Export : rétropédalage sur la phosphine

La fin d’AMM de la phosphine (phosphore d’aluminium) était annoncée depuis octobre dernier par l’Anses. Mais il aura fallu attendre 2023 - et que s’enclenche le compte à rebours de la fin de son autorisation d’utilisation - pour que la décision mobilise les pouvoirs publics.

La phosphine, utilisée par fumigation, a un effet insecticide. Employée pour sécuriser la qualité des grains lors de leur transport par bateau, son utilisation est même une exigence fixée dans les cahiers des charges des principaux clients du blé français, Algérie et Maroc en tête.

Faute de données, la pratique de la fumigation n’a pas été évaluée par l’Anses, d’où cette interdiction. Mais la France, 5^e exportateur mondial de céréales, serait alors le seul exportateur au monde à interdire ce produit. 27 millions de tonnes de blé sont exportées en moyenne chaque année, qui contribuent à hauteur de 11,5 milliards d’euros à la balance commerciale. La décision priverait la filière céréalière d’un débouché représentant le quart de la production hexagonale. Les concurrents du blé français, Russie en tête, n’en demandent pas tant.

« Des décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre » a indiqué le 12 avril Olivier Becht, ministre du commerce extérieur, devant l’Assemblée nationale. « Il existe un régime juridique spécifique qui permet l’application de produits phytosanitaires sur les produits agricoles exportés, quand c’est une exigence du pays d’accueil, à partir du moment où la molécule n’est pas interdite au niveau européen », a complété le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau.