Raisonner les traitements de semences en fonction des cibles

Les traitements de semences permettent de protéger les céréales à paille dans nombre de situations à risque élevé. Mais quand le risque est faible, cet enrobage ne se justifie pas forcément. Combiner traitements de semences, mesures agronomiques et prophylaxie apparait essentiel pour protéger les cultures.

Observer les dates de semis recommandées est le premier levier pour limiter les risques d'exposition aux puçerons, vecteurs de la JNO.

Le remplissage de la trémie doit s’effectuer en portant des EPI.

La protection des semis de blé soulève de nombreuses questions, surtout avec le nombre limité de solutions homologuées. Les fongicides et insecticides enrobés aux semences ne peuvent à eux seuls résoudre tous les problèmes rencontrés sur une parcelle. Les traitements de semences ne sont plus une « assurance tous risques ».

Attention à la carie

Certaines matières actives restent efficaces, mais elles ne protègent pas les plantes contre toutes les maladies ou ravageurs.
Utiliser des fongicides comme Celest Net ou Redigo offre une certaine sécurité, car ils sont efficaces contre la carie et les fusarioses (tableau 1). En cas de parcelles touchées par la carie, ou proches de parcelles infectées, des produits tels que Vibrance Gold, Celest Gold Net, Celest Power, Redigo ou Negev sont recommandés. En agriculture biologique, Cerall, Copseed et le vinaigre, en tant que substance de base, sont les options disponibles. Les traitements de semences restent la seule solution efficace contre cette maladie charbonneuse qui, bien que sporadique en France, affecte la qualité du blé tendre. Il n’existe pas de solution de rattrapage en végétation.

LUTTE CONTRE LES MALADIES : des efficacités variables Traitements de semences fongicides sur blé (+ triticale, + épeautre) et sur seigle (hors exceptions).


Tableau 1 : Traitements de semences fongicides sur blé (+ triticale, + épeautre) et sur seigle (hors exceptions).
picto Non préconisé ni cautionné par la firme, application sous la responsabilité de l’utilisateur.
picto CARIE : présence d’une substance active à action systémique, permettant un meilleur contrôle en situation de sol contaminé.
(1) Autorisé en agriculture biologique. Efficacité vis-à-vis de la carie évaluée uniquement sur semences contaminées.
(2) Spécialité anti-piétin échaudage à associer à un traitement fongicide pour le contrôle des autres maladies.
(3) Substance de base, vinaigre de qualité alimentaire, dilution 1 l vinaigre + 1 l eau.
D’après dépliant ARVALIS - Institut du végétal - Mai 2024

Pour les fusarioses des semences, les fongicides comme Celest Gold Net, Redigo, et Austral Plus Net sont efficaces. Cependant, leur efficacité varie selon l’espèce de fusariose et la nature de la contamination. En présence de Microdochium spp, le gain de rendement varie de + 3 à + 33 % selon les essais. Pour les infections mixtes ayant Fusarium spp. + Microdochium spp., le gain de rendement par rapport au témoin varie de + 14 à + 21 %. 
Surtout : un traitement de semences n’exclut pas un triage soigné, surtout pour les lots sévèrement attaqués. En agriculture biologique, un traitement au vinaigre est inefficace contre les fusarioses.

Pour rappel, des semences contaminées par F. graminerarum ou Microdochium sp. voient diminuer leurs facultés germinatives et leur PMG.

Ne pas tout miser sur un traitement de semences

Contre le piétin-échaudage, seul Latitude XL est disponible, avec une efficacité d’environ 50 %. Dans les situations à risque (rotations courtes, sols légers à pH élevé, ou à forte teneur en matières organiques), son utilisation est recommandée. Cependant, il doit être associé à des pratiques agronomiques comme les semis tardifs, le broyage ou l’exportation des pailles, et la destruction des repousses de graminées à l’interculture, le non-apport d’amendements basiques.

Pour lutter contre la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) et la maladie des pieds chétifs, causées respectivement par des pucerons et par la cicadelle Psammotettix alienus, le premier levier est d’éviter les semis précoces afin de réduire l’exposition des jeunes plantes aux vecteurs de virus. Il n’existe pas de traitement de semences efficace, donc la stratégie repose sur des mesures agronomiques, comme la destruction des plantes hôtes telles que les graminées cultivées ou sauvages, et l’utilisation de variétés tolérantes si disponibles.

Concernant la lutte chimique en végétation, la surveillance des vecteurs est essentielle pour intervenir efficacement et préserver la durabilité des pyréthrinoïdes, dernière famille chimique efficace et homologuée. Ce moyen de lutte est réservé aux situations où la présence d’insectes est avérée et entraîne un risque pour la culture. Soit, pour les pucerons, dès que 10 % des plantes sont infestées ou si leur présence persiste plus de 10 jours ; pour les cicadelles, le risque est avéré à partir de 30 captures/piège/jour sur les observations régionales, ou si le nombre de captures s’accroît d’une vingtaine d’individus entre deux relevés bihebdomadaires. Un traitement est également recommandé si, en parcourant la parcelle, au moins 5 cicadelles sont observées sur cinq points différents.

Quelles options face aux taupins, zabre et mouches

Les traitements de semences, bien qu’en nombre limité, restent en situations à risque le premier levier de protection des plantes contre les attaques de taupins, zabre et mouche grise (tableau 2). Quelques spécialités sont disponibles, toutes à base de pyréthrinoïdes : Attack ou Thrintoba et Austral Plus Net (téfluthrine) contre le zabre, les taupins et la mouche grise. S’y ajoutent Langis ou Signal (cyperméthrine) pour les deux derniers ravageurs.

LUTTE CONTRE LES RAVAGEURS : traitements de semences insecticides ou fongi-insecticide

LUTTE CONTRE LES RAVAGEURS : traitements de semences insecticides ou fongi-insecticide

Tableau 2 : Traitements de semences insecticides sur blé (+ triticale, + épeautre) et sur seigle (hors exceptions). Légende dans tableau 1.

La présence de taupins dans une parcelle est favorisée par la présence de prairies ou jachères fraîchement retournées dans la rotation, ainsi que par les terres légères et riches en matière organique. Face à une population installée, le risque est pluriannuel car le cycle de développement larvaire s’échelonne sur plusieurs années (figure 1). Bien que peu de solutions agronomiques existent, le travail du sol pendant la période de présence des stades de développement les plus sensibles (oeufs, jeunes larves, nymphes en fin de printemps - milieu d’été) peut aider à réduire les populations pour les cultures suivantes. La protection insecticide des semences à base de pyréthrinoïde (téfluthrine ou cyperméthrine) contient les attaques à l’automne et plus partiellement les attaques plus tardives au printemps. Leur efficacité moyenne est de l’ordre de 50 %.

Ravageurs : La majorité des risques en début de cycle

ravageurs : La majorité des risques en début de cycle

Figure 1 : Principales périodes d’activité des ravageurs et traitements.

Le travail du sol pour limiter les dégâts de zabre

Les dégâts du zabre des céréales, bien qu’occasionnels et localisés, peuvent être significatifs sur les jeunes céréales ou céréales en arrêt végétatif. Des successions de céréales à paille, de graminées fourragères ainsi que la présence de graminées pendant l’interculture favorisent la présence de cet insecte.

Un déchaumage effectué rapidement après moisson, le retrait rapide de la végétation fauchée, et un travail profond du sol avant l’implantation de la culture réduisent ses attaques. Un traitement insecticide des semences contre le zabre permet une protection de l’ordre de 80 % en conditions optimales d’application. Des traitements en végétation à base de deltaméthrine sont également possibles, mais présentent une efficacité plus faible.

Quant aux larves de mouche grise, elles sévissent surtout après un hiver et/ou début de printemps rigoureux et peuvent causer de sérieux dégâts sur le blé peu tallé. Sur les parcelles à risque, notamment celles en précédent betterave, oignon, pois, haricot, endive, ou en préparation du sol superficielle, l’augmentation de la densité de semis ou le choix d’une variété à fort tallage et peu sensible au froid permettent de préserver un nombre supérieur d’épis. Aucun insecticide n’est autorisé en végétation, mais un traitement des semences à base de pyréthrinoïdes est recommandé dans les situations à risque. Son efficacité moyenne est de l’ordre de 50 %.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.