Une enquête pour évaluer les dégâts des ravageurs du maïs

Face à la diminution de solutions de lutte, les attaques de bioagresseurs touchent de plus en plus fréquemment les parcelles de maïs, avec des intensités variables. Afin de mieux identifier les problématiques régionales, ARVALIS – Institut du végétal propose une enquête aux agriculteurs et techniciens ayant observé des dégâts dans les parcelles.

L'objectif du questionnaire est de dresser un état des lieux de la pression exercée par les principaux ravageurs du maïs.

Pour y répondre, participez en ligne à l’enquête sur les ravageurs du maïs en région Ile-de-France - Centre - Auvergne - Limousin.

En complément, revenons sur les pressions des principaux bioagresseurs du maïs en 2021.

Les oiseaux

La durée d’exposition des maïs a été particulièrement élevée cette année, en raison des températures fraîches après le semis (avril et mai). Les remontées de dégâts ont été nombreuses selon les secteurs, confirmées par les données du réseau de Surveillance Biologique du Territoire (dans le Centre par exemple, une parcelle sur deux a subi des dégâts en 2021, contre moins de 20 % les dernières années).

Le seul produit homologué sur corvidés affichant une efficacité était Korit 420 FS, à base de Zirame. Son utilisation avait été prolongée jusqu’au 30 avril 2021. Korit 420 FS ne sera donc plus utilisable pour les campagnes à venir. Dans les situations particulièrement exposées, l’augmentation de la profondeur de semis de 1-2 cm peut se révéler efficace pour limiter les dégâts. Les solutions d’effarouchement sont, quant à elles, plus aléatoires et efficaces sur des durées restreintes.

Les taupins

Depuis plusieurs années, des attaques de taupins sont observées dans la région, y compris dans des parcelles en zones historiquement non concernées.

Le risque d’apparition de dégâts est favorisé par :
• la présence de prairies de plus de 4 ans dans la rotation ; les dégâts sont plus fréquents les deux premières années après retournement.
• la structure du sol : les terres légères riches en matière organique sont favorables au développement et au déplacement des larves.

Tableau 1 : Moyens de lutte contre le taupin
Moyens de lutte contre le taupin

Figure 1 : Protection contre les taupins - Synthèse d’essais maïs grain et maïs fourrage [2014-2020]
Protection contre les taupins

La technique de lutte agronomique la plus travaillée est celle des « appâts » : détourner les larves de taupins pour protéger les plantules de maïs est une stratégie qu’ARVALIS étudie depuis près de 20 ans. Malgré des efficacités largement inférieures aux solutions de protection alors disponibles, l’institut a poursuivi et intensifié les expérimentations au cours des dix dernières années, ce qui permet aujourd’hui de préciser les conditions dans lesquelles la technique peut présenter une efficacité intéressante, mais aussi de décrire les limites de cette stratégie si sa mise en œuvre n’est pas optimale. Parmi les modalités étudiées à ce jour, le meilleur niveau de protection est obtenu avec un appât constitué d’un mélange associant des grains de blé et de maïs. Si le blé seul est utilisé en appât, l’efficacité est plus limitée (figure 2).

Figure 2 : Protection contre les taupins : appâts - Synthèse d’essais maïs [2012-2020]
Protection contre les taupins : appâts

Les pucerons

Les trois espèces les plus couramment rencontrées sur maïs sont Metopolophium dirhodum, Sitobion avenae et Rhopalosiphum padi (tableau 2). La plus à craindre aux stades précoces des maïs est Metopolophium dirhodum (puceron de couleur vert amande). Sa salive toxique peut être à l’origine de dégâts significatifs sur maïs. D’après le réseau de Surveillance Biologique du Territoire, les infestations par Metopolophium dirhodum ont été plutôt faibles cette année. Le puceron des épis Sitobion avenae était lui bien présent : il est arrivé sur les parcelles mi-juin (conditions chaudes), mais le véritable pic est survenu un mois plus tard, autour de la période de floraison. La production de miellat peut, dans le cas de fortes infestations, nuire à la fécondation des maïs. Quant à Rhopalosiphum padi, il est généralement plus discret et arrive plus tardivement en parcelles (août).

Tableau 2 : Les différentes espèces de pucerons présents sur maïs dans la région et les seuils de nuisibilités
Les différentes espèces de pucerons présents sur maïs dans la région et les seuils de nuisibilités

Attention cependant, en cas de forte sécheresse, ces seuils doivent être abaissés.

Les pyrales

Cette année, l’activité pyrale a été réduite. Les populations sont plutôt faibles depuis plusieurs années, et les conditions de températures déficitaires du printemps ne leur ont pas été favorables.

La lutte agronomique contre les pyrales reste le broyage des cannes de maïs après la récolte, que l'on soit en monoculture de maïs ou en maïs assolé. Cela permet de diminuer la population de larves de pyrale présentes à l'automne de l'ordre de 70 à 80 % (selon la qualité du broyage et le climat hivernal).

Côté lutte biologique ou phytosanitaire, les informations relatives à la dynamique des vols servent essentiellement au positionnement des interventions selon les règles suivantes :
- Début de vol : lâcher de trichogrammes qui visent les périodes de pontes (action ovicide).
- Approche du pic de vol : positionnement des interventions chimiques (pyréthrinoïdes ou Coragen) qui visent les jeunes larves au stade baladeur.

Rappelons que pour le secteur Beauce, la présence avérée de pyrales résistantes aux pyréthrinoïdes limite l’intérêt de recourir à cette famille chimique. On privilégiera les solutions qui font appel à d’autres modes d’action (Coragen, Steward ou Succes 4) ou aux trichogrammes, tout en gardant en mémoire que le recours au biocontrôle (trichogrammes) permet de prévenir l’émergence éventuelle de résistances aux biocides.

Les sésamies

Ce nuisible est sensible au froid, ce qui habituellement limite sa présence au nord de la région. Cette année, du fait du printemps frais, sa présence a été relativement discrète.

Les chrysomèles

Ce ravageur invasif est un coléoptère originaire d’Amérique dont les larves se nourrissent des racines du maïs. Organisme de quarantaine jusqu’en 2014, il a été détecté à plusieurs reprises depuis son introduction en Ile-de-France en 2002, et très ponctuellement en Auvergne. Le réseau de Surveillance Biologique du Territoire d’Ile-de-France a permis le piégeage de plusieurs chrysomèles au cours des campagnes 2020 et 2021. Le niveau de population encore faible sur ce territoire n’a, pour le moment, entraîné aucun dégât. Sa présence est très fortement limitée dès lors qu’une rotation est en place et que la succession de deux maïs est évitée.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.