La multiperformance : de quoi parle-t-on ?

La multiperformance est une préoccupation désormais omniprésente dans les travaux de recherche d’Arvalis. Mais que recouvre-t-elle et pourquoi une telle place ?
La multiperformance : de quoi parle-t-on ?

Perspectives Agricoles : à quoi correspond ce terme ?
Stéphane Jézéquel : La multiperformance, c’est l’exigence pour une exploitation d’être performante à la fois sur un plan économique, environnemental, technique, social. Pour Arvalis, il s’agit de choisir les projets et d’évaluer ses travaux de recherche à l’aune de cette multiperformance : quelles combinaisons techniques peuvent améliorer les systèmes de production agricoles ? Quels sont les gains générés pour les agriculteurs ? Quel est le meilleur compromis entre la rentabilité, la biodiversité, l’atténuation du changement climatique ? Si nos travaux permettent aux agriculteurs de combiner des techniques adaptées à leur exploitation et d’améliorer leurs systèmes, alors Arvalis aura joué son rôle.

P. A. : Pourquoi ce terme est-il ainsi à l’honneur ?
S. J. :
Parce que c’est une demande récurrente de la part des agriculteurs, car ils font eux-mêmes face à des injonctions diverses. L’agriculture française est engagée dans une transition agroécologique qui peut et doit atténuer le dérèglement climatique mais en passant par la réduction de l'utilisation de produits phytos et d’énergies fossiles, tout en préservant les potentiels de production.
Vu la complexité des questions posées par cette transition, on ne peut plus évaluer un outil ou un produit sur le seul critère de son efficacité ou de son prix. L’évaluation s’effectue donc en fonction d’une série de critères. Et l’assemblage pertinent des leviers dépend de la situation de chaque exploitation dans un territoire, un système de culture donné et des marchés spécifiques.
Cette notion de multiperformance a un autre avantage : elle permet d’expliquer au grand public qu’en mettant en œuvre telle ou telle combinaison de pratiques agricoles, les agriculteurs préservent la biodiversité et que leur système de production est vertueux tout en restant économiquement viable.

P. A. : Concrètement, qu’est-ce que ça change pour Arvalis ?
S. J. :
ça change tout : une évaluation multicritères est plus compliquée à réaliser qu’une « simple » évaluation technique ou technico-économique. Elle nécessite de s’appuyer sur des outils et méthodes adaptés, et de collaborer avec de nombreux partenaires. Chaque collègue doit pouvoir s’appuyer facilement sur ces outils et méthodes pour réaliser l’évaluation multicritère des solutions qu’il travaille. L’objectif est d’aller plus vite et plus efficacement vers les solutions combinatoires les plus prometteuses pour les agriculteurs.
Nous sommes déjà largement engagés sur cette voie. Ainsi dès 2021, les résultats d’essais de désherbage mixte du maïs avaient été analysé via Systerre (notre outil d’évaluation de la multiperformance) à la lumière de critères qui n’avaient rien à voir avec l’efficacité du désherbage, comme le temps de travail ou la consommation de carburant.
La mission d’Arvalis est de rechercher et de développer les meilleures pratiques, dans chaque situation particulière, pour tous les systèmes agricoles, qu’il s’agisse d’AB, d’ACS ou d’agriculture de précision. Cette volonté est d’ailleurs inscrite noir sur blanc dans notre projet d’entreprise « Arvalis 2025 ». Que met-on derrière l’adjectif « meilleures » ? Celles qui permettent au producteur de s’approcher le plus possible du portrait de multiperformance souhaité.

Propos recueillis par Charles Baudart
c.baudart@upterra.fr

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