Plastiques : l’Inrae et le CNRS plaident pour une réduction des usages agricoles et alimentaires

Dans la chaîne de valeur alimentaire moderne, le plastique est omniprésent. Une expertise scientifique collective, pilotée par l’Inrae et le CNRS, s’inquiète des conséquences de l’échec des stratégies de recyclage sur l’environnement et la santé humaine. Les auteurs invitent à réduire au plus vite les usages.

Les plastiques agricoles et alimentaires sont en contact direct avec les sols et les aliments, d'où une surveillance accrue.

En France, les secteurs agricoles et agroalimentaires représentent 20 % des usages du plastique. Léger, robuste et bon marché, le plastique a tout pour plaire à ces industries. Mais si l’on s’intéresse à la gestion de sa fin de vie, le tableau s’assombrit nettement. 

Une demande d’expertise interministérielle 

Face à la montée des préoccupations environnementales et sanitaires en lien avec l’omniprésence du plastique, les ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique et l’Ademe ont chargé l’Inrae et le CNRS de piloter une expertise scientifique collective. Avec deux objectifs : faire un état des connaissances sur les usages, les propriétés et le recyclage des plastiques utilisés en agriculture et pour l’alimentation, et évaluer leurs impacts sur l’environnement et la santé.

Formulations complexes et manque de transparence compliquent le recyclage

Parmi les constats, la trentaine d’experts européens mobilisés notent que « la volonté de combiner des propriétés, parfois incompatibles, aboutit à complexifier encore les formules avec l’ajout de différents additifs ou la production de multi-matériaux ». Conséquence, il devient extrêmement difficile de recycler les plastiques. Le manque de transparence sur leur composition de la part des fabricants complique encore la tâche. En France, seuls 35 % des plastiques sont effectivement recyclés, le reste finit incinéré ou en décharge.

Les bioplastiques sont aussi difficiles à recycler

Au cours de leur dégradation, les plastiques se fragmentent en micro- et nanoplastiques, qui contaminent massivement les sols agricoles et s’accumulent dans la faune, la flore, les aliments… et les organismes humains. Leurs effets sont variés, mais tous sont préoccupants : perturbations endocriniennes, inflammations, atteintes neurologiques…

Quid des bioplastiques ? Malgré les efforts de recherche, les plastiques biosourcés ne représentent que 1,5 % de la production française et européenne de plastique en 2023. Et le défi de leur recyclage est tout aussi grand : « Ils ne se décomposent que dans des conditions très spécifiques, voire uniquement en milieu industriel contrôlé », rapportent les experts.

En finir avec la culture du jetable

Face à cette situation, les scientifiques appellent à une approche plus systémique. Réduire la production, simplifier les formulations, mieux cibler les usages réellement nécessaires, améliorer l’étiquetage et développer des alternatives réellement durables : telles sont les pistes d’action évoquées.

Pour les auteurs, « ce sont les stratégies d’entreprises qui jouent un rôle-clé dans l’augmentation de l’utilisation des plastiques, plutôt qu’une demande des consommateurs ». Ils jugent le recyclage « insuffisant s’il n’est pas accompagné d’un changement profond dans les usages », à savoir l’abolition de la culture du jetable.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.