Limaces : une lutte de longue haleine

Chaque année à l’automne, les limaces sont à surveiller. L’évolution historique des facteurs favorisant leur présence apporte un éclairage sur les moyens de lutte à mettre en œuvre.
Limaces : une préoccupation récurrente en extension.

Les successions de conditions climatiques douces et humides et certaines pratiques culturales, comme le travail du sol simplifié ou les rotations de cultures courtes avec du colza, contribuent au développement des limaces. La nature des couverts d’interculture rentre également en ligne de compte(1). Il a été observé une forte capacité d’adaptation de ces ravageurs(2), ce qui peut rendre difficile la prévision des niveaux d’infestation. La surveillance des parcelles doit être régulière et les moyens de lutte adaptés au niveau des populations de limaces observées. L’application de granulés a comme seul objectif de protéger la culture au stade sensible. Les antilimaces ne réduisent pas les populations présentes. Pour cela, il faut engager sur plusieurs années des méthodes agronomiques, voire modifier le système de culture, pour détruire le milieu de vie des limaces.

Des spécialités commerciales en constante amélioration

Deux substances actives molluscicides sont aujourd’hui disponibles : le métaldéhyde et le phosphate ferrique*. Ces substances n’attirent pas les limaces. Pour être consommées, elles doivent être mélangées à des appâts. Les process de fabrication des granulés ont évolué ainsi que leur composition, avec comme objectif une meilleure appétence, une bonne tenue à la pluie, une absence de moisissure et une innocuité pour les animaux domestiques et sauvages. Régulièrement de nouvelles spécialités sont proposées sur le marché. Arvalis réalise des essais sur leur efficacité dont les résultats sont à retrouver dans les documents « Choisir et décider » diffusés chaque année sur www.arvalis-infos.fr, rubrique « Télécharger les résultats d’essais et préconisations ».

(*) Voir Perspectives Agricoles n°458, septembre 2018, p. 50, « Le phosphate ferrique efficace contre les limaces ».

Une préoccupation récurrente…

Selon la bibliographie, la problématique limaces est une préoccupation de longue date. Déjà en 1912, dans son ouvrage « Les ennemis des plantes cultivées », Georges Truffaut conseillait la production dans le sol de vapeurs de sulfure de carbone ou d’hydrogène sulfuré et, pour les jardins, le poudrage avec un mélange de chaux vive et d’anthracène, mais aussi le simple ramassage des limaces. L’entomologiste Alfred Balachowsky signale en 1931 des dégâts de limaces très importants sur blé et betteraves en Bretagne et dans le Bassin parisien. Dans les années 1970, l’extension des limaces serait due à la succession d’hivers doux en Europe. Le premier épisode exceptionnel de six mois de sécheresse du printemps et de l’été 1976 n’a pas fait disparaitre les limaces. Au cours de la décennie suivante, les publications mentionnent des populations de limaces en recrudescence à cause de conditions humides. En 1983, les fortes chaleurs estivales et la sécheresse jusqu’en automne ont fortement réduit les risques au semis. En 1986, le conseil de traitement passe d’une application à la levée, après les premiers dégâts, à une application préventive au semis pour protéger les graines. Les deux années pluvieuses de 1987 et 1988 ont entrainé des dégâts importants à l’automne 1988, occasionnant une pénurie d’antilimaces ; une dérogation du Ministère avait alors été accordée pour importer des produits.

… en extension depuis 30 ans

Les années 1990 sont marquées par le développement des limaces sur tout le territoire métropolitain. Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de cette situation : une succession d’hivers doux et d’été pluvieux, la multiplication des jachères, l’arrivée des variétés de colza double zéro et l’augmentation des rotations à base de colza (culture très appétente) et de céréales à paille, ainsi que l’abandon du brûlage des pailles et la simplification du travail du sol. Le printemps 2003 fut chaud et sec, suivi d’une canicule exceptionnelle en été ; ces conditions défavorables n’ont malgré tout pas eu raison des populations de limaces. Elles sont réapparues à l’automne à la faveur d’une période douce et humide. La décennie actuelle se caractérise également par la présence des limaces en lien avec les pratiques culturales : rotations courtes de céréales à paille et de colza, simplification du travail du sol jusqu’au semis direct et augmentation des couverts végétaux en interculture. Les périodes de canicule estivale courtes et tardives semblent avoir assez peu d’impact sur les limaces, déjà bien à l’abri dans le sol. Les hivers doux qui se succèdent ne permettent aucune élimination des populations.

(1) Voir Perspectives Agricoles n°459, octobre 2018, p. 11, « Les couverts végétaux au menu des limaces ».
(2) Voir Perspectives Agricoles n°447, septembre 2017, p. 18, « Des ravageurs pas si fragiles que ça ».

Evolutions réglementaires

Depuis 2018, des changements ont eu lieu concernant la gamme des molluscicides :
• un produit interdit : Axcela / Xiren à base de métaldéhyde (3 %) de Sumi Agro est interdit de commercialisation et d’utilisation depuis le 19/12/2018 ;
• des produits en cours de retrait : Limagri GR Champs et Limagri GR dose, à base de métaldéhyde (5 %), distribués par Arysta LifeScience et commercialisés jusqu’au 20/12/2018, sont utilisables jusqu’au 20/12/2019 ;
• des produits réhomologués : l’ANSES a réhomologué cet été, sur leurs principaux usages, les produits de Phyteurop suivants : Copalim SR / Semalim SR, Extralugec granulés « TECHN’O » et Genesis « TECHN’O », à base de métaldéhyde (5 %) ;
• quatre nouveautés :
• Ferrex (Frunol Delicia) à base de phosphate ferrique (2,5 %) est applicable en plein en surface à 60-66 granulés par m², soit 6 kg/ha.
• Ironmax MG (De Sangosse) à base de phosphate ferrique (3 %), appliqué à la semence (4 à 7 kg/ha).
• Gusto 3 (Adama) à base de métaldéhyde (3 %), en plein en surface à 32-90 granulés par m², soit 4 à 11,5 kg/ha.
• Metarex duo (De Sangosse) à base de métaldéhyde (1 %) et phosphate ferrique (1,62 %). Son application en plein en surface est de 18 à 30 granulés par m² soit 3 à 5 kg/ha.
• Seedmixx (Certis) à base de phosphate ferrique (3 %), à appliquer à la semence à 4 à 7 kg/ha.

Le phosphate ferrique est une substance de biocontrôle. Ferrex, Ironmax pro Ironmax MG, Sluxx HP et Seedmixx sont utilisables en agriculture biologique.

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