Les chrysopes, de grands consommateurs de pucerons

Moins connus que les coccinelles, les chrysopes sont des insectes qui présentent aussi un intérêt agronomique dans la lutte contre certains ravageurs. Alors que les adultes consomment pollen, nectar et miellat, les larves peuvent consommer jusqu’à 30 pucerons par jour.

Les chrysopes sont des insectes appartenant au groupe des Névroptères. Ce groupe est formé d’insectes au corps mou, aux ailes transparentes très nervurées et disposées en toit au repos. Ils font partie des principaux groupes d’insectes auxiliaires rencontrés en grandes cultures avec les carabes, les coccinelles et les syrphes.

Il existe une cinquantaine d’espèces de chrysopes en France. Parmi elles, entre 5 à 10 espèces sont rencontrées dans les cultures en fonction des régions, dont deux espèces qui dominent : Chrysoperla carnea (photo 1) située essentiellement au nord de la Loire et Chrysoperla lucasina (photo 2), surtout méridionale.


Photo 1 : les adultes de Chrysoperla carnea se rencontrent principalement au nord de la Loire (source Bernard Chaubet de l’Inrae)


Photo 2 : les adultes de Chrysoperla lucasina se rencontrent principalement en zone méridionale (source Bernard Chaubet de l’Inrae)

Comment les reconnaître ?

Avec une taille moyenne de 20 mm et un corps souvent vert, les chrysopes adultes sont facilement identifiables (figure 1). Leur couleur peut varier suivant la saison de vert pendant l’été, à brun-rouge en fin de campagne sous l’influence du froid.

Figure 1 : Anatomie d’un adulte de Chrysoperla carnea

(source image de Teemu Rintala et Timo Lehto, légendes Sophie Hemont d’ARVALIS)

Les larves mesurent de 2 mm au premier stade à 7-8 mm au troisième stade. De couleur gris jaunâtre, elles ont un corps fusiforme. Des tubercules surmontés de soies assez développées sont présents sur les côtés des segments thoraciques et abdominaux (figure 2). Les pièces buccales sont plus longues que la tête et régulièrement arquées.

Figure 2 : Anatomie et photo de larve de chrysope au 3e stade

(sources respectives : Lacroix et Bernard Chaubet de l’Inrae)

Les œufs sont de couleur verte, supportés par un pédoncule long et flexible. Ils sont déposés isolément, généralement sur la face inférieure des feuilles (photo 3).


Photo 3 : les œufs de Chrysoperla lucasina sont reliés aux feuilles par un long pédoncule (source : Bernard Chaubet de l’Inrae)

Des larves actives surtout de juin à septembre

Les chrysopes interviennent plus tard que les syrphes et coccinelles. En effet, les œufs s’observent à partir du mois d’avril et les larves s’observent sur les cultures à partir de mai jusqu’en août-septembre. Elles ont une période d’activité très intense entre juin et septembre.

Pourquoi cette activité plus tardive ? Parce que les adultes hivernent dans des lieux protégés à l'extérieur de la culture. Ceux-ci entrent en activité dès la fin de l’hiver quand les températures sont supérieures à 10°C. Ils se reproduisent plus ou moins tôt en fonction des conditions climatiques et de la disponibilité en nourriture. Le cycle complet dure de 22 à 60 jours. Deux à cinq générations se succèdent par an selon les espèces et les conditions climatiques. En automne, lorsque la photopériode se raccourcit et que la température diminue, les adultes des dernières générations se réunissent sous divers abris (tas de feuilles, locaux obscurs...). Ils changent alors de couleur et supportent ainsi l'hiver en état de diapause.

Une larve consomme jusqu’à 30 pucerons par jour

Bien nourrie de pollen et de nectar, une femelle peut pondre jusqu’à 40 œufs par jour.

Contrairement aux adultes, les larves sont des prédatrices très actives. La larve capture sa proie à l'aide de ses crochets puis la soulève, lui rendant toute lutte ou fuite impossible. Elle y injecte un venin puis une salive très riche en enzymes. Enfin, elle aspire le contenu de sa proie lysée. Pour accomplir sa croissance, une larve consomme 200 à 500 pucerons, soit jusqu’à 30 pucerons par jour. En l’absence de pucerons, les chrysopes s’attaquent aux acariens, aux aleurodes et aux cochenilles.

Sur maïs et pomme de terre, cet auxiliaire peut limiter de manière importante l’infestation de pucerons. Sur céréales, sa contribution à limiter les pucerons est partielle.

Haies et bandes enherbées : le gîte et le couvert

Les chrysopes envahissent les cultures à partir des sites d’hivernage proches, comme les haies par exemple. En particulier, Chrysoperla lucasina se réfugie dans les feuilles persistantes de houx ou de lierre. Les essences de ces haies qui fleurissent précocement au printemps fournissent pollen et nectar aux adultes. Les arbres servent également de site de repos pendant la journée. La présence dans ces haies d’arbres fleurissant de février à septembre est donc importante.

Les bandes enherbées spontanées ou semées fleuries sont aussi sources de nourriture. Les adultes étant actifs en fin de journée, voire la nuit, ils consomment de préférence le pollen et le nectar de fleurs ouvertes le soir comme le bleuet ou la carotte.

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