« Plante de services » : une seule expression pour beaucoup d'options

Plantes compagnes, cultures dérobées, couverts pièges à nitrates, engrais vert… derrière toutes ces appellations se cachent des plantes de services. Et cette diversité touche aussi les espèces utilisables, les périodes de cultures et les services rendus. Quelques clés pour s’y retrouver.

Aucune définition officielle n’existe pour les « plantes de services ». Mais certaines caractéristiques reviennent souvent à leur évocation. D’une part, elles ne sont pas considérées comme des « cultures » au sens de culture principale de la rotation ; d’autre part, leur rôle est de fournir à la culture principale, ou à la parcelle, un ou plusieurs services écosystémiques. Il peut s’agir d’améliorer la fertilité des sols, de réguler les bioagresseurs, de piéger le nitrate, de favoriser la biodiversité… Ce ne sont donc pas des cultures destinées en premier lieu à être récoltées, même si cela reste possible.

Les plantes de services peuvent être cultivées en même temps que la culture de rente ou en décalage pendant l’interculture, sur la même parcelle ou à côté. Nous allons ici nous intéresser uniquement à celles cultivées sur les parcelles.

CIPAN, CIVE, CIMS… de nombreux acronymes pour les couverts d’interculture

Les couverts d’interculture sont des plantes de services cultivées entre deux cultures principales. Ils assurent plusieurs fonctions : limiter l’érosion et le ruissellement, apporter de la matière organique, ou encore favoriser la vie du sol. C’est pourquoi ils sont également désignés sous le terme de CIMS, pour « cultures intermédiaires multi-services ».

Il existe plusieurs types de CIMS. Les plus connues sont les CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) qui retiennent les éléments minéraux sensibles à la lixiviation. Une fois la culture détruite, il y a restitution des nutriments et fourniture de matière organique au sol par la même occasion. Les CIPAN sont souvent citées dans le cadre de la Directive Nitrates pour assurer la couverture du sol en interculture longue dans les zones vulnérables. Les listes des espèces possibles sont indiquées dans les programmes d’actions régionaux.

A l’instar des CIPAN, les engrais verts ont un rôle de fertilisation pour la culture suivante. Ce sont souvent des couverts à base de légumineuses. Cette famille végétale a la capacité de fixer l’azote de l’air grâce à une symbiose avec des bactéries. La restitution azotée est plus importante que pour les non-légumineuses. Cependant, la limitation de la fuite des nutriments est moindre. Les bénéfices des CIPAN et des engrais verts ne sont donc pas tout à fait les mêmes.

Face à ces couverts d’interculture qui sont entièrement restitués au sol, d’autres sont exportés pour être valorisés. C’est notamment le cas des dérobées fourragères et des CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique). Les premières sont destinées à l’alimentation animale et les CIVE apportent la matière première des unités de méthanisation. L’apport de biomasse est donc constitué uniquement des racines et de la base de la plante. Dans le cas des CIVE, cette quantité peut être de 2 t MS/ha.

Quand la plante de services accompagne la culture

Les plantes de services peuvent aussi être cultivées en même temps que la culture principale, au moins pendant une partie de son cycle. Elles sont alors qualifiées de plantes compagnes. Cette association peut notamment aider dans la lutte contre les bioagresseurs et les mauvaises herbes. Par exemple, l’augmentation de la densité et de l’homogénéité de la couverture du sol réduit la levée des adventices. Certaines plantes peuvent aussi servir de tuteur pour une seconde.

Une première possibilité de gestion repose sur la destruction de la plante compagne avant la récolte, lorsqu’elle avait été semée avant ou en même temps que la culture de rente. C’est, par exemple, le cas dans la technique du colza associé. L’autre option consiste à laisser la plante compagne comme couvert durant l’interculture après l'avoir implantée à la fin du cycle de la culture précédente.

Si le couvert associé est constitué d’une culture pérenne chevauchant le cycle de plusieurs cultures principales, on parle alors d’un couvert permanent. L’utilisation de luzerne est souvent citée dans ce cadre. Les bénéfices de la plante de services sont ici accrus avec la durée de présence du couvert qui est le plus souvent comprise entre 18 et 36 mois. Cependant, la gestion des couverts permanents est délicate. La réussite de cette technique repose sur la régulation du couvert afin qu’il ne prenne pas le dessus sur la culture de rente.

Inscription des plantes de services au catalogue officiel
Comme pour les cultures classiques, les plantes de services doivent être inscrites au catalogue officiel pour pouvoir être commercialisées. Elles doivent donc recevoir une validation des tests de distinction, homogénéité et stabilité (DHS) et une évaluation de leur valeur agronomique, technologique et environnementale (VATE). Dans le cas des plantes de services, l’évaluation VATE est réalisée par la Commission Inter-sections Plantes de Services (CISPS) du CTPS. Le service écosystémique revendiqué par l‘obtenteur doit pouvoir être vérifié. L’inscription à la liste A se fait sous la rubrique « Usage de plantes de services ».

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