Transition agroécologique : cinquante agriculteurs européens pour trouver des solutions

SIMONE vise à proposer aux agriculteurs des innovations opérationnelles adaptées à chaque territoire et combinant performances économique, environnementale, sociale et sociétale.

Pour atteindre cet objectif, une méthodologie innovante est mobilisée. Elle consiste à créer six réseaux territoriaux (living labs ou laboratoires vivants) transfrontaliers, d’acteurs du monde agricole, et au-delà. Leur mission est d’engager collectivement une transition agroécologique répondant aux enjeux spécifiques et aux filières de leur territoire. « C'est aussi l'occasion de communiquer sur l'évolution de nos pratiques auprès des élus et des consommateurs », confie Benoit Watrin, producteur de céréales sur 300 ha dans la Meuse, participant au projet SIMONE¹. 

Des solutions adaptées à chaque système

Dans le cadre de la démarche On-Farm Experimentation (OFE), 50 agriculteurs européens ont coconstruit des protocoles d’essais adaptés à leurs systèmes de culture et à leurs problématiques. L’OFE est une approche collaborative qui associe agriculteurs, chercheurs et acteurs du secteur agricole, qui permet de tester les innovations en conditions réelles. Des combinaisons de leviers agroécologiques sont identifiées et formalisées via un schéma décisionnel en arête de poisson (figure 1). Chaque levier est associé à une règle de décision, ce qui permettra de le diffuser à tout agriculteur souhaitant le tester. « C’est un bon moyen de comprendre comment mes collègues abordent ces sujets dans d'autres pays européens, ainsi que les pressions sociétales qui existent chez eux », estime Benoit Watrin.

Trois sujets d’innovations systémiques sont ciblés par le projet SIMONE :

• la gestion des adventices, dans le cadre de la diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires ;
• la nutrition des plantes en lien avec la fertilité des sols ;
• l’implantation des cultures dans un contexte de changement climatique.

Un binôme agriculteur–technicien effectue des observations de terrain et numériques avec l’outil SYSTERRE, qui aide à diagnostiquer les systèmes de culture et à concevoir des alternatives « multiperformantes », c’est-à-dire prenant en compte à la fois les dimensions techniques, économiques et environnementales des exploitations pour en mesurer l’impact concret sur la performance des exploitations. « C'est un binôme très performant. Chaque échange est un moment privilégié. Observer les pratiques des agriculteurs, échanger avec eux, c'est le meilleur moyen d'apprendre », partage Arnaud Deville, technicien de la coopérative EMC2, binôme de Benoit Watrin.

En parallèle de cet aspect « terrain », des simulateurs, ou réseaux bayésiens, sont développés sur les trois thématiques du projet pour prédire l’impact d’une combinaison de levier sur, par exemple, le nombre de plantes levées. Lancé à Nancy en février 2024 pour une durée de quatre ans, le projet est doté d’un budget de 5,4 millions d’euros dans le cadre du programme de coopération territoriale européen Interreg Europe du Nord-Ouest. Arvalis pilote le projet avec dix partenaires de six pays différents.

1. Partenaires : Agroscope (Suisse), Bionales (Allemagne), SPNA (Pays-bas), les décompacté.e.s de l’ABC (France), HIPHEN (France), Inagro (Belgique), Munster Technological University (Irlande), Van Den Borne Projects (Pays-Bas), VIVES University (Belgique), CRA-W (Belgique).