Orge de printemps, des solutions pour une parcelle propre

Les herbicides seuls ne peuvent répondre à une gestion durable des adventices. Les leviers agronomiques précoces, mis en œuvre avant l’implantation, peuvent optimiser leur efficacité. L’objectif unique est de diminuer le nombre d’adventices qui lèveront dans la culture.
La gestion durable des adventices en orge de printemps

L’orge de printemps souffre de la présence d’adventices. Comme pour toutes les céréales à paille, la nuisibilité directe des adventices sur la culture (via la concurrence des plantes) est très variable selon l’espèce : pour faire chuter de 5% le rendement, quelques dizaines d'adventices/m2 suffisent.

Manque de solutions

Il faut en plus réfléchir aux conséquences indirectes des mauvaises herbes : augmentation du stock semencier (des graines de folle avoine ou de vulpin peuvent encore germer 15 ans après leur production), impact sur la récolte ou la qualité, etc.

Or, les solutions dans cette culture ne sont pas nombreuses : considérer l’orge de printemps comme une culture de diversification est en tous cas illusoire dans des systèmes infestés en ray-grass, qu’ils soient ou non résistants, en raison du manque de solutions possible et des levées continues de cette espèce.

Le vulpin semble plus rare, sauf dans certaines zones où il lui arrive d’envahir les cultures d’orge de printemps, même si elles sont semées au printemps. Les raisons de ces levées à contre temps des classiques levées automnales sont en cours d’investigation (encadré). Du côté de la folle avoine, assez répandue, un produit foliaire pourra gérer correctement les choses. Du côté des dicotylédones, la flore est souvent mixte entre les adventices traditionnelles et des plantes à germination printanière comme les renouées mais pour les maîtriser, plusieurs matières actives efficaces existent.

Tenir propres ses orges de printemps semées à l’automneLes herbicides de la liste IFBM autorisés sur les orges d’hiver sont possibles sur des orges de printemps semées à l’automne (Opsa), mais les solutions de désherbage en sortie d’hiver sont quasi inexistantes en raison des résistances. Mieux vaut donc, si l’on souhaite implanter une orge de printemps à partir de début novembre, choisir une parcelle avec des infestations faibles. Cela économise un herbicide en cas de gel de la culture et permet de gérer durablement des parcelles encore propres. Des produits racinaires d’automne sont aujourd'hui encore autorisés au sens de l’homologation mais il faut faire attention à leur sélectivité.

Les solutions de post semis – prélevée sont à privilégier. En effet, lorsque les créneaux de semis sont bons à ces dates-là, ils sont également bons pour des positionnements de prélevée avec moins de problème de sélectivité. Les positionnements postlevée précoces à « 1-2 feuilles » en décembre pour des semis de novembre sont souvent plus délicats en raison de sols trop humides et d’un risque réel de gel et, donc, des sélectivités plus risquées.

Depuis trois ans, des essais sont mis en place sur cette question de la sélectivité. En prélevée, les modalités solo Trooper 2,5 l et Trinity 2l sont par exemple sélectives sur les trois essais avec des conditions climatiques différentes. Toujours en prélevée, la sélectivité est moins bonne pour Battle Delta 0,6l, tout juste acceptable, quand le mélange Defi 2,5l + Battle Delta 0,5l est rédhibitoire. En postlevée, le changement de positionnement de Battle Delta avec Fosburi 0,6l au stade « 1-2 feuilles » améliore sensiblement la sélectivité mais la marge reste inférieure aux modalités Trooper ou Trinity.

Intervenir mécaniquement

Vu ces limites, il faut profiter de tous les leviers agronomiques disponibles pour détruire un maximum d’adventices avant et après la culture intermédiaire. Semé au printemps, l’orge de printemps offre l’opportunité d’interventions mécaniques beaucoup plus efficaces que sur cultures d'automne, avec une herse étrille, une houe rotative ou un roto-étrille. Ces outils doivent être choisis en fonction du sol à travailler, sachant qu’ils restent plus efficaces sur les graminées que sur les monocotylédones. Leur passage s’effectue soit en prélevée à l’aveugle, soit sur une culture très bien implantée. Dans ce second cas, il est préférable d’augmenter un peu sa densité de semis, de 10 à 15%, pour compenser les pertes de pieds possibles. C’est au stade « filament » des graminées que le passage sera le plus efficace, sachant qu’au-delà du stade « 1 feuille », ces plantes seront difficiles à arracher. La renouée des oiseaux est dans le même cas.

Du côté des herbicides, les programmes recommandés par Arvalis intègrent l’alternance des modes d’action (tableau 1), en indiquant les groupes HRAC (groupe 1, 2...), chaque chiffre correspondant à un mode d’action spécifique.

PROGRAMME DE DéSHERBAGE : s’adapter à la flore dominante

La liste des produits proposés n’est pas exhaustive mais tous les produits cités sont référencés dans la « liste des spécialités phytopharmaceutiques recommandées sur orge de brasserie », éditée par les Malteurs et Brasseurs de France. Seuls les produits autorisés pour ce débouché peuvent être utilisés. Si quelques produits à base de chlortoluron sont possibles sur des orges de printemps avant le 1er mars et sur des sols non drainés artificiellement, aucun n’est autorisé sur des orges brassicoles semées au printemps et ils ne sont donc pas intégrés aux préconisations d’Arvalis.

Les prix et les Indices de Fréquence de Traitement (IFT) sont donnés à titre indicatif. Les coûts intègrent le prix de l’adjuvant quand celui-ci est préconisé.

En cas de ray-grass résistants au groupe HRAC 1, l’Avadex ne pourra pas gérer seul une infestation significative, mais il est indispensable.

Le vulpin lève aussi au printemps

Depuis trois ou quatre ans, l’émergence de vulpins dans les orges de printemps semées au printemps complique encore la donne dans des régions comme la Lorraine. Il est loin le temps où l’orge de printemps permettait de diversifier la rotation et de lutter contre les graminées. « Nous n’avons pas de solution chimique efficace pour gérer ces vulpins, ni de produits racinaires pour les orges de printemps semées au printemps, ni de produits foliaires en raison de la montée des résistances », remarque Pascaline Pierson, ingénieure régionale Arvalis à Saint-Hilaire en Woëvre (55). C’est, certes, une mauvaise nouvelle, mais il en existe de meilleures. Ainsi, le désherbage mécanique est-il bien plus facile à réaliser au printemps : les conditions pédoclimatiques, notamment le ressuyage, ouvrent de plus nombreux créneaux d’intervention. « Nous conseillons de passer la herse étrille ou la houe rotative 7 jours après le semis, ce qui permet de travailler toute la surface du sol puisque les vulpins lèvent plus vite que l’orge. Puis un second passage à "1-2 feuilles" n’entraine que peu de pertes, en tout cas elles sont techniquement acceptables, surtout avec une légère augmentation de la densité de semis de 10%. L’orge n’a en effet pas la même capacité de compensation qu’un blé » détaille Pascaline Pierson.

La prolifération des graminées adventices dans les orges de printemps complique le désherbage.

Des essais pour comprendre les levées

Le premier conseil reste toujours de semer sur une parcelle propre. « Encore un avantage de semer les orges de printemps après l’hiver : il y a toujours une reprise après un couvert, qu’elle soit chimique ou physique. Elle va donc déjà détruire les vulpins qui ont levé à l’automne, ceux qui sont les plus nombreux ».

Pour comprendre la cinétique des levées de vulpin, Arvalis conduit une série d’essais. Après une première campagne d’observations, les résultats sont à prendre encore avec précaution. « La recrudescence des levées printanières de vulpin nous interroge, mais pour la première année d’observations, nous n’avons pas eu de levée massive, même si quelques levées plus tardives pourraient expliquer des présences de vulpin sur les cultures de printemps » explique Ludovic Bonin, spécialiste désherbage chez Arvalis.

Plusieurs hypothèses sont avancées. Celle d’une pression de sélection suffisante pour sélectionner dans les populations de vulpins, des plantes à levées plus étales ou printanières est possible, mais peu probable. La seconde hypothèse serait que les vulpins de printemps, même s’ils sont présents dans la même proportion qu’auparavant, se voient davantage en raison d’un stock de semences bien plus élevé. « Il ne faut pas négliger les effets de dormance avec des automnes secs et des hivers peu rigoureux qui pourraient exacerber ces levées de printemps » ajoute Ludovic Bonin. Le dispositif d’investigation, sur la base d’un protocole très simple avec un suivi régulier de zones fixes, se déploie sur quatre sites. à Châlons-en-Champagne par exemple, le pic de levée à l’automne est caractéristique mais certains vulpins sont au stade « filament » début janvier. Si elles ne sont pas contrôlées par l’application d’automne, ces levées peuvent expliquer des infestations constatées en fin de cycle. « Les quelques levées sur les sites de Châlons et de Bourges en janvier/février, même si elles sont limitées, peuvent expliquer une importante présence d’épis en fin de cycle et des déceptions au niveau du désherbage » conclut Ludovic Bonin.

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Yanne Boloh

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