Observatoires de la fertilité des sols : premières données disponibles en région Ouest

Deux observatoires de la fertilité des sols ont été mis en place par Arvalis et ses partenaires, dans l’Ouest et dans le Nord. Ces observatoires permettent d’évaluer la fertilité des sols dans une diversité de contextes. Focus sur l’observatoire Ouest, lancé en 2021.
Les premières mesures de l’Observatoire de la fertilité des sols du Grand Ouest ont commencé en 2022 et se poursuivront jusqu’en 2028. Celles de l’Observatoire-Nord ont débuté en 2023 et s’achèveront en 2030.

Face aux contraintes croissantes s’exerçant sur les systèmes agricoles, notamment dues à l’augmentation des aléas climatiques et économiques, les exploitations cherchent comment préserver leurs rendements et leurs marges.

La préservation de la fertilité des sols a minima, et mieux, son amélioration, sont des pistes à explorer pour rendre les systèmes de production plus résilients et moins dépendants aux intrants et engrais de synthèse.

Jacques Orsini, Directeur de la région Ouest à ARVALIS

On ne peut pas aller trop vite dans les conclusions. C’est une étude de longue durée : il faudra plusieurs années de données avant de pouvoir délivrer des références.

Déjà deux observatoires de la fertilité des sols pilotés par Arvalis

Arvalis a répondu à cette demande en proposant aux différents acteurs des filières agricoles1 de mettre en place des Observatoires régionaux de la fertilité des sols : d’abord dans le Grand Ouest (lancé en 2021) puis dans le Nord (lancé en 2022). Au départ, les Observatoires permettent de faire un état des lieux de la fertilité des sols, puis suivent durant plusieurs années l’évolution de différents indicateurs de cette fertilité.

Benjamin Claustres, Technicien agricole chez Sèvre-et-Belle

La coopérative s’est engagée depuis un an dans l’Observatoire-Ouest avec deux parcelles en ACS depuis deux ans et en TCS auparavant, l’une sur une exploitation céréalière, l’autre en polyculture-élevage. Les sols de ces parcelles de Poitou-Charentes sont assez stables. Notre but est de voir comment leurs sols et leurs rendements, actuellement proches de l’optimal, vont évoluer avec le temps et d’en comprendre les raisons.

Ces réseaux de diagnostic et de suivi à moyen et long terme de la fertilité des sols sont composés d’une quarantaine de parcelles dans l’Ouest (carte) et d’une cinquantaine dans le Nord, représentatives des sols et des systèmes de production de chaque région.

Carte : la majorité des parcelles suivies par l’Observatoire-Ouest sont en polyculture-élevage ou en grandes cultures
La majorité des parcelles suivies par l’Observatoire-Ouest sont en polyculture-élevage ou en grandes cultures.

Ces observatoires permettent d’évaluer la fertilité des sols dans une diversité de contextes de production (type de sol, apports, cultures intermédiaires, travail du sol…) avec pour chaque indicateur toute une gamme de situations possibles (aucun travail du sol, pas de labour mais travail à dent, labour fréquent…). C’est une approche « multifactorielle » qui est recherchée.

À noter que d’autres essais régionaux permettent d’évaluer l’impact d’une pratique spécifique sur la fertilité, comme les dispositifs en bandes pour comparer plusieurs pratiques (apports de digestats, gestion des couverts végétaux…).

Christophe Guillon, Responsable du pôle « Productions végétales » chez Hautbois

La fertilité des sols est encore un peu nébuleuse : tout le monde se pose beaucoup de questions. Par exemple, entre toutes les méthodes de culture (conventionnelles, TCS, ACS, bio, etc.), y’en a-t-il qui améliorent ou, au contraire, dégradent le fonctionnement du sol ? En tant que technicien conseil, j’ai besoin de plus de connaissances sur ce sujet pour mieux accompagner les exploitants dans leurs choix. Autre exemple : on parle tout le temps des vers de terre - mais est-ce qu’ils apportent vraiment un « plus » ? Car le nerf de la guerre, c’est finalement le rendement et la rentabilité des productions. Dans le réseau de l’Observatoire-Ouest, je découvre des choses à chaque étape.

Premiers résultats de l’Observatoire-Ouest

Quatorze partenaires2 du monde agricole du Grand Ouest se sont associés à Arvalis pour mettre en place l’Observatoire de la fertilité des sols-Ouest. Les mesures en 2022 et 2023 ont permis de dresser un premier état des lieux de l’état de fertilité des sols dans les parcelles du réseau. Les types de sols rencontrés sont principalement des limons (hydromorphes ou non), des sols argilo-calcaires et quelques sols plus sableux. Les taux de matière organique varient de 1,4 à 5,7 %.

Concernant la fertilité biologique, les valeurs ont été comparées au référentiel Microbioterre3. Les gammes de valeurs (minimum, maximum, médiane) sont relativement proches du référentiel, avec des valeurs plutôt élevées pour la biomasse microbienne et le carbone labile au KMnO4. Les parcelles en sol argilo-calcaire avaient en tendance des valeurs élevées pour les indicateurs biologiques, en lien avec leur taux de matière organique élevée comparé aux autres parcelles. 

Thomas Roland, Responsable Innovation à la CAPL

Je gère les dossiers « Fertilité des sols » à la coopérative. On sent que ce sujet est un enjeu assez fort des années à venir, en lien avec les exigences de baisse des phytos et des intrants et les enjeux climatiques. Notre objectif est de mieux qualifier les sols et de mieux comprendre ce qui se passe, et Arvalis apporte de la rigueur scientifique à cette étude. Nous avons proposé de suivre trois parcelles en Maine-et-Loire ayant des potentiels moyens à bons, aux systèmes de culture bien différents : une en AB, une en ACS, et une en conventionnel avec labour. Le fait d’être en réseau collectif accroît le volume de données, et les échanges entre partenaires d’une même grande région sont très riches car nos problématiques sont similaires.

Concernant la fertilité physique, le niveau de tassement est faible à modéré selon les secteurs. La stabilité structurale des agrégats (mesure permettant d’évaluer les risques d’érosion hydrique et de battance) est variable, avec un peu moins de la moitié des parcelles qui présente une note indiquant un sol instable.

Olivier Michel, Ingénieur spécialiste Nutrition des plantes & couverts végétaux chez Eureden

Nous avons adhéré au réseau afin de mieux comprendre le fonctionnement des sols, notamment de sa composante biologique. L’objectif est d’aider nos adhérents à optimiser leurs pratiques, alors qu’ils doivent répondre à de nombreux défis : fixation du carbone, réduction des émissions de GES, réduction des intrants… Pour ce faire, l’une des clés majeures est une meilleure compréhension des leviers permettant d’améliorer le fonctionnement de nos sols. C’est certainement un élément de résilience.

Ces premiers constats seront à confirmer avec les mesures des prochaines années. Les effets des pratiques sur l’évolution des indicateurs ainsi que le lien possible entre les indicateurs pourront être étudiés après plusieurs années de mesures.

Laurent Varvoux, en charge de l’amélioration de la fertilité des sols à TERRENA

J’attends de cette étude qu’elle nous indique ce qu’il faut faire pour améliorer le rendement des cultures en fonction de l’état de la fertilité du sol.

Chaque année, Arvalis fait un retour aux partenaires à l’aide d’une fiche de restitution par parcelle, accompagnée d’un guide d’interprétation des indicateurs. Une réunion de restitution est également proposée aux partenaires afin d’échanger sur les résultats obtenus.

Jeanne Séronie-Doutriaux, responsable de la transition agroécologique au sein de la coopérative Le Gouessant

Je m’occupe des pratiques « bas intrants », du développement des filières et de la diversification des cultures - et le sol y joue un rôle très important. Nous accompagnons une partie de nos adhérents sur certains bassins versants ; derrière, il y a l’enjeu de la biodiversité, de la qualité de l’eau, de l’érosion. Nous espérons qu’un sol qui fonctionne bien sera plus résistant à l’érosion, limitera ruissellement et lessivage, et permettra un meilleur développement des cultures. Nos adhérents attendent que nous les aidions à optimiser leurs performances tout en étant plus durables, et plus économes en intrants - parfois en développant de nouvelles façons de faire. Cet observatoire est l’occasion d’améliorer nos connaissances.

(1) Des organismes économiques (coopératives agricole, négoces, industriels…), des chambres d’Agriculture, ainsi que des bureaux d’étude et des organismes de recherche.
(2) Agrial, Anjou Maine Céréales, CAPL, CAVAC, Eureden, Le Gouessant, Hautbois, Herbauges, Natup, Océalia, Sèvre et Belle, Terre Atlantique, Terrena, Terres de l’Ouest

(3) Référentiel issu du projet Microbioterre (2016-2022) piloté par Arvalis.

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