Projet French Pécan : bientôt des noix de pécan françaises

La demande intérieure pour des noix de pécan françaises est très forte. Encore faut-il que les pacaniers cultivés en France produisent assez de noix pour être rentables. Une question de mélange ad hoc de variétés à laquelle s’attelle le projet French Pécan et les agriculteurs y participant, comme Q. Guégand. Témoignage.
Quentin Guégand : « Le réchauffement climatique que l’on subit peut aussi être l’opportunité d’explorer de nouvelles cultures. »

Quentin Guégand : « Le réchauffement climatique que l’on subit peut aussi être l’opportunité d’explorer de nouvelles cultures. »

La demande nationale de noix de pécan françaises est très forte, surtout en bio. Encore faut-il que les arbres produisent assez de noix pour être rentables. Une question de bon « mix » de variétés à laquelle s’attelle le projet French Pécan et les agriculteurs qui y participent (encadré).

French Pécan1 étudie depuis 2022 l’introduction dans l’Hexagone de la culture du pacanier, Carya illinoinensis, qui produit la fameuse noix. « La demande initiale nous est parvenue d’agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine qui cherchaient à se diversifier », indique Mathieu Duflos, coordinateur du projet. « Or il y a un nouveau marché de consommateurs autour des amandes, pistaches et noix de pécan auquel nous souhaitons répondre. »

Une culture encore expérimentale

Pour l’heure, le projet déploie des expérimentations au champ afin d’acquérir des références techniques sur sa culture2. « Deux parcelles sont suivies en Auvergne –  Rhône-Alpes et en Centre –  Val-de-Loire », se réjouit Mathieu Duflos, « et deux autres sont prévues dans le Sud-Ouest. » Le projet accompagnera d’autres producteurs sous réserve de financement.

Sur ces parcelles, l’un des principaux enjeux est de tester différentes variétés et schémas de plantation pour déterminer les plus adaptés à une production française. La floraison des fleurs mâles et femelles, qui survient de façon décalée sur un même arbre et diffère d’une variété à l’autre, sera très surveillée afin d’identifier quelles variétés associer pour favoriser les pollinisations croisées, induites par le vent.

Sous réserve d’acceptation, la deuxième phase du projet débutera en janvier 2025, afin de développer un modèle économique viable3 et de structurer la filière. « En se basant sur dix ans de données espagnoles, on attend 10 à 25 kg de noix par arbre en pleine production, quand ils auront 10-15 ans », note Mathieu Duflos. « Il faut aussi concevoir des équipements adaptés au cassage des noix de pécan, plus difficile que celui des noix car le cerneau est très proche de la coque », précise-t-il.

(1) Plus d’informations sur www.agroforesterie.fr/french-pecan.
(2) Le projet a édité une fiche technique PDF : https://arvalis.info/2w2.
(3) Le prix des noix de pécan dépend de leur calibre et de leur qualité : en moyenne, 10-15 €/kg en coques, 20-25 €/kg en cerneaux, et plus de 25 €/kg en bio.

Des arbres au milieu des grandes cultures

La vision des houppiers de jeunes pacaniers au-dessus des tournesols est saisissante. À l’autre bout du premier rang, que délimite une bande enherbée, Quentin Guégand s’approche lentement en rajoutant des liens de tuteurage aux arbres, plantés il y a 2 ans. « Avec la météo douce et pluvieuse de la dernière campagne, les plus vigoureux ont pris entre 1 m et 1 m 50. J’ai pu réaliser les premières tailles de formation », observe ce jeune céréalier installé à Nangeville (45), engagé depuis 2023 dans le projet French Pécan. « Avec la fréquence croissante des étés et automnes chauds et secs, cette espèce qui y est résistante m’a semblé une bonne culture de diversification à essayer. »

« Le plus difficile a été de composer la parcelle - en recherchant le bon équilibre entre grandes cultures et pacaniers, puis entre variétés productives suffisamment précoces et variétés supposées pollinisatrices, et enfin d’anticiper son évolution », se rappelle-t-il. D’où ce système agroforestier : sur 15,5 ha, deux vergers d’environ 75 m de large ont été créés, encadrés ou séparés par 72 m de grandes cultures ; dans chaque verger, 5 rangs de pacaniers, avec 10 m entre arbres sur le rang et 15 m entre rangs. Un hectare est dédié aux bandes enherbées. « Cela laisse aujourd’hui 12 m pour cultiver entre les rangs, » précise Quentin Guégand, « mais à terme l’inter-rang se refermera. »

L’association des pacaniers et des grandes cultures sur une même parcelle permet de maintenir une certaine viabilité économique sur celle-ci les premières années.

On suppose que l’espèce n’a pas encore de ravageurs, mais il faut s’en assurer : « Pour l’instant, nos jeunes pacaniers doivent être protégés seulement des herbivores. Mais j’envoie régulièrement à la SENuRA des photos des insectes qui se posent sur les arbres. ». Les jeunes arbres ont par ailleurs besoin d’être irrigués. « Plus tard, ils auront aussi besoin d’un appoint d’eau de mai à septembre, pour optimiser la production - mais de combien  : plus ou moins qu’un maïs ? Ça reste à découvrir ! »

 

 

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