Comment la recherche s’adapte-t-elle aux enjeux agricoles ?

Le programme de recherche d’Arvalis est issu des attentes des agriculteurs et des filières de grandes cultures. Les défis à relever nécessitent de travailler à toutes les échelles : exploitations agricoles, régions, France, voire Europe - ce qui se décline dans les travaux de l’institut.
Les orientations des travaux de R&D menés par Arvalis

Perspectives Agricoles : Comment le programme d’Arvalis est-il élaboré ?
François Bert : Les orientations des recherches résultent d’un dispositif d’écoute inédit qui traduit les besoins exprimés par près de 400 agriculteurs dans seize commissions d’orientation régionales, six commissions nationales de filière, une commission dédiée à l’agronomie et aux systèmes de production, et une autre à l’agriculture biologique ; un symposium annuel valide l’ensemble des propositions d’études. À ce dispositif se greffent les orientations des instances interprofessionnelles, les recommandations du conseil scientifique et l’activité de veille des équipes d’Arvalis. Les travaux répondent également à certaines dispositions du PNDAR(), à travers le contrat d’objectif des instituts techniques agricoles, et s’imprègnent des préoccupations sociétales et des enjeux territoriaux.

P. A. : Qu’est ce qui va changer dans les prochains travaux ?
F. B. : Les évolutions sont continuelles mais le programme 2021-2025, qui a pour cadre l’accompagnement des agriculteurs vers la transition agroécologique, stimule fortement l’interdisciplinarité et la transversalité dans la manière d’aborder les sujets de R&D - une nécessité pour répondre à des problématiques de plus en plus complexes, qui requièrent d’élaborer des approches systémiques et de mobiliser des compétences multiples. Dans cette perspective, conformément aux attentes de ses mandants, le nouveau programme d’Arvalis visera à développer les meilleures pratiques agricoles dans tous les territoires. Il favorisera les techniques porteuses de valeur ajoutée, satisfaisant les marchés et garantissant la sécurité alimentaire. Il s’attachera à adapter les productions agricoles au changement climatique, à réduire l'utilisation d'intrants chimiques et la consommation d'énergies fossiles. Il contribuera à favoriser et valoriser la biodiversité, ainsi qu'à développer les services environnementaux et sociaux.

P. A. : Cela implique-t-il de modifier les méthodes de travail ?
Stéphane Jézéquel : L’amplification des services écosystémiques, au bénéfice des cultures et de la société, demande d’étendre le champ d’action de l’institut, expert des interactions plantes-parcelle. Nous devons coconstruire davantage avec des partenaires techniques, scientifiques, économiques, institutionnels, sans oublier, bien sûr, les agriculteurs eux-mêmes. Cela se traduira, entre autres, par plus de collaborations avec des groupes d’agriculteurs, animés par Arvalis ou d’autres organismes, et plus d’expérimentations en grandes parcelles. Un enjeu important est aussi d’élargir notre base de références grâce aux données numériques, avec tous les partenaires qui le souhaitent, afin de combiner les données issues des essais expérimentaux avec celles, beaucoup plus diversifiées, produites par les agriculteurs et qu’il faut être en mesure de contextualiser localement.

P. A. : Pourquoi cette dimension territoriale est-elle importante ?
S. J. : Les solutions agroécologiques ne peuvent se décliner en recettes « toutes faites », elles dépendent du pédoclimat, de la structure des exploitations, des acteurs économiques et des débouchés. Les travaux de R&D doivent donc, eux aussi, être territorialisés : à partir des besoins des acteurs locaux, on détermine des combinaisons de leviers, validées par des expérimentations, puis on vérifie la manière de les appliquer avec les producteurs. D’autre part, les services écosystémiques - de biodiversité, de qualité de l’eau, etc. - sont bien plus visibles à l’échelle de grands territoires qu’à celle de l’exploitation ; cela s’applique aussi à l’économie circulaire basée sur la biomasse. Les attentes des agriculteurs vers un conseil stratégique « à la carte » et l’élaboration de scénarios d’évolution nécessitent d’apporter des réponses systémiques, tant sur le plan agronomique qu’économique, qui ne peuvent se concevoir que de manière territorialisée.

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