Fusariose des épis : le volume de bouillie, un facteur déterminant
Une série d’essais a déterminé comment améliorer l’efficacité des traitements contre la fusariose des épis en agissant sur les facteurs techniques de la pulvérisation que sont le volume de bouillie pulvérisé et le matériel utilisé.

Les traitements contre la fusariose des épis nécessitent de couvrir le plus possible l’épi de blé. Cet organe vertical est, par nature, difficile à couvrir par une pulvérisation avec une rampe horizontale. Afin d’augmenter la couverture, les buses à double fente sont apparues sur le marché il y a une dizaine d’années. Testées dès leur arrivée par Arvalis, elles ont, jusqu’ici, apporté peu d’avantages par rapport aux buses à simple fente en matière d’efficacité de protection, même s’il a été démontré qu’elles augmentaient la couverture des épis. En revanche, il est apparu que le volume de bouillie était un facteur clé dans la protection fongicide, quel que soit le type de buse.
Des références historiques à mettre à jour
De 2006 à 2009, Arvalis a mis au point une série de tests visant à évaluer l’influence du volume de bouillie et du type de buses sur l’efficacité des traitements contre la fusariose (voir Perspectives Agricoles n° 355, avril 2009). Plusieurs buses ont été testées parmi lesquelles des buses à fente classique et à injection d’air, à simple fente ou à double fente. Quel que soit le modèle de buse testé, les doubles fentes émettaient des jets symétriques à 30° vers l’avant de la rampe et 30° vers l’arrière. Toutes ces buses ont été testées avec des volumes de bouillie allant de 80 l/ha à 250 l/ha. Le résultat du traitement a été mesuré par l’efficacité de protection, en comptabilisant le pourcentage d’épillets fusariés par épi, et par le rendement du blé à 15 % d’humidité.
En moyenne, sur les trois années d’études, il a été démontré que même si les buses à double fente couvraient davantage l’épi, aucun lien n’a été établi entre le type de buses et une amélioration potentielle de l’efficacité de protection. En parallèle, quel que soit le type de buse testé, plus le volume de bouillie est élevé et plus la protection est efficace. Le volume de 150 l/ ha a été identifié comme étant un volume « charnière » en dessous duquel l’efficacité est impactée.
De nouveaux modèles de buses à jets asymétriques sont apparus dernièrement, notamment les modèles AI3070 du fabricant Teejet, IDTA du constructeur Lechler et TurboDrop HIspeed du fabricant Agrotop (tableau 1). Dans ces buses, le jet le plus incliné vers l’horizontale est destiné à cibler l’épi. Il convenait donc de réévaluer ces nouveaux modèles tout en validant une nouvelle fois l’influence du volume de bouillie, ainsi que l’effet d’un adjuvant rétenteur sur l’efficacité du traitement.
Deux années d’évaluation
En 2015 et 2016, de nouveaux essais ont donc été mis en place pour comparer l’efficacité de la protection obtenue avec du Prosaro dosé à 0,8 l/ ha, additionné ou non de l’adjuvant Sticman à 0,1 % du volume de bouillie. L’adjuvant a été choisi pour sa fonction principale (rétenteur) et son homologation sur fongicides. La bouillie a été appliquée à raison de 50 ou 150 l/ha, à l’aide de trois types de buses : à simple fente classique (XR de Teejet), double fente symétrique à injection d’air (CVI de Albuz) et double fente asymétrique à injection d’air (AI3070 de Teejet).
L’efficacité de la protection, là encore, a été évaluée en comptant la proportion d’épillets fusariés et en déterminant le rendement du blé à 15 % d’humidité.
En 2015, la nuisibilité de la maladie a été faible, avec 31 % d’épillets fusariés dans le témoin non traité contre 23 % dans les modalités traitées.
Cette faible pression de maladie n’a pas permis de dégager de différence significative entre les modalités étudiées. La maladie a, de plus, très peu impacté le rendement puisque la différence entre le témoin non traité et les modalités n’était que de 6 quintaux par hectare. 2016 a, en revanche, permis de dégager des tendances fortes grâce à une plus grande nuisibilité, avec 62 % d’épillets fusariés dans le témoin contre 27 % dans les modalités traitées.
D’abord le volume…. puis les buses
En 2016, le volume de bouillie et le type de buse impactent significativement le pourcentage d’épillets fusariés (figure 1). Quel que soit le type de buse, avec les traitements à 50 l/ha, il y a significativement plus d’épillets fusariés qu’avec les traitements réalisés à 150 l/ha : respectivement 29 % et 25 %. Concernant l’influence du type de buse, on décompte significativement moins d’épillets fusariés avec la buse AI3070 qu’avec la buse CVI Twin (respectivement 25 % contre 29 %). La buse XR présente une efficacité moyenne de 27 % par rapport aux deux autres buses. L’adjuvant n’a eu, quant à lui, aucun effet significatif sur le pourcentage d’épillets fusariés.
La forte pression de maladie en 2016 s’est répercutée sur le rendement, avec un écart moyen de 15,6 q/ha entre les modalités traitées et non traitées. On retrouve l’effet positif du volume élevé sur le rendement ; en effet, on observe une différence de rendement significative entre les traitements à 50 l/ha et ceux réalisés à 150 l/ha : 2 q/ha sont gagnés en passant à 150 l/ha de bouillie (figure 2). En revanche, on ne trouve pas de différence significative de rendement en variant le type des buses.
Le fait que le type de buse ait un effet sur le pourcentage d’épillets fusariés corrobore des résultats antérieurs où il était démontré que les buses double fente favorisent une meilleure couverture de l’épi par rapport à une buse simple fente.
La différence d’efficacité observée entre les buses AI3070 et CVI Twin pourrait s’expliquer par l’asymétrie des jets de l’AI3070, mais cela reste à confirmer.
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