Paroles de météorologue : « les précipitations printanières vont juste retarder la date où l’on rentrera dans le dur »

La France sort de l’hiver avec des réserves d’eau au plus bas, selon le dernier bilan du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Même si le printemps est pluvieux, l’eau manquera forcément au cours de l’été, comme l’explique Gaétan Heymes, ingénieur prévisionniste chez Météo France.
Paroles de météorologue : « les précipitations printanières vont juste retarder la date où l’on rentrera dans le dur »

Perspectives Agricoles : La sécheresse hivernale que l’on observe cette année est-elle due à un phénomène climatique spécifique ?

Gaétan Heymes : Non, il y a eu assez peu de précipitations cet hiver du fait de conditions anticycloniques durables. Une sécheresse en cette période de l’année, ce n’est pas fréquent mais ça existe. Ce qui est exceptionnel en revanche, c’est l’absence totale de pluie durant 32 jours consécutifs sur l’Hexagone comme cela a été le cas en février dernier. Cumulé à une sécheresse record en été et à un automne particulièrement doux qui a maintenu la végétation active très tard, cela provoque une dégradation sérieuse de l’état des nappes phréatiques. C’est ce qu’explique très bien le BRGM dans son bilan publié le 13 mars.

PA : Que présage la situation actuelle pour cet été ?

G. H. :
Nos modèles permettent de prévoir la météo sur une dizaine de jours environ. On ne peut donc pas savoir s’il va beaucoup pleuvoir au cours des prochains mois. Un printemps très pluvieux n’est pas exclu. Une chose est sûre ou presque : la problématique sécheresse sera encore présente à l’été. Même s’il pleut beaucoup ce printemps, cette eau va surtout servir à accompagner la reprise de végétation plutôt qu’à recharger les nappes. Les réserves nivales (ndlr : eau sous forme de neige) sont également faibles cette année ; elles ne constituent pas un stock sur lequel compter pour enrayer le manque d’eau dans les nappes. Finalement, les précipitations printanières, s’il y en a, vont juste retarder la date à laquelle on « rentrera dans le dur », notamment dans le pourtour méditerranéen au climat estival « traditionnellement » sec.

PA : Les scénarios du GIEC prévoient un volume de précipitations similaire à aujourd’hui mais différemment réparti sur la période 2040-2060.  Ces projections sont-elles toujours valables ?

G. H. : Le climat de la France est déjà en train de changer. En ce qui concerne la pluviométrie, il n’y a pas de signal à la baisse du volume de précipitations. Mais il y aura des disparités régionales, avec des tendances à la hausse dans la moitié nord, ainsi qu’une plus forte variabilité interannuelle. J’ajoute que cet indicateur n’a pas forcément de sens s’il est considéré de façon isolée. Ce qu’il faut, c’est prendre en compte la disponibilité en eau dans le sol. Celle-ci diminue avec la hausse des températures, du fait d’une évapotranspiration plus importante. Or, sur l’évolution des températures, les signaux sont sans ambiguïté. 

GRAVE Justine - j.grave@upterra.fr

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