Auxiliaires des cultures : les hyménoptères parasitoïdes, discrets et efficaces contre les pucerons

Les hyménoptères parasitoïdes font partie des auxiliaires les plus efficaces, avec des femelles pouvant pondre de 100 à 500 œufs lors de leur vie d’adulte. Les taux de parasitisme peuvent dépasser 95 %, voire 99 % lorsque les hôtes sont très nombreux. Leur action est complémentaire d’autres auxiliaires généralistes.

Les hyménoptères constituent, après les coléoptères, l’ordre d’insectes le plus diversifié avec environ 50 000 espèces décrites, dont environ 9 000 en France. Ce groupe comprend notamment les abeilles, les fourmis, les guêpes et les parasitoïdes. Selon les estimations, les parasitoïdes représenteraient entre 8 à 20 % des espèces décrites à ce jour.

Les hyménoptères parasitoïdes appartiennent au sous-ordre des Apocrites, dont le premier segment abdominal est fusionné avec le thorax. Le plus souvent, ils sont regroupés en fonction des ravageurs qu’ils parasitent (parasitoïdes de pucerons, de cochenilles, de chenilles…), mais ils ne sont pas tous des spécialistes.

Ce sont les hyménoptères térébrants, sous-groupe des Apocrites, qui assurent le parasitisme des pucerons. Les principales familles de parasitoïdes de pucerons sont les Aphelinidae, du genre Aphelinus (photo 1) et les Braconidae, du genre Aphidiinae (photo 2). Pour le genre Aphelinus, les espèces les plus commune en France sont Aphelinus adbominalis, Aphelinus asychis et Aphelinus varipes.

Aphelinus abdominalis
Photo 1 : Aphelinus abdominalis (source : Bernard Chaubet de l’INRAE)

Aphidiinae
Photo 2 : Aphidiinae (source : Bernard Chaubet de l’INRAE)

Comment les reconnaître ?

Les hyménoptères parasitoïdes de pucerons sont très petits : les Aphelinidae mesurent entre 0,6 et 2 mm et les Aphidiinae mesurent entre 2 à 3,5 mm. La coloration des adultes va du noir au jaune-pâle. Ils sont difficilement repérables en culture.

Comme tous les hyménoptères parasitoïdes, ils possèdent trois paires de pattes, deux longues antennes, deux paires d’ailes, dont la paire antérieure est souvent plus développée, et un premier segment abdominal fusionné avec le thorax (photo 3). Les femelles possèdent une tarière de ponte (ovipositeur) souvent visible (photo 3) qui assure l’expulsion et le dépôt des œufs, ainsi que l’introduction du venin.

Anatomie d’un hyménoptère parasitoïde
Photo 3 : Anatomie d’un hyménoptère parasitoïde (source : Arvalis)

Ponte direcement dans le puceron

Les hyménoptères femelles adultes utilisent différents signaux (odorat, vibrations) en provenance de l’habitat de l’hôte, ou de l’hôte lui-même, pour le localiser. Elles insèrent alors un ou plusieurs œufs dans le corps du puceron. La larve s’y développe, entraînant la mort du ravageur. La momie du puceron (photo 4) est alors repérable au sein des colonies. C’est une trace plus facilement détectable que les adultes, et qui permet aussi de suivre leur activité. L’hyménoptère adulte s’échappe après avoir découpé un trou de sortie rond caractéristique et se reproduit sur place pour parasiter le reste des pucerons.

Momie de puceron
Photo 4 : Momie de puceron (source : Veronique Tosser d’Arvalis)

Parasitisme intensif en mai et juin

Ces auxiliaires parasitent les pucerons dès leur apparition et sont la plupart du temps spécialisés sur quelques espèces dont le cycle de développement est synchronisé avec celui du parasitoïde. Ils sont présents toute l’année, avec une période intense de parasitisme en mai et juin. Par ailleurs, ils ont une très grande fécondité (une femelle pouvant pondre entre 100 et 500 œufs) et un cycle de vie très court (à 20°C, il se passe seulement 15 jours entre la ponte et l’émergence). Leur présence est dépendante de celles des proies, ce qui les rend efficaces pour limiter les pics de pullulation. Ils ont un potentiel de régulation important sur céréales et pomme de terre, mais limité sur maïs.

Le taux de parasitisme est un indicateur du potentiel de régulation des hyménoptères parasitoïdes. Il est calculé en divisant le nombre d’insectes parasités par la somme du nombre d’insectes sains et parasités. Il peut atteindre 99 % lorsque la population du ravageur est bien développée, mettant en évidence une forte activité des parasitoïdes.

Un environnement favorable

La présence des hyménoptères parasitoïdes est liée à celle de leurs hôtes, et aussi à celle de la nourriture disponible pour les adultes (pollen, nectar, miellat). Ils ont aussi une capacité de dispersion limitée (environ 1500 m). Bois, haies, prairies ou bandes enherbées à proximité des cultures attirent l’installation des populations. Des études conduites en Bretagne dans le cadre du projet PlantServ financé par l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB) ont récemment mis en évidence que l'implantation de couverts hivernaux fleuris à proximité des champs de céréales augmentait le taux de parasitisme des pucerons par les parasitoïdes (figure 1).

Figure 1 : Taux de parasitisme des pucerons collectés
Taux de parasitisme des pucerons collectés

CF : couvert fleuri ; VM : témoin

L’hivernation des parasitoïdes se fait dans les momies de pucerons au stade de nymphe sur le sol ou sur les plantes.

Le labour peut avoir un effet destructeur sur les momies, alors que le trèfle ensemencé et l’herbe fournissent un habitat intact pour l’hivernage des momies survivantes de Sitobion avenae.

Les hyménoptères parasitoïdes sont également très sensibles aux produits phytosanitaires.

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