Faut-il craindre les effets du gel sur les céréales à paille ?

Les conditions actuelles doivent-elles générer de craintes particulières pour les céréales d’hiver ? L’épisode de froid actuel doit être surveillé sans être dramatisé. Retour sur les mécanismes en jeu dans la résistance au gel des cultures et leurs capacités de compensation.
Les céréales à paille disposent de capacité de résistance au gel

Les gelées actuelles peuvent-elles causer des dégâts sur les céréales semées à l’automne ? Les températures annoncées pour ce début janvier 2024 ne sont pas exceptionnellement froides, mais elles arrivent brutalement. L'endurcissement des plantes est faible ou incomplet. Lorsque la chute des températures est progressive, les plantes ont le temps de s’adapter. L’endurcissement au froid s’acquiert progressivement et atteint son maximum au début ou au milieu du tallage, puis se perd. Les jeunes plantes, jusqu’au stade 1re feuille, sont ainsi plus vulnérables au gel. En cas de chute brutale de la température, a fortiori si la plante est soumise à des épisodes de gel successifs, les contraintes exercées peuvent entraîner un éclatement irréversible des cellules.

Le sol, moins froid que l’air en début d’hiver, joue un rôle protecteur sur une période néanmoins limitée. Il peut également générer des contraintes mécaniques sur les racines et la base des tiges. En cas d’humidité élevée, le sol peut prendre en masse ou se soulever et conduire à un déchaussement des racines.

Or en ce début 2024, les sols sont gorgés en eau et certaines parcelles sont peu développées. Heureusement, les zones les plus froides ne sont pas forcément les zones où les situations agronomiques à risque (blé dur, orge de printemps semées en automne) sont fréquentes. Les parcelles en cours de levée et dont les sols sont encore gorgés en eau pourraient subir des effets de gel mécanique.

L'orge de printemps semée à l'automne est la plus à risque

Toutes les céréales à paille ne présentent pas la même sensibilité au gel : il faut en premier lieu considérer l’effet génétique, selon l’espèce et la variété. L’orge de printemps semée à l’automne est l’espèce la plus à risque. Viennent ensuite l'avoine, le blé dur, l’orge d’hiver et le blé tendre. Le triticale et le seigle sont potentiellement les céréales les plus résistantes au gel. Les variétés sont plus ou moins sensibles aux basses températures (figure 2) et font preuve d’une rapidité d’endurcissement variable. La résistance au froid est aussi influencée par la précocité à montaison.

Figure 2 : Niveaux maxima de résistances au froid et variabilité génétique chez différentes espèces

Le choix de la variété et de la date de semis doivent donc viser, surtout dans les zones à risque, une acquisition rapide de la résistance au froid et une durée de cette résistance la plus longue possible. L’historique est également important : l’âge des plantes, la croissance avant le gel, ou encore la fragilisation par un traitement herbicide, peuvent expliquer des différences de comportement entre les parcelles.

Comment atténuer les conséquences d’un gel ?

Les conditions de reprise sont primordiales. Un cumul d’épisodes de gel peut entraîner un dépérissement progressif ou des pertes de pieds. L’enjeu est alors de savoir si l’apex est touché. Selon le moment où le gel est intervenu, il y aura donc soit une simple défoliation, soit une perte de quelques talles, soit un dépérissement complet du pied. Un rattrapage lors du tallage et de la montaison est possible tant qu’il reste une petite centaine de pieds par mètre-carré, seuil variable selon le contexte. L’évaluation des dégâts est cependant difficile à réaliser tant que les conditions de reprise de végétation ne sont pas franches. Seule la prévention est possible à travers le choix d’un bouquet variétal et des dates de semis adaptées.

Dans le cas où une culture a été touchée, il faut lui éviter tout stress supplémentaire. En sortie d’hiver par exemple, un apport d’azote, en petite quantité du fait des faibles besoins, peut faciliter le redémarrage de la culture, alors qu’une intervention herbicide peut provoquer une phytotoxicité très préjudiciable.

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