Rinçage du pulvérisateur, les étapes à ne pas négliger

En grandes cultures, le rinçage au champ est simple et peu coûteux. Au-delà de la protection des milieux, un bon rinçage permet d’éviter les phytotoxicités sur cultures suivantes ou traces de résidus incongrus sur les denrées.  Quelques conseils pour atteindre ces objectifs.  
Un mauvais rinçage engendre un risque de phytotoxicité sur la culture suivante.

Un mauvais rinçage engendre un risque de phytotoxicité sur la culture suivante.

Sécuriser les applications

Outre les exigences réglementaires, l’objectif d’un bon rinçage est d’éviter les risques de phytotoxicité des cultures suivantes et d’entretenir convenablement le matériel. Les produits et cultures à risques sont bien connus (sulfonylurées sur betteraves et colza, glyphosate sur toutes cultures...).

Les résultats historiques issus de situations à risque indiquent qu’une dilution au moins par 100 de la dose des matières actives présentes dans le pulvérisateur n’affecte pas la culture suivante. Pour parvenir à cet objectif de dilution et sécuriser les applications qui suivent le rinçage, certaines opérations ne doivent pas être oubliées. Voici donc une liste non exhaustive de points à vérifier et de zones « pièges » à éviter lors du rinçage.

Rigueur et précision sont indispensables

Rincer réglementairement son pulvérisateur n’est pas chose simple. Les caractéristiques du pulvérisateur déterminent la facilité et la qualité du rinçage. Au moment de l’achat, une vigilance toute particulière est indispensable sur le volume de fond de cuve, le volume mort diluable (pompes, circuits, tuyauterie, etc…), la facilité et l’efficacité des procédures de rinçage. Devant les contraintes réglementaires, les constructeurs s’investissent de plus en plus dans la construction de machines au rinçage facile et efficace et ne cessent de réduire les volumes morts. Par ailleurs, un bon réglage et un entretien rigoureux du pulvérisateur, ainsi qu’une précision dans la préparation des bouillies sont des moyens incontournables pour réduire les effluents de rinçage et en faciliter la gestion à moindre coût.

Le bac incorporateur : ennemi n°1 du rinçage

L’incorporateur est un outil indispensable pour remplir correctement le pulvérisateur tout en limitant les contaminations de l’opérateur. Mais la tuyauterie est souvent d’un gros diamètre. Elle contient donc un volume de bouillie très concentré qui peut contaminer une cuve entière. L’idéal est d’incorporer à l’eau claire, ce qui permet un rinçage du circuit juste après l’incorporation avant d’aller pulvériser. La plupart des constructeurs le permettent. Si ce n’est pas le cas, l’alternative est de rincer ce bac au jet d’eau pendant l’incorporation ou de ne pas oublier d’envoyer l’eau claire dans ce circuit pendant la phase de rinçage au champ. Attention aussi aux produits solides. Ils doivent obligatoirement être incorporés avec un incorporateur sec, au risque d’engendrer la formation de grumeaux, ces mêmes grumeaux pouvant ensuite se loger dans les coudes de tuyaux et être relargués dans la prochaine bouillie.

Penser aux circuits parallèles et aux filtres

Ces circuits annexes (agitation, retours de pompes…) sont plus nombreux que l’on pense. Le circuit d’agitation de la bouillie, par exemple, est coupé ou réduit en fin de cuve pour éviter la formation de mousse ou un désamorçage intempestif de la pompe. Il faut absolument penser à le remettre en circulation lors de l’opération de rinçage, sous peine de contaminer l’ensemble de la bouillie suivante. Les filtres constituent le piège par excellence. Les produits s’y accumulent et peuvent, sous l’action d’un produit phytosanitaire décapant, relarguer les matières actives dans les circuits. Une solution simple et efficace : le nettoyage quotidien des filtres, qui par ailleurs prémunit d’un bouchage des buses.

Comment bien rincer son pulvérisateur au champ ?

1. Terminez le chantier en pulvérisant jusqu’au désamorçage de la pompe.

2. Diluer le fond de cuve à l’eau claire avec au moins 5 fois le volume de fond de cuve restant via les buses de rinçage ou équivalent. La pression doit être suffisante pour nettoyer efficacement les parois internes.

3. Sans pulvériser, faire circuler ce mélange dans l’ensemble des circuits (retours en cuve, retours de pompe, circuit de brassage…)  en suivant scrupuleusement le mode opératoire du constructeur. Attention, le mode « brassage » doit être d’une dizaine de minutes minimum pour être efficace.

4. Pulvériser la dilution sur la parcelle jusqu’au désamorçage de la pompe.

5. Renouveler ces opérations avec une quantité d’eau et/ou un nombre de séquences de rinçage suffisant pour diviser la concentration de la bouillie d’un facteur 100 (cf. outil en ligne : http://oad.arvalis-infos.fr/fondcuve)

6. Nettoyer les filtres.

7. Vidanger l’ultime fond de cuve au champ à distance des zone sensibles (50 mètres des points d’eau, 100 mètres des lieux de baignade ou zones conchylicoles) une seule fois par an au même endroit ou le réutiliser dans la bouillie suivante.

Les rampes : attention aux circulations continues

Les rinçages insuffisants de rampes à circulation classique sont à l’origine des fameux « V » de phytotoxicités en début de parcelle. La circulation continue permet un rinçage et un amorçage de la rampe sans pulvériser, ce qui est un vrai avantage. Mais mal utilisée, cette option peut là encore devenir un piège en plus d’augmenter significativement le volume diluable du pulvérisateur. Le volume de bouillie contenu dans les retours de rampe constitue un contaminant potentiel de la cuve. Un des moyens d’éviter cela est de rincer sa rampe à l’eau claire et de fermer les retours de rampes avant les séquences de rinçage de la cuve. Les retours sont donc chargés d’eau claire et ne pollueront pas la cuve au prochain traitement.

Nettoyer les parois

Le dépôt de bouillie sur les parois est souvent le premier argument mis en avant quand on constate une phytotoxicité sur une parcelle. Les buses de lavage sont là pour éviter cela à deux conditions : qu’elles soient opérationnelles dans le pulvérisateur et que le temps d’utilisation soit suffisant pour qu’elles fassent leur effet. L’utilisation d’un détergeant pour nettoyer le pulvérisateur est tentant, d’autant plus que certains sont sensés « dénaturer les molécules ». Si cet argument n’a jamais été vérifié sur le plan scientifique, il convient d’être vigilant quant à leur utilisation. En effet, un décapage intensif d’un pulvérisateur usagé entraînera souvent un bouchage des filtres et des buses difficile à gérer. D’autre part, peu de produits détergeants sont autorisés sur les parcelles cultivées. En cas d’utilisation de ces détergeants, il conviendra de procéder au traitement des effluents phytosanitaires avec un procédé adapté.

Un outil en ligne pour bien rincer

Le rinçage du pulvérisateur à la parcelle requiert une attention particulière. Pour accompagner les utilisateurs dans leurs pratiques, un outil d’aide au rinçage est disponible sur oad.arvalis-infos.fr/fondcuve. Après avoir renseigné la capacité de la cuve de rinçage, le volume de fond de cuve après désamorçage de la pompe et le nombre de séquences de rinçage envisagé, l’outil évalue l’efficacité du rinçage et indique s’il est possible légalement d’épandre et/ou de vidanger le fond de cuve à la parcelle.

 

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