Identifier les carences en phosphore

Les cultures comme le colza ou les pommes de terre sont sensibles aux carences en phosphore, en particulier en début de cycle. A la lecture des analyses de terre, un apport peut s’imposer.

L’absorption du phosphore par les plantes doit être optimale principalement en début de cycle (début tallage sur céréales à paille). Une alimentation limitante à ce moment affecte la croissance racinaire et foliaire précoce. Cela se répercutera sur le reste du cycle en limitant l’accès ultérieur aux réserves de phosphore dans le sol.

Sur grandes cultures, les apports complémentaires de phosphore en végétation ne sont pas efficaces sur la production, sauf en sortie d’hiver sur cultures d’automne mais avec une efficacité partielle.

Des niveaux d’exigence différents selon les cultures

Les cultures présentent des sensibilités différentes à la déficience en phosphore. Elles se répartissent en trois classes d’exigence : forte, moyenne et faible (tableau 1). Le niveau d’exigence a été déterminé par la perte moyenne de rendement des cultures en l’absence de fertilisation, sur un grand nombre d'essais de longue durée.

Tableau 1 : Exigence des cultures en phosphore et enjeux sur le rendement
Exigence des cultures en phosphore et enjeux sur le rendement

Trois méthodes pour mesurer le phosphore du sol

Une très faible part du phosphore total est présente dans la solution du sol à un moment donné sous forme d’anions, principales formes absorbées par les plantes. Les autres formes de phosphore sont le phosphore lié à la phase minérale du sol et le phosphore organique rendu disponible par minéralisation.

En France, trois méthodes d’analyse sont utilisées, selon les régions et les laboratoires. Ces méthodes extraient le phosphore soluble dans la solution du sol et le phosphore adsorbé sur la phase solide (part différente selon le réactif utilisé), censés représenter le phosphore biodisponible.

La méthode Dyer présente l’inconvénient de surestimer la disponibilité en phosphore du sol dans certaines situations, à cause de l’utilisation d’un extractant « agressif ».

La méthode Joret-Hébert est bien référencée sur les essais, mais réservée aux sols calcaires.

La méthode Olsen, utilisant un extractant plus doux, présente l’intérêt d’être plus proche de la réelle biodisponibilité pour les cultures.

De la teneur du sol au conseil de fumure

Dans les années 1990, le Comifer* a construit une méthode de raisonnement, associée à la définition de deux teneurs-seuils (Timpasse et Trenforcée), permettant de positionner les analyses de terre des agriculteurs et de proposer un conseil de fumure.

Ces teneurs-seuils ont été déterminées d’après les résultats de nombreux essais de longue durée :
• Timpasse : teneur au-delà de laquelle la suppression de fumure n’entraine pas de chute de rendement significative.
• Trenforcée : teneur au-dessous de laquelle il est nécessaire d’apporter une dose supérieure à l’entretien.

Consultez les valeurs des teneurs-seuils, par classe d’exigence, pour les trois méthodes d'analyse et pour les principaux types de sol en France.

Pour définir la dose de phosphore à apporter, la méthode COMIFER intègre trois critères de raisonnement : l’exigence de la culture, la teneur en phosphore du sol et le passé récent de fertilisation. Ces trois critères sont croisés dans une grille de calcul de dose, donnant un coefficient multiplicatif des exportations. Le conseil de fumure peut prendre trois formes (tableau 2) :
• une dose nulle (ou impasse annuelle), si la teneur en phosphore du sol est supérieure à Timpasse ;
• une dose d’entretien, de l’ordre des quantités exportées (Timpasse > teneur sol > Trenforcé) ;
• un renforcement de la fumure, si la teneur en phosphore du sol est inférieure à Trenforcée.

Tableau 2 : Principe de calcul de la dose en phosphore et potassium
Principe de calcul de la dose en phosphore et potassium

*Comifer : comité d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée

Pour en savoir plus, la brochure « L’interprétation de l’analyse de terre » est disponible sur le site des éditions ARVALIS.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.