Déchaumer, pour quoi faire ?

Faux-semis, mélanges terre-paille ou destruction d’adventices ? Selon les objectifs du déchaumage, tous les outils de travail du sol ne se valent pas. Quels sont leurs atouts et leurs limites ? Le point par famille d’outils.
Pour lutter contre les graminées adventices, le faux-semis n’est pas suffisant seul : il doit être associé à d’autres leviers agronomiques comme la rotation ou la date de semis.

Pour lutter contre les graminées adventices, le faux-semis n’est pas suffisant seul : il doit être associé à d’autres leviers agronomiques comme la rotation ou la date de semis. 

Déchaumer, c’est littéralement gérer les pailles. La technique permet de répartir les pailles issues de la récolte précédente et de les mélanger à la terre, ce qui contribue à leur dégradation.

Le travail du sol superficiel

Mais le travail du sol superficiel a aussi d’autres vertus (figure 1) comme le nivellement du sol, ce qui est parfois utile après une récolte où des tassements peuvent survenir, la préparation du lot de semences dans les situations de non-labour, la destruction mécanique des adventices, la limitation des populations de limaces ou de mulots, en perturbant leur habitat. Le déchaumage a aussi une action de faux-semis, levier utile pour lutter contre les graminées adventices. Les outils de déchaumage sont nombreux.

DÉCHAUMAGE : atouts et limites

DÉCHAUMAGE : atouts et limites

Déchaumage superficiel et déchaumage profond ont des chacun des atouts. Il est pertinent de les associer.

De nombreuses déclinaisons

On distingue six familles différentes, qui comptent elles-mêmes, de nombreuses déclinaisons : herses de déchaumage, bêches roulantes, déchaumeurs à disques indépendants, déchaumeurs à trains de disques, outils à trois rangées de dents et disques de nivellement, vibrodéchaumeurs.

Réussir un faux-semis

Un faux-semis consiste à mélanger la terre en surface durant l’interculture pour favoriser la levée des graines d’adventices, avant de les détruire par un second passage. Comme pour un semis classique, sa réussite implique de créer de la terre fine avec un travail très superficiel (5-7 cm maximum) et bien rappuyé. Objectif : favoriser le contact terre/graine et limiter la perte d’humidité du sol. La réussite du faux-semis est conditionnée à plusieurs facteurs : intervenir à une période préférentielle de levée des adventices, laquelle coïncide avec les mois d’interculture, et bénéficier de pluies après le faux-semis. Un faux-semis réalisé rapidement après la récolte permet de bénéficier de l’humidité résiduelle du sol. La profondeur de travail compte également. Les outils qui permettent le meilleur faux-semis sont ceux assurant un travail du sol superficiel et émietté sur toute la largeur de travail.

En vidéo « Les conditions de réussite du faux-semis » : https://arvalis.info/2rn

Alterner des passages d’outils différents

Tous ces outils ne se valent pas (tableau 1). Rares sont ceux qui permettent à la fois d’assurer un travail superficiel, fin et rappuyé, gage d’un faux-semis de qualité, et une bonne destruction des adventices, qui passe par un travail sur toute la largeur du sol (aidé par un travail un peu profond mais surtout par le type de pièces travaillantes). L’idéal reste d’alterner des passages d’outils différents : par exemple, un déchaumeur à disques avec rouleau, idéal pour réussir un faux-semis, et un outil à dents travaillant toute la surface  pour assurer la destruction des levées d’adventices.

Choix des outils : entre polyvalence et spécialisation

Choix des outils : entre polyvalence et spécialisation

Aptitudes agronomiques des principaux types de déchaumeurs présents sur le marché. HP : amélioration possible si outil équipé d’une herse à paille; D : nécessité d’intervenir sur des adventices ou repousses peu développées; FS : nécessité de faire plusieurs passages; A : à nuancer selon les angles d’attaque et d’entrure. Expertise ARVALIS.

Les herses de déchaumage

Elles consistent en une série de dents plaquées au sol par un ressort. Avec l’avancée du tracteur, les herses vont gratter la surface du sol et fractionner les pailles. Deux à trois passages de cet outil sont nécessaires pour obtenir un faux-semis de qualité. Les herses de déchaumage sont des outils adaptés aux itinéraires très simplifiés, convenant bien aux sols argilo-calcaires : les cailloux jouent un rôle de contre-couteaux et accentuent l’effet du travail de la dent. Certains modèles proposent des accessoires frontaux (rangée de disques, rouleau-couteau) qui augmentent la proportion de sol travaillé en un passage ou permettent de briser les résidus végétaux de grande taille.

Les bêches roulantes

Elles sont constituées d’un ensemble de fers trapézoïdaux montés sur un axe en rotation libre. Avec l’avancée de l’outil, ces pièces frappent le sol et arrachent la terre. La vitesse d’avancement du tracteur conditionne la vitesse  de rotation des trains de bêches et l’intensivité du travail. Le nombre de trains de bêches est lui aussi déterminant  du travail réalisé : il varie entre 2 et 4 selon les constructeurs. Par principe, le travail du sol obtenu avec cet outil n’est pas continu (fond de travail en « boite à œufs »), limitant sa capacité à détruire les adventices.

Les déchaumeurs à disques indépendants

Ils sont composés de disques de petits diamètres montés indépendamment les uns des autres via un bras. Ce bras va donner les angles de travail aux disques (attaque et entrure). Dotés d’un rouleau (rappui et contrôle de la profondeur de travail), ils permettent un travail superficiel avec un bon nivellement. Leur aptitude à la destruction est variable, dépendante des angles des disques et  de la profondeur de travail. L’évolution dernière de l’offre vers des disques de plus gros diamètre permet un travail  plus profond en mélangeant une grande quantité de débris.

Les déchaumeurs à trains de disques

Encore présent sur les exploitations, les déchaumeurs à trains de disques sont constitués de plusieurs arbres, reliés par une entretoise, sur lesquels sont montés des disques dont l’angle d’attaque est réglable. La symétrie de l’outil facilite le repliage, la stabilité au travail et les réglages mais son gabarit empêche de faire un contrôle très efficace de la profondeur de travail. Les déchaumeurs à trains de disques ne permettent pas de faire un travail très émietté du sol, même si l’ajout d’un rouleau améliore ce constat.
Sur les outils à trois rangées de dents et disques de nivellement, les dents sont portées par un étançon courbe, permettant un bon mélange terre-paille, lequel s’accroît avec la vitesse d’avancement. Ce type d’outil possède une bonne aptitude à la destruction mécanique (avec des ailettes), et une capacité à restructurer des sols tassés et à enfouir les pailles. Ses limites : il n’assure pas une parfaite répartition des paquets de pailles, ni de bons faux-semis.

Les vibrodéchaumeurs

Les vibrodéchaumeurs sont équipés de nombreuses dents vibrantes, entre 5 et 8 par mètre, avec un dégagement sous bâti aux alentours de 60 cm assurant le passage des débris végétaux. Les vibrodéchaumeurs sont en mesure de travailler le sol sur moins de 5 centimètres, soit la profondeur idéale pour un faux-semis. Les modèles équipés de pattes d’oie permettent de travailler toute la largeur et donc d'assurer de bonnes destructions mécaniques, même en cas de dents vibrantes. Certains sont adaptés pour optimiser la destruction des adventices : pas de rouleau, roues de contrôle de profondeur avant et arrière, herse à l'arrière... Un travail de biais par rapport au sens de récolte permet d’homogénéiser la répartition des pailles broyées et de réaliser un faux-semis de qualité.

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