Réduction des phytos : des solutions testées près de chez vous.

13 projets, 90 sites, 132 systèmes de culture testés : le nouveau programme expérimental DEPHY EXPE grandes cultures est désormais en place pour 6 ans. Il a pour objectif d’évaluer des systèmes de culture sans produits phytosanitaires ou les utilisant en ultime recours.
Des systèmes innovants pour réduire les produits phytosanitaires.

De 2012 à 2018, une première série de projets de recherche, menés dans le cadre du réseau DEPHY EXPE (encadré), a repéré des systèmes de culture prometteurs. Les références acquises ont également permis d’affiner les conseils agronomiques pour des itinéraires techniques économes en produits phytosanitaires sur chacune des grandes cultures. Toutefois, il reste encore du travail pour réduire de façon plus conséquente, et surtout durable, l’usage des produits phytosanitaires, sans mettre en péril les exploitations agricoles. Dans le cadre du plan « Ecophyto 2 », deux appels à projets lancés en 2017 et 2018 ont renouvelé et renforcé le réseau d’expérimentation DEPHY EXPE pour répondre à la diversité des besoins dans toutes les régions de France. L’accent est notamment mis sur la mobilisation de plusieurs leviers de gestion complémentaires dans un système dont la cohérence d’ensemble est repensée.

Un large réseau d’expérimentations

Le réseau DEPHY EXPE regroupe différents acteurs du monde agricole (instituts techniques, chambres d’Agriculture, Inra, coopératives, enseignements, OP…). Il couvre l’ensemble des filières végétales françaises. Chaque projet se compose d’un ou plusieurs sites expérimentaux et fédère en moyenne cinq partenaires. Des fiches présentant les systèmes de culture testés dans le réseau DEPHY EXPE et les résultats obtenus (2012-2018) sont disponibles sur www.ecophytopic.fr/dephy/dephy-dephy-expe. De son côté, le réseau DEPHY FERME fédère 3 000 exploitations agricoles. Depuis le début du programme DEPHY en 2011, les fermes en grandes cultures et polyculture-élevage du réseau ont diminué leurs indicateurs de fréquence de traitements de 21 %. Ce sont surtout les fongicides, les insecticides et les régulateurs qui ont diminué. Les agriculteurs se sont appuyés sur la génétique, les décalages de semis, les mélanges d’espèces et un meilleur suivi des cultures. La réduction d’usage des herbicides s’est avérée plus difficile. Le programme DEPHY EXPE 2018-2024 s’attache en particulier à trouver de nouvelles solutions aux problématiques rencontrées dans le réseau FERME.

Sans travail du sol et sans glyphosate ?

Il apparaît particulièrement difficile de réduire les indicateurs de fréquence de traitements (IFT) herbicides en semis direct. Le retrait du glyphosate accentue ces difficultés. Deux projets, « XPE-Grand Est » dans la zone est de la France et « REDUCE » en Occitanie, pilotés par les chambres d’Agriculture, cherchent ainsi à répondre à la question suivante : peut-on cultiver sans travail du sol et sans glyphosate ? Ces deux projets valorisent un réseau dense d’essais et de parcelles agricoles pour mettre à l’épreuve différentes combinaisons de techniques.

Alors que le glyphosate est en sursis, le retrait des néonicotinoïdes a conduit la chambre d’Agriculture des Vosges à mettre à l’épreuve des systèmes sans traitement de semences (projet FAST).

Actionner les régulations naturelles en grandes cultures

Dans les systèmes colza-blé-orge, la multiplication des bioagresseurs résistant aux traitements, qu’il s’agisse d’adventices, d’insectes ou de maladies, a eu pour effet d’augmenter les IFT dans beaucoup d’exploitations ; souvent en vain, en tous cas avec un coût très élevé. Deux projets EXPE, « ABC » (INRA) et « R2D2 » (Terres Inovia), tentent de mettre fin à cette escalade par la mise en place de régulations à l’échelle des paysages. C’est aussi à cette échelle que sera traitée la lutte contre le campagnol dans le projet « MACC 0 » porté par la FREDON en Champagne-Ardenne.

En savoir plus
Toutes les informations sur les réseaux DEPHY EXPE et DEPHY FERME (brochures, vidéo de présentation, liste des projets…) sont à consulter ou télécharger sur www.ecophytopic.fr/dephy/dephy-dephy-expe.

Cultures à forte valeur ajoutée : embarquer les filières

Les exigences de qualité des cultures à forte valeur ajoutée représentent un autre défi. C’est avec l’ensemble de la filière que de nouveaux systèmes de culture plus économes pourront être définis. La FNAMS, avec le projet « Agrosem » (production de semences sans pesticides) et la chambre d’Agriculture des Hauts-de-France, en partenariat étroit avec la filière légumes industrie dans le projet « MiniPest », s’y sont attelées. En ligne de mire : produire des pommes de terre « zéro pesticide », par exemple.


L’agroécologie comme levier

Quatre projets mobilisent de façon très volontaire l’ensemble des atouts de l’agroécologie pour bâtir des systèmes avec de moins en moins de produits phytosanitaires. Cette idée est déclinée dans les projets « Syn0Phyt », de la chambre d’Agriculture de Bretagne et « System Eco+ » de l’Inra de Mons. Peut-on aller jusqu’à « zéro pesticide » ? à quelles conditions ? Les projets « Made in AB » (ITAB) et « Rés0Pest » (Inra) travaillent sur la durabilité des systèmes sans pesticides.

Nous terminons ce tour de France dans la vallée du Rhône, avec le projet « Empusa » du GRAB de la Drôme autour des systèmes agroforestiers. Arboriculture et céréaliculture se combinent pour explorer les différents compartiments du sol et accentuer les régulations naturelles. De nouvelles recherches en perspective.

La Cellule d’Animation Nationale DEPHY, avec les partenaires du réseau DEPHY EXPE, favorise le partage d’expériences et le transfert des résultats vers les exploitations agricoles à travers l’organisation de manifestations nationales ou locales, la diffusion de documents de synthèse ou encore l’organisation de visites des sites. Suivez les travaux des projets EXPE en rencontrant leurs acteurs sur le terrain et retrouvez les résultats obtenus sur le portail internet EcophytoPIC.


Cette action, qui regroupe aussi le réseau DEPHY FERME, est pilotée par le ministère chargé de l’Agriculture et le ministère chargé de l’Environnement, avec l’appui financier de l’Agence Française pour la Biodiversité, par les crédits de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto.

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