Fertilisation azotée du blé : augmenter l’efficacité de l’azote

L’estimation de la dose totale d’azote s’adapte chaque année en fonction de deux informations essentielles : l’estimation du besoin total en azote et le reliquat d’azote minéral à la sortie de l’hiver.
Les besoins azotés des variétés de blé tendre

Dans le contexte actuel de prix des engrais azotés élevée, les producteurs peuvent mettre en place plusieurs leviers pour optimiser la nutrition azotée de cultures : apports organiques, culture intermédiaires, raisonnement des apports. Parmi ces leviers, le raisonnement de la dose totale prévisionnelle est une étape nécessaire à mettre en œuvre courant l’automne et l’hiver précédant les apports. Le cadre de raisonnement pour estimer la dose totale est la méthode du bilan prévisionnel, formalisée par le COMIFER. Cette méthode permet d’estimer la quantité totale de fertilisation à apporter, en cohérence avec les besoins de la plante, l’historique de la parcelle, le type de sol, le climat, etc. Plusieurs outils sont conformes à la méthode du COMIFER. Depuis 2019, le Label Prev’N garantit cette conformité et permet plus de transparence sur le fonctionnement des outils. La liste d’outils est mise à jour régulièrement sur le site du COMIFER. Cependant, la précision des informations saisies dépend des producteurs. Un calcul le plus précis possible sur les sols et l’historique à la parcelle permet d’augmenter l’efficacité des apports.

L’ajustement de la dose prévisionnelle aux conditions de l’année est une autre étape importante dans le raisonnement des apports. En effet, en fonction des pratiques, du climat et des autres conditions de croissances de la plante, la dose prévisionnelle peut varier d’une année sur l’autre. Deux informations sont particulièrement importantes pour le calcul de la dose totale : l’estimation du besoin total en azote de la culture principale et la quantité d’azote minéral dans le sol disponible pour la culture en sortie d’hiver (le reliquat, RSH).

Lorsque l’objectif suivi est la qualité, il est indispensable de fractionner les doses d’azote et de réserver une quantité minimale d’azote pour un apport en fin de montaison.

Adapter les pratiques pour optimiser le potentiel variétal

Le besoin en azote est le produit entre l’objectif de rendement et le besoin unitaire de la variété. Dans les zones vulnérables définies par la Directive Nitrates, l’objectif de rendement est égal à la moyenne des cinq dernières années en enlevant les deux extrêmes. Le besoin unitaire du blé dépend de l’objectif de production (rendement ou protéines) et de la variété choisie. Sans objectif de qualité précis, on utilisera le besoin unitaire b associé à la variété cultivée afin d’optimiser le rendement. En moyenne, il est de 3 kg N/q. Lorsqu’on vise 11,5 % de protéines (marché de la meunerie, exportation…), on utilisera le « besoin qualité », bq11.5% , supérieur ou égal à b. Les valeurs de ces deux types de besoin unitaire sont réactualisées par Arvalis chaque année pour les variétés de blé tendre d’hiver et diffusé sur le site du COMIFER (tableau 1, hors blés améliorants).

CLASSEMENT DES VARIETES SELON LEUR BESOIN EN AZOTE (COEFFICIENTS b ET bq 11,5%)

Ajouter l’estimation à la quantité d’azote minéral du sol

La précision du raisonnement de la fertilisation peut être améliorer avec l’estimation de l’azote déjà présent dans le sol au début de la minéralisation. Connaitre cette quantité d’azote minéral déjà dans le sol est essentiel pour déterminer le point de départ au moment des apports. En effet, en sortie d’hiver, les cultures peuvent bénéficier d’un stock d’azote minéral dans le sol plus ou moins conséquent. Celui-ci est le résultat d’une quantité d’azote minéral présent à l’automne, issu de la culture précédente et de la production ou de la consommation d‘azote pendant l’automne, diminuée du drainage hivernal. Ce stock, ou « reliquat azoté », est totalement disponible pour la culture dès lors qu’il se situe dans la profondeur exploitée par les racines. Il est très variable selon les années, et ce d’autant plus que le sol est profond. Il présente l’avantage d’être accessible grâce à l’analyse de terre dans un grand nombre de contexte agropédoclimatique en France. à l’échelle de l’exploitation, les parcelles à privilégier sont celles qui ont reçu des apports organiques soit à l’automne précédent, soit fréquemment dans la succession culturale. Les parcelles dont les cultures précédentes ont obtenu des rendements plus faibles qu’attendus doivent également être surveillées, afin d’éviter de sous-estimer les fournitures d’azote du sol. La mesure des reliquats en sortie d’hiver pour que cette mesure soit pertinente pour le calcul de dose, un certain nombre de recommandations doivent être suivies. En particulier, il est nécessaire de réaliser au moins une quinzaine de carottages élémentaires par horizon pour constituer les échantillons moyens à transférer au laboratoire. Il faut également prélever sur toute la profondeur d’enracinement maximal de la culture. Avec ces données actualisées, il sera possible de calculer la dose d’azote à la parcelle.

Au même titre, la quantité d’azote déjà absorbé par la culture en fin d’hiver peut être un poste du bilan important à ajuster, notamment dans le cas d’hiver doux et quand la croissance du blé est plus en avance que pendant une année moyenne.

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