Démonstrateur TSE : un tremplin d’essai pour les agriculteurs

Le groupe français TSE vient d’inaugurer en Haute-Saône un premier démonstrateur agrivoltaïque pour grandes cultures. Sylvain Raison, agriculteur, précise les raisons qui l’ont poussé à participer à l’aventure.
Démonstrateur TSE : Un tremplin d’essai pour les agriculteurs

TSE conçoit, construit et exploite des centrales solaires en France. Le groupe a développé une « canopée » photovoltaïque compatible avec les grandes cultures (encadré p.52). Le premier démonstrateur a été construit sur trois hectares de l’exploitation agricole de Sylvain Raison. L’agriculteur franc-comtois exploite 850 ha en agriculture de conservation des sols, dont 200 ha de prairies en zones pentues ou inondables. Il produit en conventionnel des cultures de rente et des CIVE destinées à la méthanisation sur environ 95 % de la SAU, et des cultures fourragères pour ses vaches laitières.

Perspectives Agricoles : Qu’est-ce qui a attiré votre attention sur cette technologie et qu’espérez-vous de ce projet ?
Sylvain Raison :
La Haute-Saône fait face à des étés très chauds et secs qui pénalisent mes cultures, non irriguées. Et comme tout le monde, je suis confronté aux fluctuations des prix agricoles et à la hausse actuelle du prix des engrais, de l’énergie, du GNR et du coût d’entretien du matériel. J’attends de cette ombrière qu’elle soulage mes cultures en été, mais aussi qu’elle atténue les autres aléas climatiques (gels tardifs, intempéries violentes) avec, à la clef, moins de variabilité des rendements. Je recherche aussi à diversifier et à stabiliser mes revenus. Ce partenariat avec TSE m’offre un gain complémentaire fixe. À terme, j’espère tirer profit de la production électrique elle-même, en investissant en propre ; j’envisage de faire installer par TSE plusieurs canopées sur mon exploitation, et d’associer ma commune à ce projet . Il est important que les agriculteurs participent, selon leurs moyens, au financement de tels projets afin d’être partie prenante de la production d’électricité.

P.A. : Comment s’est établi ce partenariat et quel type de contrat avez-vous noué ?
S. R. :
J’ai su que TSE prévoyait d’installer sept projets agrivoltaïques en grandes cultures en France par une connaissance commune qui m’a convié à une réunion d’information en septembre 2020. J’ai signé avec le groupe une promesse de bail en décembre 2020 - un bail emphytéotique de 40 ans portant sur les 3 ha couverts par la canopée. La fourchette de rémunération proposée par TSE pour ce type de bail est de 1500-2000 €/ha/an selon le volume sous la canopée, la distance au poste source ou encore la nature du terrain. À ce revenu locatif s’ajoute un contrat de neuf ans comme prestataire de services pour réaliser et suivre les cultures.

P.A. : Comment s’est déroulé le chantier ?
S. R. :
Il a débuté en octobre 2021 et a duré sept mois. L’installation est complètement réversible. La structure est équipée de trackers : les panneaux suivent la course du soleil. Pour chaque culture, nous cherchons à identifier les variétés qui s’adaptent le mieux à cet ombrage partiel et tournant. Certaines cultures réagiront sans doute mieux que d’autres - les neuf ans de suivi agronomique nous le diront ! Pour cette première campagne, compte tenu de la date de fin de chantier et du coût actuel des engrais, j’ai semé du soja - six variétés de précocités différentes. Après le soja, je sèmerai du blé tendre d’hiver, puis sans doute du colza.

P.A. : Quels sont vos premiers constats ?
S. R. :
La faible emprise au sol du dispositif et sa hauteur s’avèrent compatibles avec la plupart des matériels agricoles standards : semoirs, pulvérisateurs… C’est plus compliqué avec le matériel de récolte : avec les trémies ouvertes, c’est tout juste.
Sous la canopée cet été, la température était plus faible d’environ 4°C et il faisait plus humide. Aujourd’hui, la biomasse du soja est belle, mais la maturité varie selon les variétés ; certaines variétés peu précoces sont encore vertes quand d’autres sont bien jaunes. On verra à la récolte si cela impacte le rendement, mais impossible de tirer déjà des conclusions.

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