Quel intérêt de la diversité végétale pour limiter les populations de bioagresseurs ?

Le 20 octobre dernier, l’Inrae présentait les résultats d’une revue de bibliographie concernant les effets de la diversification végétale sur les bioagresseurs (adventices, ravageurs et maladies). Nous en présentons ici quelques enseignements.
Quel intérêt de la diversité végétale pour limiter les populations de bioagresseurs ?

Ce travail d’expertise a mobilisé plus de 30 scientifiques sur plus de deux ans, à la demande des ministères en charge de l’agriculture, de l’environnement et de la recherche. Ils se sont appuyés sur environ 1900 références scientifiques, essentiellement en agronomie / écologie mais également en économie et sociologie. Quatre grands leviers de diversification ont été explorés :

  • l’association de variétés ou d’espèces dans une même parcelle,

  • l’agroforesterie,

  • la diversification des rotations,

  • et l’augmentation de la quantité de milieux semi-naturels dans les paysages agricoles (par exemple bosquets, haies, prairies permanentes).

Diversifier améliore la régulation mais pas la production

Il en ressort en premier lieu que l’essentiel des modalités de diversification permet en général d’améliorer la régulation des bioagresseurs. Le niveau de preuve scientifique est toutefois extrêmement variable : il est par exemple très fort pour le contrôle des insectes ravageurs en cultures associées. En revanche, il existe peu de preuves sur l’effet des éléments semi-naturels dans le paysage sur ces mêmes ravageurs.

Le deuxième enseignement est que les modalités de diversification étudiées n’auraient pas d’impact majeur ni sur le rendement, ni sur la rentabilité des exploitations agricoles. Il existe toutefois trois situations dans lesquelles la diversification s’avère plutôt rentable : 1/ quand la pression en bioagresseurs est élevée, 2/ dans les systèmes à bas niveau d’intrants et 3/ quand un prix de vente faible est associé à un prix élevé des intrants.

Des freins techniques et organisationnels

Le troisième enseignement concerne les freins actuels à la diversification. Celle-ci implique souvent l’inclusion de nouvelles cultures dans l’assolement, que ce soit en association dans une parcelle, ou en allongeant la rotation. Cette inclusion peut être difficile à la fois en amont (difficultés à trouver des fournisseurs de semences, du matériel adapté…) et en aval (difficultés liées à la collecte, la transformation, la vente…). Un autre frein apparaît à l’échelle du paysage : la diversification implique alors la mobilisation d’acteurs divers (agriculteurs, gestionnaires et propriétaires forestiers, collectivités territoriales), la répartition des coûts de mise en place (lorsqu’il s’agit d’implanter des haies par exemple) et des bénéfices associés.

Il existe bien sûr encore beaucoup de trous de connaissances : on connaît par exemple très mal les conséquences de combinaisons de leviers de diversification sur des bioagresseurs multiples. L’étude rassemblant des contextes extrêmement divers (allant des jardins créoles aux grandes cultures nord-américaines), il sera nécessaire de bien clarifier dans quel contexte pédoclimatique telle ou telle modalité de diversification est efficace ou non, pour évaluer l’opportunité d’évolutions potentiellement majeures des systèmes de culture.

En l’état, la synthèse disponible, très générale, ne permet pas une valorisation directe dans les systèmes de grandes cultures. Cependant, le rapport complet est annoncé pour les prochaines semaines et devrait permettre d’identifier les pistes les plus intéressantes à explorer.

Pour en savoir plus, consultez la synthèse sur le site de l’Inrae.

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