Identifier les variétés résistant mieux aux aléas du climat

Le projet PHEDRE  étudie la dynamique du remplissage du grain de blé tendre. Jean-Charles Deswarte, spécialiste en écophysiologie du blé tendre chez Arvalis, en présente les premiers résultats.
Jean-Charles Deswarte : " En étudiant le facteur variétal, à environnement constant, on constate des différences sur la durée du remplissage des grains

Perspectives Agricoles : Pourquoi s’intéresser au remplissage du grain ?
Jean-Charles Deswarte :
On retient généralement que la maturité physiologique d’un blé tendre, c’est-à-dire le moment où les grains cessent de se remplir, est atteinte 780 degrés-jours après l’épiaison. Mais cette valeur théorique et moyenne ne tient compte ni de l’effet de l’environnement (stress hydrique ou azoté), ni de l’effet de la génétique, ni des interactions entre ces deux facteurs. Au travers du projet PHEDRE (1), nous avons tenté d’objectiver l’effet de l’environnement en modélisant, à variété constante, les dynamiques du poids des grains pendant la phase de remplissage. Ce jeu de données nous a déjà permis d’observer des dynamiques de remplissage différentes.

P. A. : En quoi cette observation est-elle importante ?
J.-C. D :
Dans certaines situations, le remplissage s’arrête un peu avant 700 degrés-jours post-épiaison. Dans d’autres, il faut atteindre 850 degrés-jours. Ce différentiel causé par des effets environnementaux (sécheresse, chaleur, rayonnement) correspond quasiment à une semaine de durée de croissance ! Ceci a été observé en 2022, dans un contexte de canicule, avec des conséquences moins prononcées qu’escompté.

P. A. : Les dynamiques de sénescence varient elles selon les variétés ?
J.-C. D :
En étudiant le facteur variétal, à environnement constant, on constate des différences sur la durée du remplissage des grains ; mais ce type de mesure est très fastidieux à réaliser, donc on tente de l’approcher à travers une observation fine du feuillage. Sur les trente variétés modernes étudiées en 2021, nous distinguons des variétés dont les sénescences sont précoces et rapides, et d’autres avec des sénescences précoces et lentes. Et ce classement tend à se maintenir à travers des environnements contrastés. Cependant, aucune corrélation génétique forte entre sénescence et remplissage n’a été mise en évidence jusqu’à maintenant. Il semble donc encore prématuré de caractériser la dynamique des grains via celle du feuillage.

En 2022, nous avons suivi le remplissage des grains et la sénescence de six variétés sur trois sites d’essais, à Pusignan (69), Villers-Saint-Christophe (02) et Thizay (36). Les résultats sont en cours d’analyse mais vu les conditions extrêmes de l’année, ils devraient apporter des éléments intéressants. À Pusignan, les rendements finaux varient du simple au double entre une situation pluviale et irriguée, et les dynamiques de remplissage n’ont rien à voir. En 2023, ces essais seront reconduits sur quatre sites en France (Thizay, Pusignan, Villers Saint Christophe, Villiers le Bâcle) pour mieux cerner ces différences.

(1) Le projet PHEDRE (PHEnotypage de la Durée de REmplissage des grains) est financé par le Fonds de soutien à l’obtention végétale (FSOV) pour la période 2020-2025 ; il regroupe Arvalis, l’INRAE, Asur Plant Breeding, BASF, DSV, KWS-Momont, Lemaire-Deffontaines, Lidea, Limagrain, Secobra Recherches et Unisigma.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.