Réussir le stockage des pommes de terre de fécule en conditions humides

Avec le retour des pluies, le risque sanitaire doit être pris en considération pour préserver la qualité des tubercules jusqu’à la constitution des silos au champ et leurs mises en tas sous abri. Il faudra également veiller à bien démarrer la ventilation de stockage pour obtenir leur séchage rapide.

Protéger la parcelle tant que la végétation reste active

Même si les épisodes secs des dernières semaines ont parfois réduit durant quelques jours la réserve de spores présentes dans l’ambiance des parcelles, le potentiel de sporulation est toujours resté à son maximum. Il suffit d’un épisode humide de quelques heures pour réactiver le risque de contamination.

Ainsi, tant que la végétation n’est pas parvenue à maturité totale, il est important d’assurer une protection fongicide efficace à l’aide de produits antisporulants ou sporicides pour protéger les fanes et surtout, indirectement, les tubercules présents dans les buttes.

Pour rendre plus radicale cette protection fongicide de fin de campagne, on peut également procéder au défanage des restes de végétation active pour supprimer le substrat de développement du champignon. Compte tenu du risque accru d’entraînement rapide des spores de mildiou au cœur des buttes avec les pluies intenses et de la sénescence avancée constatée dans la large majorité des situations, le défanage apparaît souvent comme la meilleure sécurisation de la période de conservation à venir.

Récolter en limitant les blessures

En plus de limiter le risque de contamination des tubercules par le mildiou, le défanage chimique des parcelles non encore parvenues naturellement à maturité permet d’obtenir une désolidarisation plus aisée entre tubercules et fanes sur les chaînes des arracheuses. Cela autorise à réduire ensuite le secouage des chaînes et l’agressivité des organes de séparation pour limiter les blessures sur les tubercules. Tout endommagement constitue en effet une porte d’entrée pour les agents de pourritures fongiques (pythium, fusarium, phoma…) ou bactériennes (Erwinia…).

La sensibilisation des tubercules aux blessures est accrue par leur immaturité ou par leur importante richesse féculière, deux situations observées en fonction des variétés et des parcelles.

En plus de l’agressivité excessive des équipements, il faut apporter une attention particulière aux hauteurs de chute à chaque point de liaison de la chaîne d’arrachage et de mise en stockage.

Soigner les mises en tas au champ et sous abri

Un déterrage efficace (mais le moins agressif possible), la bonne élimination des fanes et des tubercules pourris constituent les trois principales mesures prophylactiques à prendre en compte pour favoriser une conservation de longue durée, que les tubercules soient mis en tas à l’extérieur ou sous abri.

Pour les silos extérieurs, il importe de les orienter dans le sens des vents dominants, limiter leur largeur à une remorque, égaliser leur sommet et les bâcher rapidement pour éviter leur humidification par les précipitations à venir.

Pour les tas sous abri, une répartition homogène de la tare résiduelle et une surface plane du tas autoriseront la bonne répartition de l’air ventilé grâce à un réseau de gaines adaptées au stockage des pommes de terre.

Sécher rapidement les tubercules sous abri

Dès que la mise en tas sous abri est achevée, la ventilation de séchage doit être enclenchée pour stabiliser au mieux l’état des tubercules.

Pour être efficace, le séchage s’effectue en ventilant le tas lorsque la température extérieure est inférieure à la température du tas. L’usage d’un boîtier de régulation relié à des sondes, positionnées en sommet de tas entre 60 et 80 cm de profondeur, et une sonde de température extérieure permet d’optimiser l’utilisation des créneaux d’heures disponibles. L’automatisation du déclenchement de la ventilation se fait alors habituellement dans une plage mini-maxi en définissant les écarts de température tolérés pour ventiler

Il est conseillé, dans un premier temps, de ne pas refroidir trop vite le tas en maintenant une température entre 12 et 15°C pendant une quinzaine de jours pour favoriser la bonne cicatrisation des tubercules. Si le différentiel mini peut être calé entre 1,5 et 2°C en ce moment, le maxi doit être limité à 3,5°C. Le paramétrage de l’automate nécessite d’être adapté régulièrement en fonction de l’évolution de la situation du tas et des conditions météorologiques.

Pour en savoir plus, téléchargez le Flash Info pomme de terre n°2 de la campagne 2021/22.

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