Adjuvants aux herbicides : des associations aux effets inégaux

L’efficacité de six adjuvants homologués, seuls ou associés, a été évaluée en blé tendre lors de l’application d’Atlantis Pro en sortie d’hiver, sur vulpins.

Sels, mouillants, huiles… Les différents types d’adjuvants ont pour objectif de maximiser l’efficacité des produits phytosanitaires, principalement en facilitant leur l’étalement, leur pénétration et/ou leur rétention dans la plante, ou en corrigeant la dureté de l’eau.

À chacun son rôle

Les huiles facilitent la pénétration foliaire des substances actives dans les plantes. Elles s’utilisent essentiellement avec des produits systémiques comme les sulfonylurées, par exemple, et sur des plantes peu mouillables. Attention, toutefois : ajoutées à des herbicides de contact (voire racinaires), elles peuvent réduire la sélectivité des herbicides pour la culture.

Les adjuvants dits « mouillants » agissent sur la répartition de la bouillie à la surface de la feuille, et éventuellement sur l’adhérence de la bouillie lors de l’impact de la gouttelette sur la feuille.

De manière secondaire, certains mouillants pourraient agir sur la qualité de pulvérisation en limitant la dérive. Ils agissent principalement sur les caractéristiques de la bouillie herbicide en diminuant la tension de surface des gouttelettes, et donc l’étalement. Ces adjuvants ont davantage d’intérêt sur des plantes non mouillables (graminées, etc.) que sur des plantes mouillables (gaillet, véroniques…).

Les sels à base de sulfate d’ammonium, qui s’utilisent en mélange avec d’autres adjuvants, ont deux rôles. Ils sont « humectants » : en diminuant la tension de vapeur de la bouillie, ils limitent sa dessiccation. Ils ont aussi un rôle correcteur en réduisant l’antagonisme lié à certains cations présents dans la bouillie (Ca++, Fe++, Mg++, Zn++…). Ce dernier rôle est très connu pour le glyphosate.

Deux spécialités se démarquent en solo en 2017

L’effet de six adjuvants (tableau 1) pour herbicides en blé a été évalué en 2016 et 2017. Le désherbage a été effectué en sortie d’hiver avec l’anti-graminées Atlantis Pro. Des associations d’adjuvants mouillants + huile ont également été étudiées.

En 2017, dans le cadre d’un unique essai à Beaumesnil (27), l’herbicide a été appliqué sur une forte population de vulpins (72 plantes/m²). La présence de populations résistantes aux inhibiteurs de l’ALS doit être prise en compte dans l’interprétation des résultats de cet essai ; en effet, l’efficacité du désherbage obtenue en appliquant Atlantis Pro seul (dosé à 0,6 l/ha pour mettre en évidence l’effet « adjuvant ») n’a été que de 10 %. Même avec adjuvants, l’efficacité plafonne à 25 %

Il est donc préférable de compiler ces résultats avec ceux des essais de 2016 (figure 1).

La comparaison des efficacités de l’herbicide Atlantis Pro additionné d’un unique adjuvant met en avant deux spécialités. Pixies (dosé à 0,2 %) et Astuss (à 1 %) sont légèrement au-dessus de la référence Actirob B (en base 100). En revanche, Fieldor Max (0,15 %) et Adenda (1 l) sont légèrement en dessous.

Des associations sel + huile aux résultats contrastés

L’effet de l’ajout d’Actimum, humectant et correcteur d’eau, à différents adjuvants homologués s’avère très variable en 2017. Dans trois situations (avec Actirob B, Adenda et Fieldor Max), il améliore l’efficacité du désherbage par rapport à l’herbicide adjuvanté de 5 à 10 points ; seule l’association Actimum + Actirob B procure une efficacité de désherbage comparable à celles obtenues avec Pixies et Astuss. Étant donné la faible efficacité du désherbage en 2017, il est toutefois difficile de tirer des conclusions généralisables à toutes les situations.  Néanmoins la synthèse des essais 2016-2017 semble montrer que l’ajout d’Actimum à Pixies a un effet neutre à positif (deux essais neutres, un très positif, un négatif - celui de 2017 en faible efficacité). Une conclusion équivalente peut être tirée pour Astuss, avec un effet Actimum variable (entre neutre et positif). L’essai 2017 a fait baisser les moyennes, avec des réactions très contrastées. Enfin, comme identifié depuis plusieurs campagnes, les mélanges huile + mouillant ne font pas forcément bon ménage : leur efficacité est équivalente à celle obtenue avec de l’huile seule et est généralement inférieure au mouillant seul.

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