À poids identique, les pneus pour limiter les tassements

La pression des pneumatiques d’un engin agricole est à ajuster en fonction de l’humidité du sol, du poids de l’engin et du type de travail envisagé. Objectif : éviter les tassements.

Pour répartir la  charge de façon homogène sur une plus grande surface, le type de pneu compte, la pression aussi.

Pour répartir la  charge de façon homogène sur une plus grande surface, le type de pneu compte, la pression aussi.

La pression d’un pneu agricole est trop souvent négligée. Pourtant, adaptée régulièrement, elle permet de limiter les tassements du sol et d’assurer la longévité des pneus. Les pneus possèdent un indice de pression à la charge minimale (sous-gonflage) et maximale (surgonflage) propres à chaque modèle.

En règle générale, plus la charge s’exerçant sur un pneumatique est élevée, plus la pression de gonflage doit être forte. Mais tout dépend de son utilisation : au champ ou sur la route. Sur la route, un pneu sous-gonflé s’usera rapidement. à l’inverse, augmenter légèrement la pression d’un pneu pour faire de la route limitera la consommation de carburant.

Ne pas intervenir sur sol humide avec des machines trop lourdes

Pour limiter les tassements, le choix des pneumatiques compte, mais ce n’est pas le seul : l’humidité du sol est le facteur n°1. « Si le sol n’est pas suffisamment ressuyé, on a intérêt à réduire encore la charge, qu’il s’agisse d’une trémie d’arracheuse, d’un épandeur ou d’un semoir. Cela peut ralentir les chantiers mais préservera la fertilité des sols ». L’humidité du sol peut aussi déterminer si on passe toujours au même endroit avec les bennes ou pas. En conditions sèches, le tassement se limite à 10 cm et il peut y avoir un intérêt à ne pas concentrer les passages de roue, pour éviter un tassement par accumulation. En revanche, si le sol est humide, avec un tassement plus profond, on a intérêt à localiser les passages d’engins, pour ne pas avoir à labourer toute la parcelle ou, selon les poids en jeu, pour ne pas avoir un tassement à 40 cm sur toute la parcelle qu’on ne saura pas récupérer.

Autre facteur déterminant : le poids du matériel. « Pour l’arrachage des betteraves, penser qu’une arracheuse intégrale ne tasse pas, contrairement aux chantiers décomposés, est une idée reçue. Elle laisse une surface de sol régulière après l’arrachage mais peut tasser jusqu’à 100 % de la surface de la parcelle en profondeur, or les tassements profonds ne sont pas rattrapables mécaniquement », commente Pierre Dul, chargé du projet Prévibest à l’ITB. Ce projet diagnostique depuis 5 ans les leviers pour limiter les tassements afin de développer des outils de conseil. « La charge à l’essieu est le principal facteur jouant sur la profondeur de tassement », rappelle l’ingénieur, qui conseille de vidanger fréquemment la trémie de l’arracheuse pour diminuer la charge roulée et la surface tassée. « Il faut absolument éviter que l’intégrale roule à trémie pleine. Le débit de chantier n’est pas diminué si les bennes suivent, et la surface impactée par le tassement diminue fortement ».

Pression optimale recommandée

Au champ, un surgonflage réduit la surface de contact au sol et augmente les risques de tassement, notamment en surface. Mais le risque de tassement est également réel avec un sous-gonflage : les bords du pneu portent alors l’ensemble du poids de l’engin. Être à la pression optimale recommandée pour le pneu permet de répartir au maximum le poids sur la surface de contact. Une calculette comme celle proposée en ligne par Michelin, permet d’estimer la pression optimale recommandée de leur gamme de pneumatiques en fonction du tracteur, de la charge et de l’utilisation du tracteur : https://agropressure.michelin.net/home

Ajuster la pression du pneu ne suffit pas pour écarter les risques de tassements : si l’engin est trop lourd en fonction de l’humidité du sol, son passage aura des conséquences. La contrainte appliquée sur le sol est liée au poids de l’engin soutenu par chaque essieu, lui-même réparti sur la surface des pneus fixés à cet essieu. Plus la charge supportée par l’essieu est importante, plus le risque et la profondeur de tassement augmentent. C’est la raison pour laquelle il faut privilégier, à poids constant, les remorques ayant le plus d’essieux.

Quand le poids des tracteurs limite les jours disponibles

Un matériel trop lourd augmente les risques de tassements. Il peut diminuer aussi, et c’est plus surprenant, le temps disponible pour effectuer un semis ou un déchaumage. Des simulations ont été réalisées avec l’outil J-DISTAS par des étudiants d’UniLaSalle pour choisir, parmi le matériel disponible sur la ferme d’UniLaSalle (3 outils de la marque Lemken : Karat, 4 m ; Koralin, 6 m et Rubin, 5 m ; et deux tracteurs de 190 et 245 CV), l’outil de déchaumage permettant de travailler toute la surface en bonnes conditions. Dans cette situation, le Rubin est le plus adapté pour déchaumer car il permet un bon débit de chantier tout en écartant les risques de tassements (figure 2). à l’inverse, le nombre de jours disponibles est très faible pour le Koralin (6 m), dont le débit de chantier est pourtant le plus élevé. Plus que l’outil en lui-même, c’est le poids du tracteur, plus puissant et plus lourd qui provoque le tassement. « Dans 50 % des années, on a moins de 3 jours disponibles pour intervenir avec le Koralin alors qu’on en a 10 pour le Rubin et le Karat », explique Pascale Métais, ingénieure au sein du service Agronomie d’Arvalis.

Attention au poids des engins, malgré des pneus basse-pression

Le type de pneu compte également, en particulier sa largeur : la largeur du pneu joue sur l’intensité du tassement en surface quand le poids supporté influence la profondeur de tassement (figure 1). Les pneus basse-pression et les pneus larges permettent de mieux répartir la contrainte exercée au sol et donc de réduire le tassement en surface et la formation d’ornières. Ils ne sont pas la solution à tout : mal utilisés, ils peuvent aussi générer des tassements.

ORGANISER SON CHANTIER : adapter sa charge

ORGANISER SON CHANTIER : adapter sa charge

Figure 1 : Effet de la charge et effet de la largeur des pneus sur le tassement

À poids égal, un pneu large ou basse-pression permet de bien répartir la charge et de réduire la profondeur du tassement. L’erreur consiste à choisir un pneu large pour porter un matériel plus lourd : cela revient à augmenter la charge sur la roue et n’est pas sans conséquence : à pressions de contact similaires à une roue étroite peu chargée, le tassement se répercute plus en profondeur, sans que cela ne soit visible en surface. Or un tassement en profondeur a des conséquences importantes et durables sur la fertilité du sol. Des zones de compaction sont régulièrement observées jusqu’à 40, voire 50 cm de profondeur (figure 2) sous les traces de roues de matériels trop lourds. Or au-delà de 20 cm, il est compliqué de récupérer les tassements.

OPTIMISER LA SURFACE TRAVAILLABLE : chercher le bon compromis entre débit de chantier et risque de tassement

OPTIMISER LA SURFACE TRAVAILLABLE : chercher le bon compromis entre débit de chantier et risque de tassement

Figure 2 : Nombre de jours disponibles et surface travaillable selon le poids d’un outil. Dans 80 % des cas, le nombre de jours disponibles et la surface travaillable sont au-dessus de la valeur du décile 2 ; par exemple, 8 années sur 10, en utilisant avec Karat et Rubin, on dispose d’au moins 5 jours pour intervenir.

Et les chenilles ?

Si le sol est un peu mieux ressuyé, en conditions plus sèches, les roues jumelées sont plus intéressantes, à conditions qu’elles soient strictement identiques aux roues du tracteur et d’un niveau d’usure similaire. La pression de gonflage doit être identique pour les quatre roues, pour assurer la portance de l’ensemble.

L’utilisation de chenilles a elle aussi ses limites : les chenilles permettent d’augmenter la surface de contact mais n’empêchent pas des tassements lorsqu’elles sont utilisées dans des conditions très humides (ou le pneumatique ne rentre pas). Toute solution qui permet, à charge égale, de répartir cette charge de façon homogène sur une plus grande surface sera intéressante… mais attendre un meilleur ressuyage sera encore plus efficace.

Modifier la pression dans la cabine

Le télégonflage gagne à être connu : il permet d’adapter la pression du pneu selon l’opération culturale et le type de pneumatique équipant le tracteur, sur route ou au champ. Cette technologie est bien valorisée par des pneus ayant la capacité de se déformer (pneus IF/VF). Des systèmes de télégonflage existent sur le marché qui s’adaptent à toutes les marques de pneu, comme le kit Agriwin proposé par la société Sodijantes. Ce dispositif permet d’adapter la pression des pneus arrières du tracteur et des outils tractés, en fonction de leur utilisation.

 

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