2022, une année record pour le bioéthanol en France

Avec une consommation presque multipliée par deux en un an et un nombre croissant de véhicules équipés, l’E85 a le vent en poupe sur le marché français.
2022, une année record pour le bioéthanol en France

Le 24 janvier dernier, la « Collective du bioéthanol »1 a dressé le bilan du marché français de ce carburant constitué à 85 % d’alcool agricole.

« En ce début d’année, les automobilistes paient 38 € de moins à chaque plein de 50 litres [par rapport à l’essence] », précise A. Landrieu, directeur de Biomotors, une société française qui commercialise des boîtiers de conversion essence-éthanol.

La filière du bioéthanol subit néanmoins l’augmentation des coûts agricoles et du prix de l’énergie, en particulier du gaz. Mais l’E85 augmente moins que l’essence, le gasoil ou le GPL. Aussi la consommation française de ce carburant a-t-elle bondi de 83 % par rapport à 2021 !

Un marché qui explose

L’E85 représente désormais, en volume, 6,5 % du marché des carburants, contre 4 % en 2021. Dans le même temps, le nombre de stations-services qui le distribuent a progressé de 20 %, tandis que le nombre de boîtiers de conversion installés sur les voitures à essence a triplé (+85 000 boîtiers). 35 000 voitures neuves équipées d’origine pour rouler à l’E85 ont été vendues en 2022, dont les deux-tiers sont des hybrides.

Des motivations économiques, écologiques voire éthiques

Les raisons de cette croissance quasi-exponentielle sont multiples : la hausse des prix des carburants pétroliers (voire leur pénurie), l’inflation qui grève le pouvoir d’achat, la restriction d’accès à certaines grandes villes pour les voitures qui n’ont pas une vignette Crit’Air ad hoc, et l’instauration prochaine des « Zones à faibles émissions-mobilité », ou encore la prise de conscience que le changement climatique est déjà là.

Selon une enquête récente, les utilisateurs d’E85 ne choisissent pas ce carburant uniquement pour des raisons économiques : ils avancent également des motivations écologiques ou éthiques. En effet, la part des énergies fossiles est très faible dans l’E85, et sa combustion comme sa fabrication émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre que les carburants fossiles2).

Quelles perspectives ?

La filière « Bioéthanol » table que l’E85 représentera 8 % des parts du marché des carburants en 2023. Elle vise 18 millions d’hectolitres de bioéthanol produits (contre 12 Mhl aujourd’hui) afin d’alimenter 5 millions de voitures à l’horizon 2035.

1 La Collective du bioéthanol a été créée en décembre 2007 par France Betteraves, Passion Céréales (aujourd’hui Intercéréales) et le Syndicat national des producteurs d’alcool agricole.

2 L’étude récente E4T 2040 de l’IFPEN pour l’ADEME montre que les émissions de GES totales d’un véhicule thermique du segment C, fonctionnant à l’E85 sont comparables à celles des véhicules 100 % électriques de même catégorie. Le rapport complet est à consulter sur
https://librairie.ademe.fr/cadic/7509/etude-energetique-economique-environnemental-transport-routier-horizon-2040.pdf

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