc.) et évaluer leur intérêt en termes de stockage du carbone. Enfin, le projet inclut un volet sur l’agroforesterie. « Nous nous servons de la perche LITERAL, un outil de phénotypage portatif, pour évaluer l’impact de la présence de noyers sur les cultures de maïs et de soja », indique Lucile Pligot, technicienne d’expérimentation.

Une station fédératrice : l’exemple de la lutte contre le datura

La station Arvalis de Colmar est bien identifiée dans le territoire alsacien, et a su, au fil des ans, fédérer les acteurs locaux. En témoigne la stratégie mise en place collectivement pour lutter contre le datura. « L’adventice était présente dans le secteur depuis quelque temps, sans toutefois poser de problème, se souvient Florence Binet. Mais à la suite de son explosion en 2023, les organismes stockeurs se sont tournés vers nous pour coordonner un plan d’action régional ». Formations pour apprendre à reconnaître l’adventice, fiches de synthèse sur l’état des connaissances et stratégies de lutte : en quelques semaines, OS, firmes phytos, chambre d’agriculture d’Alsace et Fredon disposaient de quoi construire leur propre plan de communication. « Au total, 18 partenaires ont relayé nos préconisations », se réjouit Florence Binet. L’ensemble de ces éléments est disponible sur arvalis.fr.

Des essais inédits contre la Chrysomèle

Outre les expérimentations liées au projet KLIMACrops, les équipes de la station de Colmar contribuent aux activités courantes de l’institut. Les résultats des essais « Variétés » (maïs, blé tendre - dont variétés bio -, blé dur), ainsi que des essais « Fongicides » alimentent les synthèses annuelles produites par l’institut. Plus récemment des essais sur le désherbage mixte du maïs ont été menés. « La lutte contre la chrysomèle est aussi un axe important de notre activité. C’est d’ailleurs pour limiter sa pression que le blé tendre est revenu dans la plaine », rapporte Lucile Pligot. Ce ravageur qui s’attaque aux racines du maïs inquiète : de premiers dégâts de verse du maïs ont été observés au cours des dernières campagnes. Depuis 2023, la station a donc mis en place des essais inédits. « Nous passons en revue les matières actives disponibles pour limiter les larves au semis, afin de mettre à jour des références anciennes. Et nous démontrons que les adultes ont une nuisibilité limitée sur la fécondation du maïs, afin d’éviter les traitements inutiles », relate Lucile Pligot. Un travail à la fois de recherche et de transfert de connaissances qui fait la réputation de la station des deux côtés du Rhin.

(1) Alors Institut technique des céréales et des fourrages (ITCF)
(2) La production alsacienne de maïs est presque exclusivement tournée vers le maïs grain (85 %). Le maïs fourrage représente 15 % des surfaces.

Station de colmar

Localisation : Colmar, Haut-Rhin (68)
Création : 1974
Surface : essais en parcelles d’agriculteurs uniquement
Salariés permanents : 4
Système : polyculture
Activités : diversification, irrigation, désherbage du maïs, essais « Variétés », essais « Fongicides », fertilisation du blé tendre, ravageurs, lutte contre la chrysomèle du maïs.

De gauche à droite : Florence Binet (ingénieure et responsable de la station), Lucile Pligot et Thomas Munsch (techniciens d’expérimentation), Sandrine Sitterlé (assistante), Romain Moureaux (apprenti) et Camille Caplain (stagiaire).

De gauche à droite : Florence Binet (ingénieure et responsable de la station), Lucile Pligot et Thomas Munsch (techniciens d’expérimentation), Sandrine Sitterlé (assistante), Romain Moureaux (apprenti) et Camille Caplain (stagiaire).

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